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Conjugaison : quelle différence entre les modes et les temps ?

En français, qui veut conjuguer un verbe correctement doit connaître deux notions : les modes et les temps. Mais pour beaucoup d’entre nous, ces termes appartiennent… au bon vieux temps, justement ! Qu’est-ce qu’un mode ? Qu’exprime-t-il ? Combien y en a-t-il en français ? Mêmes questions pour les temps. Et quels sont les pièges à éviter ? Pas de panique, nous sommes là pour vous rafraîchir la mémoire.

Sommaire

    Les modes

    Dans la conjugaison française, le mode exprime la manière dont l’action est envisagée : réalité, éventualité, ordre, hypothèse, souhait…

    Il donne, en quelque sorte, « la couleur de l’action », il indique la nuance : est-ce réel ? souhaité ? imaginé ? ordonné ?

    Exemple : « Si j’étais riche, je voyagerais. »

    Ici, l’action est souhaitée (voyager) car elle dépend d’une condition (être riche). Nous sommes dans le mode de l’hypothèse. Voilà pourquoi, c’est ici le mode « conditionnel » qui convient.

    Quels sont les différents modes ?

    On distingue les modes personnels et les modes impersonnels.

    Les modes personnels

    Les modes personnels se nomment ainsi car ils se conjuguent avec les pronoms personnels (je, tu, il…). Ils sont au nombre de quatre : l’indicatif, le subjonctif, le conditionnel et l’impératif. À l’impératif, les pronoms personnels n’apparaissent pas, mais sont sous-entendus.

    L’indicatif

    C’est le mode de la réalité et de la certitude.

    Il exprime un fait certain (au présent, par exemple) ou considéré comme certain au moment où l’on parle (au futur, par exemple).

    Exemples : « Le train entre en gare » (fait certain) ; « Elle partira demain » (fait considéré comme certain au moment où l’on parle).

    On l’emploie (plus rarement) pour donner un ordre : « Tu arrêtes de jouer et tu fais tes devoirs ! »

    Le subjonctif

    À l’inverse de l’indicatif, c’est le mode de l’irréel et de l’incertitude.

    Il sert ainsi à exprimer un souhait, un doute, une volonté, un ordre, une interdiction.
    Exemples : « Je doute qu’il vienne », « Il faut que tu fasses un effort. »

    C’est plus généralement le mode des émotions. Exemples : « J’ai peur qu’il ne m’aime pas », « Pourvu qu’elle soit heureuse ! »

    Le conditionnel

    C’est le mode de l’hypothèse.

    Exemple : « Si tu étudiais, tu réussirais. »
    –> Ici, une condition est envisagée (étudier), c’est donc le conditionnel, mode de l’hypothèse, qui convient.

    Le conditionnel sert aussi à exprimer un souhait, désir.

    Exemple : « J’aimerais beaucoup rejoindre votre entreprise. »
    –> Ici le verbe « aimer » est conjugué au conditionnel (présent) car j’émets un souhait, un désir.

    C’est plus généralement le mode de la politesse.

    Exemple : « Je voudrais un café, s’il vous plaît », plus respectueux que l’indicatif (présent) « Je veux un café », lequel s’apparente à un ordre !

    Le conditionnel passé, lui, sert à exprimer un regret (« J’aurais tellement aimé voir ça ! ») ou à formuler une affirmation prudente, comme le font les journalistes (« D’après nos informations, le voleur aurait été arrêté »).

    L’impératif

    Ce mode personnel n’existe qu’aux trois personnes suivantes : 2e du singulier, 1re et 2e du pluriel. Le pronom personnel n’apparaît pas, il est sous-entendu.

    L’impératif est le mode de l’ordre, du conseil, de l’interdiction. Le verbe à l’impératif est souvent (mais pas toujours) suivi d’un point d’exclamation.

    Exemples : « Viens ici ! », « Repose-toi », « Ne cours pas ! »

    Les modes impersonnels (ou non personnels)

    Les modes impersonnelsne nomment ainsi car ils ne se conjuguent pas avec des pronoms personnels. Ils sont au nombre de trois : l’infinitif, le participe, le gérondif.

    L’infinitif

    Qui se souvient que l’infinitif existe aux deux temps : présent et passé ? Le plus connu est certes l’infinitif présent : c’est la forme neutre du verbe, celle que l’on trouve dans le dictionnaire. En outre, l’infinitif peut être à l’actif ou au passif, ce qui donne quatre formes possibles !

    Exemples : « manger » (infinitif présent actif), « être mangé » (infinitif présent passif), « avoir mangé » (infinitif passé actif), « avoir été mangé » (infinitif passé passif).

    Eh oui, le mode « infinitif » est bien plus riche qu’on le croit !

    Le participe

    Comme l’infinitif, le participe a deux temps : présent et passé.

    Le participe présent

    Le participe présent se termine par « –ant » : « mangeant », « finissant », « partant ». Généralement, il exprime une action simultanée.

    Exemple : « Je l’ai aperçu dehors, fumant une cigarette. » Ici, le participe présent est en apposition. On ajoute une information, un peu comme une parenthèse. On pourrait dire aussi « en train de fumer une cigarette ».

    Il peut également exprimer une action liée à une autre ; il apporte alors une précision utile à la compréhension de la phrase.

    Exemple : « Les candidats possédant une solide expérience seront reçus en priorité. » « Possédant » équivaut alors à « qui possèdent ».

    On veillera à ne pas confondre « participe présent » et « adjectif », car ils n’ont pas la même orthographe. Exemples : convaincant (adjectif)/convainquant (participe présent), différent (adjectif)/différant (participe présent), fatigant (adjectif)/fatiguant (participe présent).

    Pour en savoir plus : « convaincant » ou « convainquant » ? Adjectif ou participe présent ?

    Le participe passé

    Le participe passé est la forme verbale utilisée pour construire un temps composé (de pair avec l’auxiliaire). Il est composé du radical du verbe et d’une terminaison (-é, -i, -u, -s, -t).

    Exemples : été (être), eu (avoir), mangé (manger), , parti (partir), mis (mettre), écrit (écrire).

    Le gérondif

    Le gérondif se forme en ajoutant la préposition « en » au participe présent.

    Exemples : « en mangeant », « en finissant », « en partant ».

    Il exprime la simultanéité, le moyen ou la cause.

    Exemples : « J’ai relu mes notes tout en mangeant », « Il est arrivé en courant », « Elle est tombée en escaladant la grille. »

    C’en est fini pour les modes, qui constituent les fondations de la conjugaison. Mais pour pouvoir créer des verbes et bâtir des phrases, les modes ont besoin des temps !

    Les temps

    Comme leur nom l’indique, les temps permettent de situer l’action… dans le temps !

    Classement par temporalité

    Chaque mode personnel comporte plusieurs temps, articulés autour des trois temporalités : passé, présent et futur, ce qui donne 16 temps.

    Au passé : passé composé (il a mangé), imparfait (il mangeait), plus-que-parfait (il avait mangé), passé simple (il mangea), passé antérieur (il eut mangé), subjonctif passé (qu’il ait mangé), subjonctif imparfait (qu’il mangeât), subjonctif plus-que-parfait (qu’il eût mangé), conditionnel passé (il aurait mangé), impératif passé (aie mangé).

    Au présent : indicatif présent (il mange), subjonctif présent (qu’il mange), conditionnel présent (il mangerait), impératif présent (mange).

    Au futur : futur simple (il mangera), futur antérieur (il aura mangé).

    On remarque que la majorité des temps appartiennent au passé. Serions-nous nostalgiques ?

    Classement par mode

    L’indicatif 

    C’est le mode le plus riche, il compte pas moins de huit temps, soit la moitié des 16 temps de la conjugaison ! Si nous sommes tournés vers les « temps passés », nous n’en sommes pas moins ancrés dans le monde réel ! Notons que le passé simple et le passé antérieur sont de plus en plus considérés comme des temps « littéraires ».

    – présent : « Il mange »
    – passé composé : « Il a mangé »
    – imparfait : « Il mangeait »
    – plus-que-parfait : « Il avait mangé »
    – passé simple : « Il mangea »
    – passé antérieur : « Il eut mangé »
    – futur simple : « Il mangera »
    – futur antérieur : « Il aura mangé »

    Le subjonctif

    Il a quatre temps, les deux premiers sont courants, les deux suivants sont littéraires.

    – présent : « qu’il mange »
    – passé : « qu’il ait mangé »
    – imparfait : « qu’il mangeât »
    – plus-que-parfait : « qu’il eût mangé »

    Pas de « futur du subjonctif » en français (contrairement à l’espagnol) ! La forme « qu’il mangera » n’existe pas.

    Le conditionnel

    Le conditionnel a deux temps : présent et passé.

    – présent : « Il mangerait »
    – passé : « Il aurait mangé »

    L’impératif

    À l’impératif, il existe également deux temps, présent et passé, mais le passé est plus rare et littéraire.

    – présent : « Mange »
    – passé : « Aie mangé »

    Temps simples vs temps composés

    À l’exception de l’imparfait, du passé simple et du subjonctif imparfait (temps simples), on aura remarqué que les temps du passé sont des temps composés.

    Ils sont formés d’un auxiliaire (avoir ou être) conjugué à un temps simple, suivi du participe passé.

    Exemples : il a mangé (passé composé), il avait mangé (plus-que-parfait), il aurait mangé (conditionnel passé).

    Le cas des verbes défectifs

    Notre inventaire serait incomplet sans les verbes défectifs. Le mot peut paraître barbare, pourtant vous usez d’un verbe défectif dès que la météo se gâte : « il pleut » ! Le verbe pleuvoir ne s’emploie en effet qu’à l’infinitif et à la 3e personne du singulier.

    Un verbe défectif est donc un verbe qui « n’existe pas » à tous les modes, tous les temps ou toutes les personnes. Autres exemples : accroire, bruire, choir, falloir, gésir, neiger, parfaire, quérir, venter…

    Mode, temps : quelles sont les principales difficultés ?

    Difficultés générales

    Confondre temps et mode

    Considérer, par exemple, que le conditionnel est un temps, alors que c’est un mode. Mais ça, c’était avant… que vous lisiez cet article !

    Employer le mauvais mode

    Si vous dites « Je souhaite qu’il vient », vous employez le mauvais mode (l’indicatif), alors que c’est le subjonctif (mode du souhait) qui convient : « Je souhaite qu’il vienne. »

    Autre exemple : « Après que » (comme « dès que ») est suivi de l’indicatif (mode de l’action réalisée) : « Après qu’il est parti, je me suis couchée. » (cf. « Dès qu’il est parti, je me suis couchée »).

    À lire également sur notre blog : « après qu’il a » ou « après qu’il ait » ? « après que », indicatif ou subjonctif ?

    Se tromper dans la concordance des temps

    D’après l’Académie française, la concordance des temps est « l’ensemble des règles qui déterminent l’emploi du temps du verbe de la proposition subordonnée en fonction de celui du verbe de la proposition principale ».

    Exemples : « Je doute (principale, indicatif présent) qu’il soit guéri demain (subordonnée, subjonctif présent)/« Je doutais (principale, imparfait) qu’il fût guéri le lendemain » (subordonnée, subjonctif imparfait).

    Pour aller plus loin : Améliorer sa conjugaison – Conseils et exercices

    Difficultés des temps simples

    Employer le conditionnel au lieu du futur

    C’est ce que l’écrivain Alain Borer nomme « le confusionnel ». L’erreur courante consiste à mettre un « s » à la 1re personne du singulier, et d’écrire, par exemple : « Je viendrais demain. » Or « viendrais » est au mode conditionnel. Dans cette phrase, il faut employer le temps futur, car le fait est certain au moment où l’on parle (certitude amplifiée par l’adverbe demain). D’où : « Je viendrai demain. ».

    À lire également sur notre blog : « je ferai » ou « je ferais » ?

    Employer le conditionnel au lieu de l’imparfait

    Quand le verbe est précédé d’un « si », on conjugue au temps imparfait et non au mode conditionnel. Exemple : « Si j’avais su, je ne serais pas venu » (et non « Si j’aurais su… »).

    Pourtant, il arrive que les « si » aiment les « rais ». Si, si ! Quand « si » introduit une interrogation indirecte, il peut être suivi d’un verbe au conditionnel : « Je me demandais si tu pourrais m’aider » (= « Pourrais-tu m’aider ? »)

    Les difficultés du présent de l’indicatif

    Facile, le présent de l’indicatif ? Pas si vite ! On ne sait pas toujours quand doubler les consonnes : « j’appelle », « tu jettes », mais « nous appelons », « vous jetez ». De plus, ses terminaisons sont piégeuses, en particulier chez les verbes en –indre et les verbes en oudre. Autres formes à retenir : « je peux », « je transmets », « j’envoie », « il descend », « il joint », etc.

    Difficultés des temps composés

    Ne pas employer le bon auxiliaire

    Quel auxiliaire choisir : « avoir » ou « être » ? On écrira, par exemple, « Je suis descendu à la cave » et non « J’ai descendu à la cave ».  Parfois les deux sont possibles : « Je suis accouru », « J’ai accouru ».

    Enfin, on préférera dire « Nous sommes convenus de nous revoir » (plutôt que « Nous avons convenu ») et « Ce livre a paru malgré la censure » (plutôt que « est paru »). C’est en tout cas ce que préconise l’Académie française !

    À lire également sur notre blog : 5 minutes pour réviser : l’auxiliaire et le participe passé

    Confondre verbe conjugué et participe passé

    En écrivant, par exemple, « j’ai fais » ou « je fait », alors que les formes correctes sont « je fais » (fais = verbe conjugué), « j’ai fait » (fait = participe passé).

    Mal accorder le participe passé

    En français, l’accord du participe passé concentre le plus grand nombre de difficultés !

    Parmi les erreurs courantes : « les lettres qu’il a écrit » alors qu’il faut accorder le participe passé avec le COD « lettres » placé avant le verbe, ce qui donne : « les lettres qu’il a écrites. »

    Ce vaste et épineux sujet mérite bien un dossier complet ! : L’accord du participe passé

    Tableau récapitulatif des modes et temps

    ModeTemps simplesTemps composés
    Indicatifprésent, imparfait, passé simple, futur simplepassé composé, plus-que-parfait, passé antérieur, futur antérieur
    Subjonctifprésent, imparfaitpassé, plus-que-parfait
    Conditionnelprésentpassé
    Impératifprésentpassé
    Infinitifprésentpassé
    Participeprésentpassé
    Gérondifprésentpassé

    En guise de conclusion, voici un petit exercice à faire la prochaine fois que vous lirez ou écrirez une phrase. Demandez-vous : quel mode ? (réalité, ordre, hypothèse…), quel temps ? (passé, présent, futur…). C’est le meilleur moyen de vous remettre ces notions en mémoire… en complément de votre entraînement au Projet Voltaire, bien entendu !

    Sandrine Campese

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