L’Espion aux pattes de velours, La colline a des yeux, L’aventure, c’est l’aventure… Ces titres de films qui ont du style ! (2/2)

À l’occasion de la 75e édition du Festival de Cannes, nous poursuivons notre inventaire des titres de films qui reposent sur une figure de style. Loin des exemples classiques, ils nous montrent à quel point les subtilités de la langue française se nichent partout, jusque dans les salles obscures. Ouvrez l’œil !

L’Espion aux pattes de velours : la périphrase

La périphrase est une figure de style qui définit un nom par une expression le désignant. En général, elle permet de donner de la force au propos, notamment en attirant l’attention sur un détail significatif.

L’Espion aux pattes de velours est une périphrase bien plus éloquente que le titre original That Darn Cat ! (Ce sacré chat !), qui pourrait s’appliquer à n’importe quel minou ayant fait une bêtise. Alors que, dans le film, il est question d’un chat siamois qui aide à élucider une affaire de séquestration.

Ça va pas être triste : la litote

La litote consiste à dire moins pour suggérer plus. Le verbe est souvent à la forme négative. Comme pour l’antiphrase, c’est le contexte et l’intonation qui permettent de saisir toute l’ironie du propos.

Nous utilisons dans nos conversations quotidiennes de nombreuses litotes qui entrent dans la composition de titres de films, comme Ça va pas être triste, avec Daniel Russo et Darry Cowl, qui annonce une situation amusante ou cocasse.

La litote la plus connue nous vient du théâtre. Il s’agit de la fameuse réplique de Chimène à Rodrigue dans Le Cid de Corneille : « Va, je ne te hais point » (acte III, scène 4), qui s’entend comme une déclaration d’amour.

La colline a des yeux : la personnification

La personnification consiste à attribuer des caractéristiques humaines à une chose ou à une abstraction. Le but de la personnification est de rapprocher cet objet ou cette idée abstraite des lecteurs (ici des spectateurs), tout en frappant leur imagination.

Dans La colline a des yeux, la colline est clairement dotée d’attributs humains. Bien sûr, dans le film, il ne s’agit pas d’une colline fantastique s’animant comme par magie, mais plutôt d’une colline peuplée d’humains vivant à l’état sauvage (lesquels, dans l’adaptation de 2006 par Alexandre Aja, ont été soumis à de la radioactivité).

Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu : le truisme

Un truisme, de l’anglais true, « vrai », est une vérité tellement évidente qu’elle ne valait pas la peine d’être énoncée. De ce point de vue, le titre de la comédie de Max Pécas Mieux vaut être riche et bien portant que fauché et mal foutu est un truisme. En effet, qui pourrait dire le contraire ?

À l’inverse, il serait plus intéressant de se demander s’il vaut mieux « être riche et mal foutu que fauché et bien portant ». Tournée ainsi, la phrase comporte une véritable alternative, entre deux options qui, d’une certaine manière, se valent.

L’aventure, c’est l’aventure : la tautologie

La tautologie (du grec tauto, « le même », et logos, « discours ») est un raisonnement vide de sens, qui démontre ce qui a été admis au départ. Les tautologies les plus simples sont basées sur la répétition d’un même terme. Ainsi, dans L’aventure, c’est l’aventure, sujet et attribut du sujet sont identiques.

Autres tautologies cinématographiques : La loi, c’est la loi avec Fernandel, Une femme est une femme de Jean-Luc Godard, Un chat un chat avec Chiara Mastroianni.

Sandrine Campese
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