Les fautes de français les plus courantes à l’oral

Certaines erreurs sautent aux yeux et d’autres à l’oreille ! « Ils voyent », « malgré que »… Autant de fautes que l’on peut repérer (et commettre) sans même avoir besoin d’écrire. Voici 20 fautes fréquentes, pour la plupart très facilement évitables ! Repérez-les pour ne pas maltraiter notre belle langue française…

« Aller sur » ? Non, « aller à » !

On l’entend de plus en plus. Je vais « sur » Paris à la fin de la semaine. Non, vous allez peut-être « à » Paris, mais pas « sur » Paris. L’Académie française le rappelle en ces termes : « La préposition sur ne peut traduire qu’une idée de position, de supériorité, de domination, et ne doit en aucun cas être employée à la place de à ou de en pour introduire un complément de lieu désignant une région, une ville et, plus généralement, le lieu où l’on se rend, où l’on se trouve. » Notez cependant que vous pouvez aller « sur » la Lune.

Ils croivent, ils voyent…

Aïe ! Ces deux verbes-là écorchent sérieusement les oreilles quand on les entend au détour d’une conversation. Sandrine Campese, experte en français, rappelle dans un article que certains verbes se terminent bien par « oivent » (« Ils boivent »), mais que cela n’est pas le cas du verbe « croire ». Il faut écrire : « ils croient ». Pour ce qui est de « voyent »… eh bien on écrit « voyez », mais ce n’est pas une raison pour écrire « voyent » à la troisième personne du pluriel. C’est « ils voient »…  Vu ?

Malgré que

Aë… épargnez-nous ! « Malgré que » est faux, comme le rappelle Bruno Dewaele, l’un des experts en français du Projet Voltaire. Il faut privilégier « bien que ». Vos anciens professeurs de français vous en sauront gré…

Des ciseaux ou un ciseau

Précisons-le tout de suite : selon le Larousse, les deux formes existent. Toutes deux, sans surprise, ont la même origine : le mot latin caedere qui signifie « couper ». Pour autant, elles n’ont pas la même signification. Au singulier, le mot désigne une tige d’acier aiguisée souvent utilisée pour travailler le bois. Au pluriel, il s’agit de l’instrument à deux lames que nous utilisons pour couper du papier ou du carton. Ainsi, il faut plutôt parler des ciseaux dans la plupart des cas. Vous n’empruntez pas « le ciseau » de votre collègue… sauf s’il est menuisier et que vous souhaitez travailler le bois.

Entrer ou rentrer ?

Vous rentrez dans ce magasin pour la première fois ? Alors vous avez tort ! Vous y entrez. Point de débat ici, l’Académie française est très claire : « Le verbe rentrer, qui signifie proprement “Entrer de nouveau”, est trop souvent employé à la place d’entrer. » Pensez-y, mais vous pouvez quand même rentrer chez vous !

Si j’aurais…

Une très classique faute de conjugaison ! La célébrissime réplique du cadet des Gibus dans la Guerre des boutons« Si j’aurais su, j’aurais pas venu ! » – ne suffit manifestement pas… On entend encore régulièrement “si j’aurais”. C’est pourtant bien un imparfait qui doit suivre ce « si » et non un conditionnel. Il est vrai cependant que tout aurait été moins drôle si Gibus avait dit : « Si j’avais su, je ne serais pas venu. »

Je vous l’apporte ou je vous l’amène ?

Point de débat ici non plus. Bruno Dewaele le rappelle sur notre site : « On apporte ou on emporte un objet, une chose. […] On amène ou on emmène un être animé (une personne, un animal…). » Ainsi, vous apportez le vin, et vous amenez votre tante avec vous au repas. En revanche, vous n’amenez pas tel ou tel dossier à votre patron.

Je vais… chez le coiffeur, s’il vous plaît !

On le sait pourtant, mais on l’entend pourtant encore. « Je vais au coiffeur » ? Non, vous allez « chez » le coiffeur et Sandrine Campese en explique la raison ici. Retenez que l’on emploie « chez » devant un nom de personne (le coiffeur en étant une).

« Que » au lieu de « dont »

C’est le livre que vous avez besoin ? Certainement pas ! En revanche, c’est peut-être le livre dont vous avez besoin. « Le livre » est ici un complément d’objet indirect (COI) et il est donc normal qu’il soit remplacé par ce « dont ». S’il s’agissait d’un complément d’objet  direct (COD), le « que » serait justifié : c’est la pomme que je mange.

Au jour d’aujourd’hui

Non, par pitié. C’est un pléonasme… facile à éviter qui plus est ! Dites juste : « aujourd’hui » ou « de nos jours » si vous souhaitez évoquer notre époque.

Le copain à ? Non, le copain de…

C’est Sandrine Campese, encore elle, qui précise cette règle de grammaire dans un billet publié sur notre site. Pour marquer l’appartenance, « à » est interdit (sauf après un verbe : «  Ce vélo appartient à Jean. »). Il faut privilégier « de », même si quelques exceptions d’usage sont tolérées comme « barbe à papa ».

Autant ou aussi ?

Cette erreur-là est moins fréquente. On peut néanmoins parfois entendre : « Elle est autant douée que lui. » La différence est pourtant simple : «  aussi que » s’emploie avec un adjectif ou un adverbe, « autant que » avec un nom ou un verbe.

Tu sais c’est qui ?

Passons très vite sur cette faute. Il faut, dans ce cas, passer de l’interrogation directe à l’interrogation indirecte. Ce « C’est qui » devrait être un « Qui est-ce » et devenir un « qui c’est » dans la phrase « Tu sais qui c’est. »

Un ou une espèce de ?

Ne vous y trompez pas : « une espèce » est un nom féminin… et qui le reste même s’il est complété par un nom masculin. On dira : « une espèce de gredin », « une espèce de sorcier », etc. Ne dites donc pas – et n’écrivez pas non plus – « un espèce de… »

Après qu’il soit venu ? Eh non !

Ce n’est probablement pas la faute la plus évidente de cette liste. On est tenté instinctivement de placer un subjonctif après « après que ». Et pourtant, il ne faut pas. Bruno Dewaele rappelle que c’est bien l’indicatif qui s’impose. On dit et écrit : « après qu’il a mangé » et « après qu’il est venu ».

Je me suis permise ?

Perdu ! Quand le verbe « permettre » est pronominal, les pronoms sont indirects, comme le rappelle cet article du Figaro qui cite l’Académie française. Il n’y a donc pas lieu de faire un accord (comme ce serait le cas avec un COD). Même si vous êtes de genre féminin, vous ne pouvez donc pas écrire « Je me suis permise… ». Pour vous en souvenir, posez la question : « J’ai permis… à qui ? » e pronom « se » est bien ici un COI.

Avoir l’air… sérieux ou sérieuse ?

Avec quoi accorde-t-on « air » dans l’expression « avoir l’air » ? Eh bien… ça dépend ! Comme le rappelle Bruno Dewaele, « Si le sujet est un nom de personne, l’adjectif peut s’accorder soit avec lui, soit avec “air”. » On peut donc écrire : « Elle a l’air sérieux… » et « Elle a l’air sérieuse… » En revanche, si un complément suit l’adjectif, on accorde obligatoirement cet adjectif avec « air ». Enfin, toujours selon Bruno Dewaele, « L’accord avec le sujet est obligatoire si celui-ci est un nom de chose : un objet inanimé ne peut avoir d’air ! » Vous savez tout !

« Des fois » peut-il remplacer « parfois » ?

Non, mille fois non. On ne peut pas dire « Il vient des fois… » en remplacement de « Il vient parfois… » Le Figaro le rappelle (et cite encore une fois l’Académie française) : cette formule « ne peut en aucune façon se substituer aux adverbes de temps. » On peut en revanche employer cette formule pour marquer son désaccord ou sa surprise : « Non, mais des fois ! » Nous souhaitons que cette difficulté ne vienne pas briser votre… foi en la grammaire française.

Par contre, en revanche…

Sur ce point, le débat ne semble pas tranché… et selon Sandrine Campese, il ne date pas d’hier. L’Académie française a commencé par admettre « par contre », avant de se rétracter puis d’autoriser de nouveau la formule en 1988. Concrètement, il semble aujourd’hui que ce « par contre » soit toléré, mais déconseillé. Si vous voulez parler comme il faut, préférez « en revanche » ! En plus, c’est tellement beau cette formule, non ?

Pallier… à ?

Finissons avec une faute courante. Faut-il dire « Nous allons pallier à ce problème » ? Eh bien non. Il s’agit en effet d’un verbe transitif direct. Ce « à » n’a donc pas de raison d’être. Il faut écrire : « Nous allons pallier ce problème. » En revanche, vous pouvez écrire : « Nous allons remédier à ce problème. »

C’est la fin de ce tour d’horizon des fautes de français à l’oral. Nous espérons que vous saurez maintenant éviter ces vingt erreurs et que cela facilitera vos prises de parole, en entreprise ou dans tout autre cadre. Et si cela ne suffit pas, voici quelques conseils pour vous améliorer à l’oral.

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Bonjour,
Ce que j’entends partout, tout le temps, est une mauvaise maîtrise de l’interrogation indirecte. On moquait la formule « c’est qu’est ce que je dis » mais beaucoup utilisent des phrases telles que « On se pose des questions sur qu’est ce que c’est le consentement ». Ca me fait perdre le fil d’une conversation, d’un podcast, d’un reportage. En plus de la faute syntaxique, ça apporte une lourdeur au discours qui ajoute à mon malaise.

    Bonjour Annaparis, merci de votre message. J’entends assez souvent la tournure à laquelle vous faites référence. Une autre, dans le même esprit : « Est-ce que cette question est-elle importante ? » où coexistent, à tort, « est-ce que » et l’inversion sujet-verbe. Bonne journée.

Bonjour, merci beaucoup pour ces remarques de fautes courantes, vous lire m’a fait du bien, je souffre d’entendre et de lire quotidiennement des inepties et barbarismes infligés à notre pauvre français… La question est : que faire pour que les Français prennent conscience de ces erreurs et aient la motivation nécessaire pour se corriger ? Il faut que cela cesse !!! Les enseignants ne devraient-ils pas être mieux formés à ce sujet et ainsi essayer d’inculquer un français correct aux adultes de demain ? Ils sont actuellement aussi nuls que le reste de la population, y compris les professeurs de français… Où allons-nous ?

    Bonjour Martine, merci pour votre message. Nous partageons votre constat. Fort heureusement, il y a des pistes d’amélioration : avant toute chose, bien sûr, renforcer l’enseignement du français à l’école (nombre d’heures, méthodes…), mais aussi s’appuyer sur les différents outils d’apprentissage et de remise à niveau qui sont à disposition, comme le Projet Voltaire https://www.projet-voltaire.fr, mais aussi les ouvrages spécialisés, les applications, les jeux, les dictées tout public… Il y a un véritable intérêt pour la langue française et l’orthographe, ce qui donne de l’espoir ! Bonne journée.

Très bien. J’ai une question. J’ai 76 ans. J’ entends de plus en plus « Il a moqué Jean ». Je n’avais, dans ma jeunesse, entendu « moquer » que sous la forme pronominale: « Il se moque de moi ». Quel est votre avis.

Merci Sandrine pour la grande richesse de tous vos commentaires. On se sent toujours un peu plus intelligent après la lecture de vos
« bulles linguistiques ». Existe t-il un document ou un livre qui rassemble toutes vos rubriques?
JMN, du Québec, un amoureux des mots!

« Que » au lieu de « dont »
Je voudrais signaler une erreur de plus en plus répandue de gens qui croient bien faire (croivent ? ah non :-)) qui est d’oublier que dont signifie déjà « de que ». On voit donc fleurir des « c’est de ça dont tu as besoin » qui devrait être « c’est de ça que tu as besoin » ou « c’est ça dont tu as besoin », plus littéraire… ARGH

Merci. Vos rappels me rappellent que je dois régulièrement vous lire pour rester sur la bonne voie en français. Votre site est un véritable garde-corps pour moi.

    Bonsoir Petit Daniel, vaste sujet que le lien entre orthographe et nouvelle technologie ! Les spécialistes ne sont pas tous d’accord. Certains pensent que, grâce aux sms, on n’a jamais autant écrit, ce qui est plutôt une bonne chose, et que les erreurs sont forcément plus « visibles » qu’avant, lorsqu’on n’écrivait pas autant, publiquement de surcroît… Reste que la pratique de l’écriture à la main, kinesthésique, reste le meilleur moyen de « fixer l’orthographe ». Bonne soirée.