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Dinde, nombril, tante… Ces mots agglutinés qui ont gagné une lettre !

Quel est le point commun entre les noms « dinde », « tante » et « nombril » ? À première vue, aucun ! Et pourtant, au fil du temps, tous ont gagné une lettre, généralement issue du mot précédent. Étonnant, n’est-ce pas ? D’autant qu’on ne saurait le soupçonner ! Voici huit mots formés par « agglutination », que l’on dit également « agglutinés ».

ALAISE : LA + LAISE

Vous connaissez l’alaise, cette protection en tissu imperméable que l’on place sur le matelas pour le protéger ?

Mais savez-vous que ce mot est formé à partir d’une agglutination ? Celle de l’article « la » et du nom « laize » (ou « laise »), qui signifie « largeur » (du latin latus).

Dans « la laise », le « a » de l’article défini « la » est passé en tête du nom « laise », laissant place à l’article élidé « l’ », ce qui a donné… « l’alaise » et ce, dès l’ancien français !

À noter qu’il existe une variante orthographique de ce nom : « alèse ».

DINDE : D’ + INDE

Avant, pour nommer cet oiseau domestique originaire du Mexique (dans les Indes occidentales), on disait un « coq d’Inde » pour le mâle, une « poule d’Inde » pour la femelle, des « poulets d’Inde » pour leurs petits.

Par la suite, ces mots sont devenus familiers et, certainement pour gagner du temps, on a supprimé les noms « coq », « poule » et « poulet », tout en agglutinant la préposition « d’ » au nom « Inde », ce qui a donné « dinde », celle-là même que l’on mange à Noël !

Enfin, sur « dinde » ont été formés « dindon » et son diminutif « dindonneau ».

DUPE : D’ + HUPPE

Au commencement de cette histoire de dupe, l’oiseau nommé « huppe » (du latin (h)upupa) qui, dans l’esprit populaire, passait pour être niais, stupide (le pauvre !). Était-ce uniquement en raison de son aspect ? Se laissait-il facilement avoir, attraper par des leurres ?

Toujours est-il qu’on a transposé le nom de l’oiseau à une personne que l’on trompe sans qu’elle en ait le moindre soupçon. Voilà pour le glissement de sens. Et pour la formation du mot ?

Dans l’Ouest de la France, notamment, on utilisait le nom comme complément dans des expressions : « … de huppe ». La formule « de huppe » s’est agglutinée en « d’huppe », puis en « duppe », et enfin en « dupe » pour désigner une personne facile à tromper, autrement dit… un pigeon ! Que de noms d’oiseaux !

Le saviez-vous ? Le nom « dupe » est toujours féminin, même pour désigner un homme (Il a été la dupe d’un associé indélicat).

À noter que la huppe désigne aussi la touffe de plumes que certains oiseaux ont sur la tête. « Huppé(e) » et « houppette » sont de la même famille.

LIERRE : L’ + IERRE

À l’origine du nom lierre, le latin hedera. Comme vous pouvez le constater, nul « l » dans cette affaire ! Entre le Xe et le XIIIe siècle, hedera est devenu, en français, edre, ierre puis hyerre.

Et comment est-on arrivé au « lierre », cette plante « sempervirente » (c’est-à-dire toujours verte), rampante ou grimpante ?

Par agglutination de l’article élidé, évidemment ! « L’ierre » ou « l’hyerre » est devenu « lierre », et il a fallu ajouter un nouvel article « le » pour le définir, puisque le premier avait été englouti dans le mot.

NOMBRIL :  N + OMBRIL

Cette agglutination ne date pas d’hier, puisque l’on écrivait déjà nombril en ancien français et nomblil en moyen français.

Nomblil… Le mot fait penser à « ombilic », n’est-ce pas ?

Et pour cause : c’est bien sur « ombilic » (du latin umbilicus) que l’on a formé « ombril ». D’ailleurs, « ombilic » n’est autre que le nom savant de « nombril » !

Mais comment est-on passé de « ombril » à « nombril » ? À force de dire « un ombril » en faisant la liaison entre le « n » de l’article indéfini « un » et le « o » de « ombril », on a fini par conformer la graphie à la prononciation en écrivant : « un nombril » !

Voilà comment est né notre « nombril », cette cicatrice présente au centre de notre ventre (et de celui des mammifères) à l’endroit où le « cordon ombilical » a été sectionné.

TANTE : T + ANTE

Rien à voir, avec « Ant-Man », l’homme fourmi !

À l’origine de ce nom, le latin amita, lequel a donné « ante » en français. Un « t » dans amita, que l’on retrouve dans « ante » : le compte est bon. Mais alors, d’où vient le « t » initial ?

Vraisemblablement d’une liaison, celle de « grand’ante », qui se prononçait « gran-t-ante ». Le « t » sonore de « grant » a fini par changer d’hôte, pour se retrouver à la tête de « ante », donnant… « tante ». 

Le célèbre lexicographe du XIXe siècle, Émile Littré, ne se montre pas tendre avec la formation de ce mot, qu’il qualifie de « monstruosité linguistique » ! Pourtant, plus personne ne s’en émeut aujourd’hui…

Le saviez-vous ? Il existe un adjectif signifiant « qui appartient, qui a rapport à l’oncle ou à la tante », il s’agit du mot « avunculaire » (que l’on prononce [avonculaire]).

Et les noms de ville ?

LILLE : L’ + ÎLE

En ancien français, « Lille » s’écrivait « L’isle » ! C’est cette graphie qui est attestée dans les archives dès le XIe siècle. Or, « isle » est l’ancienne graphie de « île ».

Pourtant, Lille n’est pas une île, cela se saurait…

Et pourtant si… enfin presque ! Par le passé, le territoire que la ville occupait à cette époque était entouré de zones très humides et marécageuses, ce qui a conduit à l’installation de canaux et de ponts (d’où la rue des Ponts-de-Comines). Certes, on est loin de l’île paradisiaque aux eaux  turquoise…

Néanmoins, à la lumière de cette étymologie, la fameuse blague « On part à Lille, Maurice ! » prend enfin tout son sens.

LORIENT : L’ + ORIENT

Comme Lille, Lorient est le fruit d’une agglutination de l’article élidé « l’ » et du nom « orient ».

Mais quel lien entre Lorient et l’Orient ? Un bateau ! Plus exactement le « Soleil d’Orient », un navire construit en 1669 dans les chantiers de la Compagnie française des Indes orientales.  Le chantier où le navire avait été construit a fini par prendre le nom du bateau, sous la forme abrégée « L’Orient ».

C’est ce lieu qui est devenu « Lorient », attesté sous cette forme l’année suivante.

À lire également sur notre blog : Bonjour, naguère, pourboire, bonhomme : ces mots agglutinés ont tant à nous dire !

Sandrine Campese

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Bonjour Madame ou Monsieur,
« cette cicatrice présente au centre de notre ventre (et de celui des mammifères) à l’endroit où le « cordon ombilical » a été sectionné », c’est faux car le cordon ombilical se détache spontanément du ventre pour une raison physique (changement de pression de circulation du sang qui l’asphyxie et le fait se ratatiner) au bout d’un certain nombre de jours après la naissance.
Merci pour votre attention. Bien à vous,

merci beaucoup, j’ai passé presque tout le matin lirant(?) ainsi que etudiant les explications/comentaires cidessus. je l’ais trouves très très interessantes!!

    Bonjour gerardo-jose, merci pour votre message, auquel je me permets d’apporter quelques petites corrections : « J’ai passé presque toute la matinée à lire et à étudier les explications et commentaires ci-dessus. Je les ai trouvés très intéressants ! » Bonne journée.