Consonnes finales muettes : d’où viennent-elles, à quoi servent-elles ? (suite)

Voici la suite de notre premier billet sur les coLettresnsonnes finales muettes, à l’origine de nombreuses fautes d’orthographe. Rien d’étonnant à cela, puisqu’on ne les entend pas. De plus, elles n’ont pas toujours été là… Si certaines découlent directement de la racine latine, d’autres ont été ajoutées plus tard, par « relatinisation ». Et si, pour y voir un peu plus clair, l’on se penchait sur l’histoire de cinq noms à la terminaison particulièrement… « discrète » ?

choix

D’origine picarde, le nom choix s’est d’abord écrit quois, cois puis chois ! Son sens a également évolué. En ancien français, choisir, d’origine germanique, signifiait « distinguer par la vue ». C’est au XIVe siècle qu’il gagne le sens d’élire, c’est-à-dire « prendre de préférence ». Résultat : choisir a fini par remplacer élire, ce dernier étant désormais réservé à la politique (élire un candidat) ou à la poésie (l’élu de mon cœur).

marc

Le marc est dérivé de « marcher », pris au sens de « fouler, piétiner, écraser ». Le mot désigne le résidu de fruit, d’herbe ou de toute autre substance qu’on a pressurée ou infusée pour en retirer le suc. C’est au XVIIIe siècle que l’expression « marc de café » est apparue dans le vocabulaire des arts divinatoires. Certains voyants interprètent les images qui se forment au fond de la tasse, une fois le résidu séché.

N.B. Le « c » de « marc » est muet, ce qui le distingue du prénom Marc, bien que ce dernier se prononce [mar] dans « Saint-Marc », s’agissant de la place vénitienne et de la marque de lessive.

riz

En ancien français, riz s’écrivait ris, en référence à son origine italienne riso (qui a donné risotto). C’est l’explorateur italien Marco Polo qui, au XIIIe siècle, attesta le nom de cette plante dont on consomme les graines. Mais d’où vient ce « z » ? Riso étant issu du latin oryza, ris est devenu « riz » par relatinisation. De cette manière, on le distingue du « ris », glande située à l’entrée de la poitrine du veau ou de l’agneau, très appréciée des gourmets.

secours

N’est-on pas tenté d’omettre le dernier « s » à secours sous prétexte qu’il ne se prononce pas et qu’il est absent du verbe « secourir » ? Si, par le passé, le nom s’est écrit socors et secors, le « s » a toujours été là ! Il vient de la racine latine seccursum qui a donné « succursale », établissement subordonné à un autre (généralement le siège central) afin de le seconder. Voici un moyen mnémotechnique pour retenir le « s » final de secours : « Je cours à ton secours ! ».

velours

D’où vient le « s » de velours ? Du latin villosus qui signifie « velu ». En effet, le velours est formé de poils très serrés et dressés. La racine latine est presque intacte dans l’espagnol velloso et dans l’italien villoso. En français, le nom s’est d’abord écrit velos, velous et veloux : il n’est devenu « velours » que par l’ajout d’un « r » final, sans doute pour éloigner ce tissu, réputé par sa douceur, de son ancêtre « velu ».

Sandrine Campese

Crédit photo : Grazia

 

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Pourquoi la langue française est-elle truffée d’« S » muet au bout de ses nom et de ses adjectif ? Ce n’est pas très esthétique. C’est fastidieux à taper sur des clavier ou des tablette. Ne serait-il pas plus simple d’ignorer cette règle bizarre venu du fond des âge qui ne semble résister que par habitude

    Bonjour Jacques, comme indiqué dans l’article, ces « s » muets sont hérités de l’étymologie. Et encore ! On en a déjà supprimé un grand nombre, remplacés par un accent circonflexe sur la voyelle précédente (forest –> forêt, etc.) Certain(e)s y sont attachés, d’autres les déplorent, c’est ainsi ! Bon après-midi.

Article  » marc de café  » : … substance qu’on a pressurisée … non ! PRESSUREE
Pressuriser se dit par exemple pour les cabines d’avion ou bien les chambres isobares (régler, contrôler la pression atmosphérique intérieure)