Autre alternative, un même pied d’égalité, voire même : les pléonasmes (4/4)

C’est déjà la fin de notre série sur les redondances ! Dans ce dernier inventaire, un pléonasme courant dans les médias comme dans nos conversations quotidiennes : « autre alternative ». Quant au pléonasme toléré, « voire même », il l’est par l’Académie française elle-même. Ici encore, l’étymologie nous aide à comprendre pourquoi…

Des pléonasmes à bannir

Une autre alternative

Le nom alternative contient le préfixe latin alter- qui signifie « autre ». Par définition, parler d’une « autre alternative » constitue un pléonasme. Quant aux expressions « deux alternatives » et « double alternative », elles supposent deux fois deux possibilités, soit quatre possibilités !

On remplace par : « une autre possibilité » ou « une autre option ».

Tous sont unanimes

L’adjectif unanime vient du latin unanimus, de unus (un) et anima (esprit). Est « unanime » ce qui « exprime un avis commun à tous » (une réprobation unanime) ou qui « est fait par tous, en même temps » (un éclat de rire unanime). Comme vous pouvez le constater, « tous » est déjà présent dans la définition de « unanime » ! Alors, à quoi bon l’ajouter ?

On remplace par : « ils sont unanimes (à penser) » ou simplement « tous pensent que… ».

On évite aussi : « unanimité totale ».

Un même pied d’égalité

Cette expression est un pléonasme puisqu’elle contient deux fois l’idée d’égalité, à travers l’adjectif indéfini même et le nom égalité ! En réalité, il s’agit du télescopage de deux expressions synonymes, « sur un pied d’égalité » et « sur un même pied », qui signifient que deux personnes traitent d’égal à égal, sans différence hiérarchique.

On remplace par : « sur un pied d’égalité » ou « sur un même pied ».

Il suffit juste

« Suffire », c’est déjà « avoir la juste quantité ». On évitera donc de dire, par exemple, « Il suffit juste de s’inscrire », l’idée de « limitation » étant énoncée deux fois.

On remplace par : « Il suffit de (s’inscrire) » ou « Il faut juste (s’inscrire) ».

On évite aussi : « Il ne faut juste que ». Exemple : « Il ne faut juste qu’une pincée de sel » au lieu de « Il ne faut qu’une pincée de sel » ou « Il faut juste une pincée de sel ».

Un pléonasme toléré

Voire même

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, « voire » avait le sens de « vraiment », conformément à son origine latine verus, « vrai ». Souvenez-vous, le verbe s’avérer, que nous avons précédemment épinglé dans la tournure pléonastique « s’avérer vrai », a la même racine. Par conséquent, « voire même » signifiait « vraiment même ». Mais après que « voire » a pris le sens de « et même », on a considéré, en toute logique, que « voire même » était un pléonasme (« et même même »). Toujours est-il que ce pléonasme est toléré par l’Académie française et par Larousse qui indique : « La locution est devenue si courante que l’interdit qu’avaient jeté sur elle quelques puristes paraît aujourd’hui dépassé. »

On remplace (si on le souhaite) par : « voire » tout court ou « et même ».

Et voilà, désormais ces pléonasmes ne sont plus qu’un mauvais cauchemar ! Oups… !

Sandrine Campese

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j’ai cette phrase à reformuler dans un style professionnel : « Nous sommes tous unanimes : doubler le capital est notre première priorité »

quelqu’un peut m’aider s’il vous plait ?

    Bonjour Hind, vous pouvez écrire : « Nous sommes tous unanimes : doubler le capital est notre première priorité » OU « Nous sommes tous d’accord : doubler le capital est notre premier objectif ». Bon dimanche.

Les journalistes (dont je suis) ont quelquefois et même souvent la déplorable habitude de dire : « Son taux d’alcoolémie dans le sang était de… » Les malheureux, ils ne savent pas que l’alcoolémie est précisément le taux d’alcool dans le sang. Il y a donc dans la phrase un double pléonasme. Qui dit mieux ? Il eût donc fallu dire : « Son alcoolémie était de… »