Comment écrire un e-mail sans faute ?

À notre époque sont produits énormément de vidéos et d’enregistrements audio de toute nature. Pourtant, nous ne cessons presque jamais d’écrire : notes, courriers, textos… Le texte est omniprésent dans le cadre professionnel ou la vie quotidienne. En 2021, il était estimé qu’on envoyait chaque jour en France 1,4 milliard d’e-mails (et 306,4 milliards dans le monde). Cela donne un ratio de 33 e-mails par utilisateur et par jour. Un nombre impressionnant qui illustre bien notre rapport nécessaire à l’écrit. Quant aux occasions de faire des fautes… elles deviennent nombreuses. Comment faire pour les éviter ?

Quand on écrit tant, on commet (trop) souvent certaines fautes d’orthographe, de syntaxe, de grammaire ou de conjugaison. Cela est dommageable : selon une étude Ipsos réalisée pour le Projet Voltaire en 2021, faire trop de fautes peut pénaliser une personne en recherche d’emploi ou un salarié qui cherche à obtenir une promotion. Par ailleurs, un grand nombre d’employeurs estiment que les fautes ont un impact sur la crédibilité, la productivité et les performances financières de l’entreprise. 

Autant de bonnes raisons de réduire autant que possible ces fameuses erreurs que l’on commet dans le cadre professionnel, en particulier dans les e-mails ! Nous en avons listé 25, très fréquentes, que nous vous invitons à découvrir ci-dessous pour mieux les corriger.

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Sommaire

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Les fautes fréquemment constatées dans les e-mails 

Un envoi… mais « je vous envoie »

Sachez-le : on écrit « un envoi » et « des envois » et pas un « envoie » ou des « envoies ». En revanche, quand il s’agit du verbe et  non du nom, on écrit « j’envoie » ou « je vous envoie », cette fois avec le « e ». Souvenez-vous-en !

« Un entretien » … mais « il s’entretient »

Si vous écrivez « un entretien », ne faites pas l’erreur d’ajouter un « t » à la fin. En revanche, s’il s’agit du verbe « entretenir » (ou s’entretenir »), il faut un « t » à la troisième personne du singulier au présent de l’indicatif : « Il entretient », « Il s’entretient ».

Je transfère…

Encore une fois, ne confondez pas le verbe et le nom. On écrit bien « je transfère », certainement pas « je transfert ». En revanche, on écrit « un transfert ». « Je transfère au responsable le compte rendu de la réunion. » « Le possible transfert de ce joueur est très discuté en ce moment. »

Je joins, tu joins, il joint…

Je joins (avec un s »), tu joins (avec un « s »), il joint (avec un « t »), nous joignons, vous joignez, ils joignent. Les verbes en « oindre » perdent leur « d » aux deux premières personnes du singulier. Facile, n’est-ce pas ? ? Et si vous doutez encore au moment d’écrire un e-mail, notez la conjugaison du verbe « joindre » sur un post-it. Attention : n’écrivez pas « Je  vous joins », c’est une erreur ! Préférez « Je vous fais parvenir ».

Ci-joint ? Ci-jointe ?

Restons quelques instants avec ce fameux « joindre » et examinons cette fois la formulation « ci-joint », très utilisée dans un e-mail. On est tenté d’accorder « ci-joint »  en toute circonstance: « Ci-jointes les notes demandées » … or il ne faut pas le faire. On écrit bien « les notes ci-jointes », mais dès lors que l’adjectif est placé en tête de phrase, il devient invariable.

Vu les circonstances…

Continuons avec un cas un peu similaire : on écrit « vu les circonstances » et non pas « vues les circonstances », car « vu » a ici valeur de préposition. Il est donc invariable.

Une date butoir

La fameuse date à ne pas dépasser ? Il s’agit d’une date « butoir » et non « butoire ». Cet adjectif ne s’accorde pas au féminin. En revanche, on écrira « des dates butoirs ». Parfois, la langue française est complexe, pas vrai ?

Comme convenu… sans « e »

« Convenu » est un adjectif, mais on écrit bien « comme convenu », sans « e » à la fin. « Comme convenu », je viendrai avec Charlotte à la réunion. »

Parmi… sans « s »

Le saviez-vous ? Il n’y a pas de « s » à la fin de « parmi ». Ne faites donc plus cette faute évitable ! « Parmi ces documents, vous trouverez celui qui vous intéresse. »

Hormis… avec un « s »

Pas de « s » à la fin de « parmi », donc. Mais il en faut un à la fin de « hormis » ! Ne l’oubliez pas. « Tout le monde participera, hormis les membres de l’équipe marketing qui ne seront pas disponibles. »

Une recommandation, bien sûr… et pas une « recommendation »

Nous avons tous quelques difficultés avec certains mots. Pourquoi ceux-là ? Allez savoir… Il est vrai que les consonnes doublées et le son « an » peuvent créer des confusions. Tout de même, rappelez-vous que « recommandation » (très souvent employé) s’écrit avec deux « m » et un « a ».

Y a-t-il : un trait d’union avant et après le « t »

Une mauvaise habitude nous pousse à mettre parfois une apostrophe dans cette expression, or il faut bien écrire « y a-t-il » : une apostrophe note l’élision d’une voyelle placée en fin de mot devant un autre commençant également par une voyelle. Ici, pas d’élision, donc pas d’apostrophe.

En termes de : ne pas oublier le « s »

L’Académie française le rappelle : on écrit « en termes de » et non pas « en terme de ». Attention : cette expression signifie « dans le vocabulaire de » et pas « en matière de ». On peut donc écrire « en termes de droit » (le droit étant un domaine usant d’un vocabulaire spécifique), mais pas « en termes d’efficacité ».

Soi-disant

On écrit bien « soi-disant » et non pas « soit-disant ». Bruno Dewaele, champion mondial d’orthographe, explique qu’il s’agit d’une forme archaïque (et invariable) du participe présent « se dire ». On écrira donc : « de soi-disant experts ».

A priori

Tiens, du latin ! Cette belle expression signifie « en partant de ce qui est avant ». On pourrait la traduire par « de prime abord » ou « avant tout examen approfondi » selon le dictionnaire Larousse. « Il serait a priori innocent ». Notez que, depuis la réforme de l’orthographe de 1990, il est possible d’écrire « à priori », mais évitez de faire une autre faute à cette expression.

Malgré, malgré que…

Ne cherchez pas… Selon l’Académie française, « malgré que » peut être écrit, mais uniquement avec le verbe « avoir » au subjonctif. Préférez « quoique » à « malgré que ». Exemple : « Quoiqu’il soit souffrant, il est venu travailler. » En revanche, vous pouvez écrire « malgré » suivi d’un nom. Cela signifie « en dépit de ». Exemple : « Malgré son enthousiasme, Paul n’a pas convaincu ses interlocuteurs. »

Attention et intention : attention !

Vous envoyez une lettre ou un e-mail à l’attention de quelqu’un. Cela signifie que vous désignez cette personne comme le ou la destinataire de votre missive, qu’elle soit physique ou électronique. En revanche, « à l’intention » est plus affectif et personnel.

« Je vous saurais gré »

Vous souhaitez utiliser cette jolie formulation dans votre e-mail ? Très bien, mais dans ce cas, évitez surtout d’écrire « je vous serais gré ». On « sait gré » à quelqu’un de quelque chose, on ne lui « est » pas gré.

Je m’en souviens, mais je me le rappelle

Eh oui, « se rappeler » doit être suivi d’un complément d’objet direct (COD). On ne se rappelle donc pas « de » ce qui s’est dit en réunion, on se rappelle ce qui s’est dit en réunion. Tout l’inverse de « se souvenir », un verbe qui exige, quant à lui, un complément d’objet indirect (COI). Ainsi, on se souvient des instructions de la directrice.

Ne pas utiliser «  suite à  »

« Suite à notre rencontre, je vous prie de… ». Perdu ! Vous pouvez écrire « à la suite de » ou « pour donner suite à », mais pas « suite à ».

Mr Durant ? Certainement pas !

Dans votre e-mail, n’écrivez pas « à l’attention de Mr Durant ». Ce « Mr » rappelle plutôt l’anglais « Mister ». En français, l’abréviation de « Monsieur » est « M. », sans oublier le point. Au pluriel : « MM. ». Le mot « Madame » est  abrégé ainsi : « Mme », et « Mmes » correspond à « Mesdames ».

Madame, Monsieur…

Oui, c’est bien une virgule que l’on place entre « Madame » et « Monsieur » en tête de son e-mail, et non pas une barre oblique. Du reste, mieux vaut privilégier le nom ou la fonction de la personne que l’on contacte. Cela est moins impersonnel.

Merci de, merci pour…

Si votre « merci » est suivi d’un verbe à l’infinitif, il faut écrire « merci de » : « Merci de m’avoir écouté », « Merci de penser à transmettre ce dossier » … Si votre « merci » est suivi d’un nom, « pour » et « de » sont acceptés. « Merci de votre retour rapide », « Merci pour votre retour rapide ».

« Je m’excuse de… » : non, car on ne s’excuse pas soi-même.

La forme « Je m’excuse » n’est pas fausse, mais il n’est pas très poli de s’excuser soi-même. On privilégiera donc : « Je vous prie de m’excuser. » « Je vous prie de m’excuser, j’aurai un peu de retard ce matin. »

Cette formation « m’a permis » ou « m’a permise ? »

Les verbes pronominaux sont la cause de bien des maux ! Posez-vous la question : ce « m’» est-il un COD ou un COI ? Il s’agit bien d’un COI. Il ne faut donc pas accorder « permis », même si c’est une femme qui écrit le message.

Faute dans un e-mail : que faire ? 

Vous venez de faire une faute dans votre e-mail ? Pas de panique ! Il n’est peut-être pas trop tard pour annuler l’envoi ! Certaines messageries le permettent.

Pour une faute de frappe dans votre e-mail (ou une erreur d’une autre nature), n’hésitez pas à renvoyer un message à votre interlocuteur : « Veuillez m’excuser, j’ai laissé passer une faute… » Nul doute  que l’on ne vous en voudra pas très longtemps ! Si votre faute fait naître une confusion sur le sens de vos propos, corrigez-la sans tarder.

Prenez l’habitude de vous relire avec attention, pour éviter toute faute dans vos e-mails professionnels. Pour les courriels très importants, demandez à vos amis, vos proches ou vos collègues de vous relire et de vous indiquer les éventuelles erreurs commises : c’est ainsi  que l’on apprend.

Vous souhaitez par ailleurs découvrir les bonnes pratiques de l’e-mail ? Projet Voltaire propose un parcours spécifique sur le sujet.

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Exercice pour écrire ses e-mails sans fautes

Vous craignez encore de faire des fautes dans vos e-mails ? Pourquoi, alors, ne pas tester votre niveau ? Tout d’abord, relisez soigneusement les 25 règles énoncées plus haut. Puis repérez les fautes dans les 10 phrases ci-dessous… s’il y en a !

  1. Suite à notre rencontre, je vous envoie ci-joint les documents demandés.
  2. Je me rappelle bien de cette réunion, mais pas de la présence de M. Durant.
  3. Je vous prie de faire vite, ces documents sont à l’intention du directeur.
  4. La date butoir est fixée à lundi prochain, il  faut donc faire preuve d’efficacité.
  5. La direction vous sait gré de vos efforts, mais ne compte pas vous augmenter.
  6. Je m’excuse de ma réaction, mais l’attitude de Paul m’a mis hors de moi !
  7. Je tiens à vous remercier pour avoir participé à cet événement !
  8. Ses consignes très précises m’ont permis de gagner du temps.
  9. En termes de productivité, nous sommes meilleurs que l’année dernière.
  10. J’ai obtenu un entretient avec elle.

Réponse :

  1. Faux. Il faut écrire : « à la suite de… »
  2. Faux. Il faut écrire : « Je me rappelle bien cette réunion, mais pas la présence ».
  3. Faux. Il faut écrire : « à l’attention de… »
  4. Phrase correcte.
  5. Phrase correcte.
  6. Faux. Il faut écrire : « Je  vous prie d’excuser ma réaction… »
  7. Faux. Il fait écrire : « … vous remercier d’avoir participé… »
  8. Phrase correcte.
  9. Faux : « En termes de » ne peut pas être associé à « productivité ».
  10. Faux. Il faut écrire : « un entretien ».

Notez-le : pour des raisons de visibilité dans les moteurs de recherche, le terme “e-mail” a été préféré à celui de “courriel” dans cet article.

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