Certification en orthographe – Le premier candidat à obtenir le score de 1000 au Certificat Voltaire

Julien Royer, ingénieur grenoblois de 33 ans réalise un sans-faute au Certificat Voltaire lors d’une session le 5 juin dernier à la CCI de Grenoble. Nous avons voulu en savoir plus sur ce champion en orthographe. Il nous explique pourquoi il a choisi de passer le Certificat Voltaire.

Vous venez de marquer l’histoire du Certificat Voltaire ! Quelle a été votre réaction en apprenant que vous étiez le premier candidat à obtenir un score de 1000 points ?

Je ne surprendrai personne en affirmant que j’ai été très agréablement surpris ! J’avais pour objectif un score de 960 points car je n’étais pas certain de la logique que j’avais suivie pour certaines règles avancées.
Mon émotion était telle que j’ai commis plusieurs fautes de français dans les courriels que j’ai envoyés ce jour-là.

Pourriez-vous vous présenter en quelques lignes ?

J’ai 33 ans et je suis ingénieur à Grenoble (mais je n’ai pas de bar-tabac).
En dehors des activités sportives obligatoires pour tout Grenoblois, je suis passionné par la littérature, notamment par les œuvres de Marcel Proust et de Fiodor Dostoïevski ; j’aime également écrire.
Je m’intéresse particulièrement aux langues : l’allemand, l’anglais, l’espagnol et bien entendu le français ; mais aussi le langage musical, que je découvre peu à peu grâce à un ami musicien.
Je pense que les langues peuvent être un rempart contre l’absurdité qui nous assaille de toutes parts ; et je pense que les préserver (ce qui ne signifie pas qu’il faille les empêcher d’évoluer) est primordial : comme l’a écrit Octavio Paz, « cuando una sociedad se corrompe, lo primero que se gangrena es el lenguaje » (« quand une société est corrompue, la première chose qui se gangrène est la langue »).

Pourquoi avoir passé le Certificat Voltaire ?

J’ai découvert le Projet Voltaire en recherchant des explications sur certaines règles de français.
J’avais déjà tenté sans succès de trouver un outil ludique d’apprentissage de l’orthographe ; j’ai aimé la clarté des explications mais aussi la qualité de l’interface et plus généralement l’utilisation faite des nouvelles technologies.
En effet, il ne me semble pas que l’évolution des nouvelles technologies aille dans le sens de la libération de l’homme ; mais je garde l’espoir que les outils d’apprentissage feront exception, s’ils sont utilisés à bon escient (en suivant par exemple les idées d’Ivan Illich). J’utilise quotidiennement des outils d’apprentissage de langue tels que Duolingo et Mosalingua.
L’inscription au Certificat Voltaire a été une suite naturelle car elle me permettait de fixer un objectif temporel.

Vous étiez-vous entraîné auparavant ?

Naturellement ! J’ai utilisé le Projet Voltaire de façon intensive (niveaux « Supérieur » et « Excellence »), et j’ai parcouru les classiques de Maurice Grevisse et de René Thimonnier ainsi que les ouvrages de référence sur le Certificat Voltaire.
J’ai ainsi consolidé la maîtrise de nombreuses règles que je connaissais instinctivement, et j’en ai appris de nouvelles.

Qu’est-ce que cela va vous apporter ? Allez-vous profiter de ce score exceptionnel pour l’ajouter sur votre CV ?

Il serait dommage de ne pas mettre ce score en avant !
Cela fait néanmoins partie pour moi d’une démarche plus globale : comprendre ma langue, que je trouve magnifique ; plus généralement, comprendre l’histoire et la structure des langues, car je suis persuadé qu’elles contribuent à façonner notre pensée.
J’envisage de m’inscrire à une licence de sciences du langage par correspondance l’an prochain ; peut-être en ferai-je plus tard mon métier… J’aimerais aussi apprendre le russe, mais il s’agit là d’un projet à très long terme !

Julien Royer,

ingénieur à Grenoble

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Merci, Erick, pour votre réponse circonstanciée.
Je souscris à vos réserves, mais pense qu’il y a tout de même place, sur un autre tempo, avec une autre communication, pour une extension « élite » du Projet Voltaire. Prolonger la dynamique acquise durant le cursus d’origine par des joutes érudites entre aficionados a aussi son intérêt ! Toute discipline, intellectuelle, sportive, artistique, économique ou technique a ses meilleurs ouvriers, ses zélotes qui à la fois fascinent, agacent et intriguent. Logique inéluctable, spectaculaire et puissante du verbe à l’œuvre : les jeunes générations ont perdu, par notre faute sans doute, le goût sur et le sens sucré des mots.
Pour les leur redonner, employons des méthodes éprouvées. Je cite en général peu, et laisse cela à M. d’Ormesson ! Mais j’aimerais, exceptionnellement, illustrer mon propos par cette phrase d’Antoine de Saint-Exupéry: « Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et femmes pour leur donner des ordres, pour expliquer chaque détail, pour leur dire où trouver chaque chose… Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et femmes le désir de la mer ».
Et pour défendre notre langue, pour la propulser sur le devant de cette Cène dans laquelle Judas tient son rôle anglophone, je leur dirais qu’au bout de ce tout petit finistère, se dresse le totem sacré de notre identité. Cela est votre langue, cela est notre sang.
Sang, signature.
Même combat.

Et bien littérairement,
Chambaron

Ouah, un très grand bravo !
Je l’ai passée l’année dernière, je sais à quel point l’épreuve est difficile, je suis très admirative.
Mes félicitations Julien, vous avez de quoi être fier.

Merci aussi à toute l’équipe du projet Voltaire que j’aime beaucoup.

Val

Je vous adresse un « bravo » qui n’est rien de moins que sincère !
J’en ai rêvé, vous l’avez fait ! Ayant raté la marche à 986/1000, je me félicite pourtant de voir de jeunes gens se passionner pour les langues, et la nôtre en particulier.
Je pratique couramment sur le plan professionnel l’allemand et l’anglais, et ma fille s’est entichée, en plus, d’hébreu, d’italien et d’afrikaner.
J’aime particulièrement votre citation d’O.Paz : j’y ajouterais ce détournement d’une phrase de La Pompadour: « La France, ton français fout le camp ! ». J’ai vécu personnellement des batailles contre l’ennemi anglophone, des combats au sommet des pouvoirs, de ces réunions auxquelles vingt francophones se demandent s’ils doivent parler ensemble la langue de Thatcher.
Battez-vous ! Portez-haut, plus haut que moi, la puissance expressive de nos mille ans de francité, de nos grands auteurs, de nos innovations (merci François le 1er, et Richelieu), et la fierté intemporelle d’avoir été le premier.

Bien littérairement,
Chambaron

Bonjour,

Toutes mes félicitations !

Serait-il possible d’organiser, un jour prochain, un « challenge » entre les candidats qui ont obtenu un score supérieur à 950 ou plus au Certificat Voltaire ?

Par amour de la langue et esprit de compétition qui pousse au dépassement de soi.

Cordialement.

    C’est une excellente idée, Isabelle. Mais le challenge impliquerait que tout le monde soit au même moment au même endroit. Et c’est là où les problèmes risquent d’apparaître…

      Certes, dans sa forme présente, la Certification présente peu de possibilités de confrontation des passionné(e)s de la langue !
      Mais je suis certain qu’il y a assez de créativité dans les équipes de Woonoz pour nous inventer un module spécifique : une sorte de « super Excellence », qui aurait comme spécificités la sélectivité d’adhésion, l’interactivité entre les participants, le côté « ouvert » des réponses, l’introduction de nouveaux champs d’écriture – ponctuation, typographie, termes étrangers, francophonie, mise en pages, etc.
      Victime (consentante) de votre succès, vous pouvez maintenant vous pencher sur l’après-vente de ce produit hybride si séduisant entre tradition lexicale et technologies du XXIe siècle.
      Pensez à tous ceux (même s’ils ne sont pas légion !) qui s’étant investis dans le projet, se retrouvent bien démunis quand le résultat est venu ! Et maintenant, que vais-je faire ?
      Je fréquente nombre de blogs et de sites orientés sur la langue : Projet-Voltaire est bien, mais la concurrence est rude, et vous laissez trop d’espaces inoccupés : visitez projetbabel.org, inspirez-vous du dynamisme surprenant d’expressio.fr, prenez quelque graine de lexilogos.com, insérez des liens directs vers les sources brutes de référence, épandez-vous, répandez-vous et surprenez-nous !
      Notre monde est gravement malade de la perte du sens : les élèves ne savent plus lire les énoncés de problèmes, un mot en vaut un autre, les médias dispensent quotidiennement des foutaises, les enseignants font avec, et « la nave va »…
      Alors, nous, les 950+, nous avons la responsabilité de ce fardeau : Einstein écrit ses principes relatifs dans un langage qui n’est pas que mathématique, dans une langue claire et intelligible à tous.
      Advienne que pourra de ce que je dis : c’est écrit, et cochon si se m’en dédis !

      Bien littérairement,
      Chambaron

        Merci Chambaron. Il manque peut-être une place pour les pointus et les malabars de l’orthographe dans notre univers. Il est vrai que notre but est d’aider ceux qui maîtrisent mal l’orthographe à s’entraîner afin de s’améliorer. Je me demande si une démarche allant dans votre sens n’aurait pas un effet négatif sur ces personnes, en leur faisant croire à tort que le Projet Voltaire cible une élite.
        Je pense que cela vaut le coup d’en discuter avec les équipes, en interne.
        Merci infiniment pour votre dynamisme, votre passion partagée et vos commentaires nombreux.

          Je viens de passer le Certificat Voltaire et ai obtenu le score de 976. Je me permets donc d’y aller moi aussi de mon petit commentaire ici. 🙂
          Je rejoins Chambaron sur le fait que les 950+ aimeraient s’affronter dans d’autres épreuves. Je ne peux que constater, comme vous M. Chambaron, que les sites spécialisés en apprentissage de l’orthographe française fleurissent, se concurrencent (et encore… est-ce vraiment le cas ?) et ont fini par constituer un « tout ». Un « marché » ?, une sphère ?, une « orthosphère » ? Des gens plus pointus que moi en économie et en évolution des organisations qualifieraient ça mieux que moi.
          Mais. Il me semble qu’une des spécificités du Projet Voltaire, du Certificat Voltaire, du compte twitter @1fauteparjour est l’accent mis sur la compétition, le jeu, l’envie de se confronter aux autres et se mesurer. C’est ça qu’il faut conserver pour cultiver la différence du Projet Voltaire.
          Cet état d’esprit est, à mon sens, l’évolution de ce que faisaient déjà nos aînés : des dictées ! Des concours nationaux. La mention de Bruno Dewaele dans l’équipe – combien de dictées sur son blog ?, et : champion du monde, rien que ça ! – confirme, explique cela.
          La personne qui nous a fait passer le certificat dans mon centre est une joueuse de scrabble. Comme moi. Comme plein d’autres, dans les « 950+ », j’en suis certaine.
          Voilà : les amateurs éclairés en orthographe aiment jouer. Et attendent avec gourmandise le prochain rendez-vous.
          Pour ce qui est de l’élitisme, et pour rester dans la thématique sportive, peut-être qu’il faut s’inspirer des marathons : au départ les coureurs se classent par niveau, les plus rapides devant, et decrescendo. Mais tout le monde fait la course.