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Adultère, biscuit, Lucifer… Vrai-faux sur l’origine des mots (3e partie)

L’étymologie a beau être est la « recherche du vretymologie-biscuitai» (du grec etumos, « vrai », et logos, « recherche »), des idées reçues circulent sur l’origine d’un certain nombre de mots. Certes, il y a des glissements de sens qui s’opèrent au fil du temps, causant de grands écarts étymologiques ou des affaiblissements (c’est le cas, par exemple, des adjectifs « aimable », « étonné », « génial »…). Mais, la plupart du temps, des mots de formes ou de sonorités proches nous mettent sur la mauvaise voie. Pour retrouver notre chemin, voici un nouveau volet de notre « vrai-faux sur l’origine des mots » !

« Étymologiquement, l’adultère est commis par des adultes. »

FAUX. Certes, le nom adultère fait penser à « adulte ». Mais les deux mots n’ont pas la même origine. Le nom adultère dérive du verbe latin alterare (qui a donné « altérer »). Littéralement, commettre un adultère revient donc à « altérer » le serment de fidélité conjugale. De son côté, « adulte » prend ses racines dans le verbe latin adolescere qui signifie « grandir » et qui a donné « adolescent ».

« L’auriculaire se nomme ainsi car il peut entrer dans l’oreille. »

VRAI. Son nom vient du latin auricula qui signifie « oreille ». C’est en effet le seul doigt de la main, qui, par son étroitesse, est censé pouvoir se glisser dans l’oreille. On retrouve « auriculaire » comme adjectif dans les expressions « pavillon auriculaire » (la partie externe de l’oreille) et « témoin auriculaire » (qui entend, par opposition à « oculaire », qui voit).

« Le nom avion est une déformation de « aviron ». »

FAUX. Le nom avion a été inventé par l’ingénieur en aviation Clément Ader vers 1875. Mais le mot s’est surtout popularisé après la Première Guerre mondiale. Il a été forgé sur la racine latine avis, « oiseau ». Littéralement donc, l’avion est un « oiseau » à moteur. L’aviron, lui, prend racine dans l’ancien français viron (rond, cercle), lui-même issu du verbe virer.

« Comme son nom l’indique, la berline est née à Berlin. »

VRAI. C’est dans la ville allemande de Berlin que cette voiture a été construite et popularisée vers 1670. Bien sûr, à cette époque, elle était hippomobile : tirée par des chevaux. Elle désignait néanmoins une voiture suspendue, à quatre roues, munie de glaces et d’une capote. Désormais, la berline est une automobile à quatre portes et 4 glaces latérales !

« Comme son nom l’indique, le biscuit est cuit deux fois. »

VRAI. Le préfixe latin bis signifie « deux fois ». À l’époque où l’on faisait de longs voyages en mer ou que l’on participait à des campagnes militaires, on emportait des biscuits dans ses provisions. Ces galettes, cuites deux fois, étaient de consistance dure, bien pratique pour être conservées et transportées !

« La crevette se nomme ainsi car elle saute comme une chevrette. »

VRAI. Le nom crevette est la forme normande ou picarde de « chevrette ». Le « h » a disparu et le « r » a changé de place par un procédé nommé métathèse. Rabelais, dans ses écrits, utilisait déjà « chevrette » au sens de « crevette ». En effet, la crevette se déplace dans l’eau en faisant de petits sauts, comme le ferait une chevrette en liberté, gambadant dans un pré !

« Littéralement, Lucifer apporte les ténèbres. »

FAUX. C’est l’inverse ! En français, le latin lux, lucis signifie « lumière », tandis que le verbe ferre veut dire « apporter ». Lucifer (luci + fer) est donc le « porteur de lumière ». Avant d’être assimilé au diable et à Satan dans la religion catholique, c’était l’ange de la lumière. Mais il a été déchu après s’être révolté contre Dieu.

Sandrine Campese
Crédit photo

Découvrez nos précédents « vrai-faux sur l’origine des mots » !

Échec et mat, marathon, haricot de mouton… Vrai-faux sur l’origine des mots (1e partie)

Kangourou, vasistas, à tire-larigot… Vrai-faux sur l’origine des mots (2e partie)

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Il ne faut pas oublier le mot potable
Certains érudits pensent qu’il est issu de potabilis qui vient lui même de potare (boire).
Alors que c’est tout simplement de l’eau que l’on peut mettre dans un pot sur la table.
Merci pour vos billets !

Pour ce qui est de Lucifer, à noter qu’en Suédois une allumette (les célèbres « allumettes suédoises », taillées dans le bois de bouleau local) se dit « lucifer ». On retrouve là aussi la création de lumière, selon l’étymologie que vous rappelez.

Merci Sandrine pour ces précisions, toujours passionnantes.
Pour le mot crevette, je comprends mieux maintenant pourquoi les Cajuns de Louisiane l’appellent « chevrette »: c’est l’ancien français qui s’est maintenu.