Wasabi, kimono, saké… Que savez-vous sur ces japonismes (1/3) ?

La langue française fourmille de mots d’origine anglaise, italienne ou encore arabe. Mais elle compte également une centaine de « japonismes », en raison de l’engouement, depuis deux ou trois décennies, pour la culture nippone sous toutes ses formes (gastronomie, sport, littérature…). Si certains mots japonais sont passés tels quels en français, d’autres ont subi de petites modifications. Voici quelques exemples.

Wasabi

Le wasabi, également appelé « raifort japonais », est une pâte piquante et parfumée, de couleur vert clair, avec laquelle on peut déguster les sushis.

Ce mot japonais se traduit par « rose trémière* de montagne ».

Les Japonais prononcent « wassabi », mais en France, en raison du « s » placé entre deux voyelles, nous disons « wazabi ».

* variété de guimauve à très haute tige, bisannuelle, très décorative.

Tsunami      

Sachant que les tsunamis touchent essentiellement les côtes nippones, on comprend pourquoi les Japonais ont créé ce mot. Dans tsunami, il y a nami qui signifie « vague » et tsu qui veut dire « port » ou « rade ». Littéralement, donc, un tsunami est une simple « vague portuaire ».

Dans les faits, c’est une onde océanique engendrée par un choc violent en haute mer (séisme, éruption volcanique…), provoquant d’énormes vagues côtières. Beaucoup plus dévastateur que l’étymologie ne le laissait croire !

Tsunami ou raz-de-marée ? Un tsunami provoque toujours un raz-de-marée, mais un raz-de-marée n’est pas forcément un tsunami, car il peut être déclenché par une onde de tempête, à la suite de l’action violente du vent.

Kamikaze

Voici un japonisme à l’étymologie fort intéressante. « Kamikaze » peut être traduit par « vent divin ». En effet, ce nom réunit kami, « la divinité », et kaze, « le vent ».

D’ailleurs, si l’on avait voulu respecter la prononciation d’origine, on aurait, en français, accentué le « e » final : « kamikazé », car c’est ainsi que disent les Japonais.

Le kamikaze fait pleinement partie de l’histoire japonaise, puisque le nom a d’abord désigné un avion-suicide, piloté par un volontaire, au Japon, en 1944-1945, puis le volontaire lui-même.

Konbini

C’est un mot-valise, formé sur l’anglais convenience (store), que l’on pourrait traduire par « magasin de commodités ». En effet, au Japon, un konbini est une supérette de proximité ouverte 24 h sur 24. C’est un élément à part entière du paysage urbain japonais et même de la culture japonaise.

Sachant qu’il n’existe pas (encore !) de « konbini » à proprement parler en France, le mot ne figure pas dans nos dictionnaires. Néanmoins, il est connu grâce à un média en ligne français nommé… Konbini !

Judo et karaté

Tous les judokas et les karatékas sont censés connaître la signification, en français, du nom de leur art martial !

Dans « judo », on reconnaît do qui signifie « chemin, voie ». Quant à ju, on peut le traduire par « souplesse ». Le judo est donc « la voie de la souplesse ». En effet, au judo, le souple est censé pouvoir vaincre le fort !

Et le karaté, alors ? Dans karate, il y a le nom te qui désigne la main. Quant à kara, c’est le « vide ». Littéralement karate veut dire « main vide » (c’est-à-dire « à mains nues »). Mais il manque quelque chose : le « do » signifiant « voie » ! Pour être précis, on devrait donc dire karate-do, « la voie de la main vide ».

Notons que c’est le même kara (vide) qui compose le nom japonais karaoke, où oke désigne l’orchestration. En français, on écrit « un karaoké, des karaokés ».

Kimono

Qui dit judo ou karaté dit… kimono. Oui… mais non !

Au Japon, un kimono n’est pas un équipement sportif, c’est un vêtement tout court ! D’ailleurs, c’est bien ce qu’indique l’étymologie : ki est l’abréviation de kiru, « porter (un vêtement) », et mono signifie « chose, objet ». Le kimono est donc littéralement « une chose que l’on porte sur soi ».

Plus précisément, le kimono est une tunique à manches croisée devant et maintenue par une large ceinture. Il existe de magnifiques kimonos de soie brodée.

Quant au « kimono » de judo ou de karaté, c’est une acception française. Les Japonais, eux, disent judogi ou karategi en ce sens, où gi désigne le vêtement.

Hara-kiri

Étymologiquement, hara kiri signifie « ouverture (kiri) du ventre (hara) ». En effet, l’expression désigne un « mode de suicide particulièrement honorable, au Japon, consistant à s’ouvrir le ventre ». Dans le même sens, on utilise aussi seppuku, d’origine chinoise.

Hara kiri s’emploie à la fois comme nom (un hara-kiri, des hara-kiris) et dans la locution verbale « se faire hara-kiri» (se suicider, se sacrifier).

Bento

Le bento est, au Japon, un repas traditionnel disposé dans une boîte compartimentée, mais aussi le coffret en lui-même. En France, depuis quelques années, ce « déjeuner portatif » a la cote, en témoignent les nombreuses « boîtes à bento », colorées et décorées, proposées à la vente.

À noter qu’en japonais, le « o » de bento est long – bento-o – sonorité que nous ne possédons pas en français.

Tofu

Le tofu est un « pâté de soja » selon le Petit Robert et un « fromage de soja » selon le Petit Larousse (sans doute parce qu’il est fabriqué par fermentation).

À noter que les deux dictionnaires ne sont pas non plus d’accord sur la prononciation ! Le Petit Robert indique « tofou », Larousse indique « tofu ». Et les Japonais alors, que disent-ils ? Plutôt « tofu », le « u » japonais se situant entre le « ou » et le « eu ».

Saké

Pour nous, le saké est une boisson alcoolisée, très typique de la culture japonaise. C’est précisément un alcool de riz obtenu par fermentation, comme la bière.

Mais au Japon, sake (ou osake avec la particule honorifique) signifie « alcool » au sens large. C’est pourquoi les Japonais utilisent plutôt le terme nihonshu, « alcool du Japon », pour désigner le saké.

Il est intéressant de noter que le mot a été accentué en passant en français, cela afin de conserver la prononciation japonaise, à l’instar de « karaoké », mais à la différence de « kamikaze », qui a échappé à l’accentuation !

Sandrine Campese

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Kamikaze (??, litt. « vent divin ») désigne en japonais le typhon qui aurait sauvé le Japon lors des invasions mongoles du Japon sous l’Empire mongol de Kubilai Khan, qui gouvernait la dynastie Yuan en Chine. Ces événements auraient eu lieu en novembre 1274 et en août 1281.

Par extension, ce terme fut employé par l’état-major japonais durant la Guerre du Pacifique (1941-1945) pour désigner les pilotes d’avions suicides.

Wikipedia

Aussi, lu dans Chronique japonaise, de Nicolas Bouvier.
https://pasiondelalectura.wordpress.com/2015/08/13/chronique-japonaise-de-nicolas-bouvier/

    Bonjour Sxilderik, merci pour vos précisions ! Nous étions volontairement allés à l’essentiel, sachant que d’autres mots sont traités dans l’article. Bonne journée.