L’éloquence, cela s’apprend ! Interview de Tom Michel

Le 21 mai 2019 se tient la finale du concours international d’éloquence organisé par l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en partenariat avec la Fondation Voltaire, l’Agence universitaire de la francophonie et TV5 Monde. Rencontre avec Tom Michel, lauréat du grand prix et du prix du public 2018, et membre du jury de l’édition 2019.

Tom Michel, vous avez remporté l’an dernier le premier prix ainsi que le prix du public. Quel souvenir gardez-vous de votre participation ? Est-ce que ce prix a eu un impact sur votre vie d’étudiant et, de manière plus générale, sur votre vie professionnelle ?

Quel frisson que de plaider sous la coupole du Panthéon ! Ce lieu très impressionnant nous donne envie de nous dépasser, de ne pas décevoir les grands personnages de la nation enterrés ici. Au moment de m’élancer dans mon discours, je me suis tout de suite senti porté par cette volonté de rendre hommage à la langue française dans un lieu si grandiose. Ce concours est prestigieux, déjà très reconnu. J’ai tout de suite remarqué la différence avec les autres concours auxquels j’ai pu participer. Pas seulement destiné aux étudiants en droit, ce concours est proposé à toutes les filières de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et son ouverture internationale à toute la francophonie lui donne une identité singulière.

Remporter à la fois le grand prix et le prix du public a bien sûr orienté positivement mes recherches professionnelles. Ce concours international d’éloquence m’a ouvert les portes de cabinets d’avocats pour mes recherches de stage et m’a permis de valoriser ma candidature face à celles d’autres étudiants en droit. Cela m’a offert une visibilité que les autres étudiants en droit n’ont pas.

En outre, cet événement m’a donné envie de lancer une start-up, « Traits d’esprit », créée avec un ami il y a moins d’un an. Nous apportons un conseil en expression aux étudiants de grandes écoles telles que l’Essec ou l’Ensae. L’éloquence, l’art oratoire, la prise de parole en public facilitent l’accès à des postes à responsabilité et accélèrent les carrières.

Quels sont pour vous les enjeux d’une bonne maîtrise de la langue française et d’une bonne expression ? Pensez-vous que l’éloquence soit encore réservée à l’élite ?

Nous sommes dans une époque de réappropriation de la parole. Via les réseaux sociaux, les médias audiovisuels, tout le monde souhaite s’exprimer, mais tout le monde ne sait pas le faire de manière claire et efficace. D’ailleurs, dans tous les grands mouvements politiques, par exemple, ce sont les grands orateurs qui émergent, qui sont écoutés, et donc qui parlent pour les autres.

L’éloquence est à la mode et je m’en réjouis. L’augmentation du nombre d’associations et de concours d’éloquence en est la preuve et le succès des films, documentaires ou émissions comme « Le Brio », « À voix haute  » ou « Le Grand Oral » sur France 2 démocratise cette pratique historiquement réservée à l’élite, et encourage les talents. Et c’est une chance, car l’éloquence et en premier lieu la maîtrise de l’expression permettent de s’émanciper, de se faire comprendre, d’avoir une influence sur les gens, de gagner sa liberté. On a beau avoir une conviction, si on ne peut pas l’exprimer clairement, elle n’aura que peu d’impact.

Est-ce que l’éloquence s’apprend ? Quels conseils pouvez-vous donner aux finalistes de cette nouvelle édition ?

Être éloquent, cela s’apprend en effet ! Dans des associations, à l’université, dans les écoles. Certains ont des prédispositions à l’art oratoire, mais l’éloquence exige beaucoup de travail. Dans le cadre de mon entreprise, je suis en train d’écrire un livre intitulé « Lire pour parler » car je pense que la lecture est un élément essentiel de cet apprentissage. Il faut lire. Beaucoup. Lire les ouvrages classiques, bien sûr, mais aussi du contemporain, de la philosophie, etc. Plus on lit, mieux on maîtrise notre langue.

Je pourrais donner 3 conseils aux finalistes de cette année :

– Sur la forme, installez un grand silence avant de commencer, pour créer une attente. Ainsi, on sent un léger frémissement dans l’assistance et le public est plus marqué par votre première phrase.
– Sur le fond, ne négligez pas l’humour. L’humour est une intelligence commune, il crée une connivence avec le public.
– Et surtout, pensez au public lorsque vous écrivez votre discours. Mettez-vous à sa place, décentrez-vous pour qu’il soit convaincu, ému, séduit.

J’ai l’honneur de faire partie du jury cette année et, parmi les critères de sélection, c’est l’humour qui me tient particulièrement à cœur. Je serai aussi très attentif à ce que chaque orateur pourra nous révéler de sa personnalité à travers son discours, pour qu’on ait envie de soulever le voile, de faire sa connaissance.

Je souhaite bonne chance à tous les candidats et que le plus éloquent gagne !

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