Figure de style

L’antiphrase : dire volontairement le contraire de ce que l’on pense

L’antiphrase est une figure de style qui consiste à exprimer un mot, un groupe de mots ou une phrase dans un sens contraire à sa véritable signification. En d’autres termes, on dit ou on écrit le contraire de ce que l’on pense, en supposant que l’interlocuteur ou le lecteur ont conscience du procédé. On se sert très souvent de l’antiphrase pour marquer l’ironie. L’antiphrase doit cependant être distinguée de l’ironie. En effet :

  • l’ironie d’un propos peut être contenue dans une suite de phrases, quand l’antiphrase n’excède pas une phrase ;
  • l’antiphrase peut permettre de signifier autre chose que de l’ironie. Par exemple, elle peut aussi être utilisée par euphémisme, pour atténuer un propos.
Projet Voltaire - Fiche de français

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On vous explique

Le terme « antiphrase » nous vient du latin antiphrasis : anti (« contre ») et phrasis (« action d’exprimer par la parole »).

Exemples d’antiphrases littéraires

« Vivent les collèges, d’où l’on sort si habile homme ! » (Molière, Le Malade imaginaire)

À travers cette tirade lancée par Toinette, Molière critique avec ironie la maladresse de Thomas Diafoirus et, au-delà, l’hypocrisie de son époque envers les gens fortunés. Toinette s’exclame peu après : « Voilà ce que c’est que d’étudier ! On apprend à dire de belles choses. » Il s’agit là encore d’une antiphrase : Toinette critique encore une fois la capacité à faire de beaux discours pour charmer.

« […] voilà les bontés familières dont vous m’avez toujours honoré. » (Beaumarchais, Le Barbier de Séville)

Ainsi s’exprime le pauvre valet Figaro sous la plume de Beaumarchais. Il s’adresse alors à son maître qui, au contraire, a l’habitude de le malmener. On comprend l’ironie dont fait preuve Figaro. Cette antiphrase permet aussi de montrer la condition des valets de l’époque.

« La question est une invention merveilleuse et tout à fait sûre pour perdre un innocent qui a la complexion faible, et sauver un coupable qui est né robuste. » (La Bruyère, Les Caractères)

La Bruyère dénonce ici la torture (désignée sous le terme « la question ») en la qualifiant ironiquement de « merveilleuse invention ». Il complète son argumentaire en mettant en avant le fait qu’un coupable « robuste » y résistera mieux qu’un innocent trop peu costaud.

Exemples d’antiphrases dans la culture populaire

L’antiphrase est très utilisée de manière courante pour marquer sa volonté d’ironiser ou de se moquer. On suppose alors que le second degré est perçu par les interlocuteurs ou les lecteurs. Le contexte et l’intonation sont essentiels à la bonne compréhension de l’antiphrase.

  • « Quel courage ! » On veut au contraire signifier une lâcheté.
  • « Je remarque que vous êtes ponctuel… » On cherche au contraire à marquer un retard.
  • « Il fait un temps magnifique aujourd’hui. » On cherche au contraire à montrer que le temps est mauvais.

Fonctions de l’antiphrase

Exprimer une critique ou émettre une moquerie de façon indirecte

L’antiphrase permet de critiquer sans le faire frontalement. Exemple : « Bravo, c’est vraiment très malin d’oublier ton parapluie par ce temps ! »

Faire preuve d’ironie ou de sarcasme

L’antiphrase est souvent utilisée pour souligner une absurdité ou une incohérence avec une touche d’ironie. Exemple : « Tu as eu 3/20 ? Félicitations, tu frôles l’excellence. »

Atténuer une remarque désobligeante

L’antiphrase permet parfois d’adoucir une critique en la rendant humoristique ou implicite. On retrouve ici la notion d’euphémisme évoquée plus haut. Exemple : « Quel timing parfait, comme d’habitude. » (à propos de quelqu’un de constamment en retard).

Créer de la connivence avec le lecteur ou l’interlocuteur

Ne l’oublions pas : l’antiphrase suppose que l’autre comprend le décalage entre ce qui est dit et ce qui est pensé. Cela a pour effet de renforcer la complicité entre l’émetteur et le récepteur du message.

Avis de l'expert

L’antiphrase est une arme subtile du langage, qui permet de critiquer, de faire rire ou de faire réfléchir en disant ou en écrivant le contraire de ce que l’on pense. Elle repose sur la complicité avec le lecteur ou l’interlocuteur. Utilisée avec finesse, elle peut dénoncer efficacement des absurdités, souligner des contradictions ou désamorcer des tensions. Attention : mal comprise, elle peut aussi prêter à confusion.

Exercice

Exerçons-nous ! Ci-dessous, s’agit-il d’antiphrases ?

  1. Un sur dix en dictée ? Tu fais de nets progrès !
  2. Tu as obtenu la moyenne, c’est correct.
  3. Seulement une heure pour arriver au centre-ville. Les transports en commun sont décidément efficaces !
  4. Tu ne sembles pas très concentré…
  5. Tu as refusé cet emploi bien payé ? Quelle intelligence !

  1. Il s’agit d’une antiphrase.
  2. Il ne s’agit pas d’une antiphrase : il n’y a pas d’ironie perceptible dans ce propos.
  3. Il s’agit probablement d’une antiphrase, même s’il conviendrait d’analyser le ton et le contexte. Si, auparavant, il fallait deux heures pour gagner le centre-ville, c’est un réel progrès, et il n’y a pas d’ironie.
  4. Il ne s’agit pas d’une antiphrase : il n’y a pas d’ironie perceptible dans ce propos.
  5. Il s’agit d’une antiphrase.
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