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À trancher une bonne fois pour toutes : « continuer à » ou « continuer de »

Voici une question que nos lecteurs ont dû se poser au moins une fois au moment d’employer le verbe « continuer ». Avec quelle préposition se construit-il : « à » ou « de » ? Les deux ! Mais alors, laquelle choisir ? Voici quelques éléments pour se décider… une bonne fois pour toutes !

Une différence de style

À l’instar du verbe « commencer », qui s’emploie fréquemment avec la préposition « de » dans la langue écrite, la forme « continuer de » se rencontre chez de nombreux auteurs. Par exemple, Zola écrit dans La Bête humaine (1890) : « il continuait de faire chaud ».

Faut-il en conclure que « continuer de » est réservé à la littérature et « continuer à » à la langue populaire ? Non, puisque Francis Cabrel emploie « continuer de » dans un titre de son dernier album intitulé Partis pour rester : « Mais l’horloge […] peut continuer de tourner », chante-t-il. Si l’artiste à l’accent méridional, connu pour la beauté et la poésie de ses textes, a choisi la préposition « de », c’est que cette tournure est forcément la plus élégante !

Une nuance de sens

Autre argument encourageant à distinguer les deux tournures, « continuer de » et « continuer à » n’auraient pas exactement le même sens. « Continuer à » s’appliquerait à une action commencée et qui se poursuit ; « continuer de », à une action que l’on a l’habitude de faire.

Un seul exemple pour vous en convaincre : un homme qui « continue à boire » poursuit l’action qu’il avait commencée, à savoir porter un verre à ses lèvres pour boire le liquide qu’il contient. Alors qu’un homme qui « continue de boire » persiste dans ses habitudes d’alcoolisme. Autrement dit, en confondant les prépositions, vous risquez de faire passer un homme consommant simplement un apéritif pour un ivrogne !

En fait, dès que vous voulez dire « ne pas cesser de », c’est « continuer de » qui convient. C’est facile à retenir, la préposition « de » est présente dans les deux cas.

Un confort de prononciation

En plus du sens, la prononciation guide dans l’emploi de ces prépositions. On préférera « de » chaque fois que l’on peut éviter une liaison malheureuse ou un hiatus.

Parmi les cas de hiatus (succession de deux voyelles), citons, par exemple, « j’ai continué à appeler », qui est tout de même plus agréable sous la forme « j’ai continué d’appeler » !

En conclusion, se « tromper » de préposition ne saurait constituer une faute, mais choisir celle qui est la plus adaptée au contexte, la plus fidèle au sens et la plus flatteuse pour l’oreille fait partie des petites subtilités de notre belle langue dont, il faut bien l’avouer, nous continuons de raffoler !

Sandrine Campese

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Personnellement je penche clairement pour la nuance de sens ! Et puis, il me semble très subjectif de dire que « continuer de » est plus élégant. Mais merci pour ce petit article (d’ailleurs, merci pour et merci de mériterait aussi un article, si pas déjà fait ;-D)

    Bonsoir Mel, c’est une subjectivité totalement assumée par la rédactrice de l’article, fan de Francis Cabrel ;-). Blague à part, c’est en évitant la proximité des deux sons vocaliques qu’on gagne en élégance, à l’oral. Bonne soirée.

        Vous savez, ce n’est pas le Projet Voltaire qui « complique la langue », nous n’avons pas autant de pouvoir ;-). Nous ne faisons qu’indiquer la norme en vigueur, établie par des grammairiens, des linguistes, des lexicographes… Bonne journée.

Merci pour cet éclaicissement aussi utile que plaisant.
Et comme je continuais à lire à article, je continue de fouiller les petites erreurs concernant les h aspirés ou non.
Celui de « hiatus » (étymologie latine) devrait être muet (comme hiéroglyphe et hyène) et donc, il aurait fallu écrire « Parmi les cas d’hiatus ».
Mais, ceci une autre histoire… 
Cordialement
Philippe

    Bonjour cardinalderetz, nous ne faisons que suivre le dictionnaire, notamment Le Petit Robert qui indiqué à « hiatus » : [jatys ; ‘jatys]. Bon après-midi.

    Bonjour cardinalderetz,

    Pourriez-vous m’éclairer ?
    Homme ne comprend pas de h aspiré et pourtant on peu dire par exemple : « il s’agit d’hommes trentenaires … »

      Bonjour Chantal, « homme » comprend en effet un « h » muet, (en phonétique : [?m]) c’est bien pour cela que l’on fait l’élision dans votre exemple. Bonne journée.

Bonjour …

Continuez de nous donner de si claires explications et nous continuerons à vous lire …
L ‘ ai-je bien descendu ? Hum …

Merci, chère madame, vous m’avez rendu un fier service et votre argumentation était claire et sans faille (sans « s » final…)
Je vais lire les autres articles. Je sens que je vais me régaler…
Cordialement

Merci pour cet article! Je suis en train d’écrire une fiction que je compte publier sur Wattpad, et je me posais la question concernant ce verbe (« de » ou « à »?), et j’ai eu ma réponse! ^_^

Bonjour Sandrine pourriez-vous m’expliquer pourquoi on dit des délices royales et des amours fatales et non Rouyaux et fataux pourtant délice et amours sont des masculins et merci

    Bonjour Sami, les noms amour, délice et orgue ont une particularité : ils sont masculin au singulier et féminin au pluriel (dans la langue littéraire). Voici l’explication donnée par Larousse :

    Amour
    Au singulier, le mot est masculin : un amour fervent. L’emploi du féminin singulier (une belle amour) relève d’une recherche stylistique délibérée (effet d’archaïsme ou plaisanterie, notamment). Au pluriel, le mot est masculin dans le registre courant (elle a eu des amours ardents et des passions jalouses), féminin dans le style soutenu ou poétique ( « le vert paradis des amours enfantines », Ch. Baudelaire ).
    Quand il s’agit des représentations du dieu Amour (en peinture, sculpture, etc.), amour est toujours masculin, au singulier comme au pluriel : des amours sculptés.

    Délice
    Délice est masculin au singulier (un délice), féminin au pluriel (des délices infinies), sauf après un des, un de, le plus grand des où il reste masculin : un des plus grands délices.
    remarque La langue courante tend à garder le masculin au pluriel dans tous les cas.

    Orgue
    Masculin : un orgue du XVIIe siècle ; les orgues de ces trois églises sont neufs. – Le mot est aussi employé au féminin pluriel pour désigner un instrument unique, notamment dans l’expression figée grandes orgues : « Car M. Dorval habitait Rouen, où il tenait à Saint-Ouen les grandes orgues que venait de livrer Cavaillé-Coll » (A. Gide).

    Bonne journée !

Bonjour,
Pourriez-vous me dire si il est plus correct d’écrire : « ils continuent de prélever mon loyer » ou « ils continuent à prélever mon loyer » ? Merci .

Cdt

Dites-donc Sandrine, « l’artiste connu par la beauté de ses textes », vous êtes sûre que ça se dit !? °_°
C’est plutôt « connu pour… », logiquement.

    Bonjour, la construction « volonté de + verbe » est la plus courante. D’après le Trésor de la langue française, on parle de « volonté d’agir, de croire, de douter, de gagner, de guérir, de vaincre. L’homme ne peut, par aucun recours, échapper à l’insuffisance ni renoncer à l’ambition. Sa volonté de fuir est la peur qu’il a d’être homme (G. Bataille). » Bon dimanche.

Bonjour,

Diriez-vous, « je continue à me former régulièrement » ou « je continue de me former régulièrement » ?
Il s’agit d’une personne qui a déjà une formation et précise à sa clientèle qu’elle compte effectuer des formations complémentaires.

Merci !

Puisqu’il s’agit ici d’analyse de la langue, je me permets de souligner votre « cas de hiatus ».
D’hiatus, très chère, d’hiatus. Je sais, c’est moche.
V.

    Bonjour, voici ce qu’indique l’Académie française : en ce qui concerne « hiatus », les auteurs ne s’accordent pas tous sur le « h » initial. Les uns le considèrent comme aspiré et les autres comme muet. Nous avons suivi Grevisse qui écrit : « ce hiatus », « au hiatus », « du hiatus ». Il est vrai, cela étant, que pour la huitième édition de notre Dictionnaire, nos prédécesseurs l’avaient considéré comme muet et on lisait « cet hiatus », « l’hiatus ». Avec hiatus, cher V., j’ai l’impression qu’on est tombés sur un os ;-). Bon week-end !

Article intéressant. Je trouve « continuer de » plus soutenu.

En revanche, votre exemple me laisse perplexe.

Dans le premier cas, «  »il continue à boire », le verbe boire est utilisé dans son sens premier. Alors que le second exemple fait référence à « boire », dans le sens d’être porté sur la boisson.

Aussi auriez-vous pu dire: « Cet ivrogne continue à boire. » et cela aurait toujours le même sens. Qu’importe l’action.
Ou inversement: « Le président posa son verre puis finalement continua de boire. »

    Bonjour Pythagoras, l’exemple cité ne fait qu’illustrer la nuance selon laquelle « continuer à » s’appliquerait à une action commencée et qui se poursuit ; « continuer de », à une action que l’on a l’habitude de faire. Suivant cette logique, « Cet ivrogne continue à boire » signifie « Cet ivrogne est toujours accoudé au bar et se fait servir un autre verre ». Si vous intervertissez les deux prépositions, la nuance s’estompe. En revanche, dans l’exemple sur le président, la préposition « de » semble mieux convenir pour une question d’euphonie (« continua à » n’est pas très gracieux). Bonne journée.

Merci pour cette réponse toute simple et précise… Je me la posais depuis bien longtemps. Finalement inconsciemment j’appliquais cette méthode (celle de la musicalité de la phrase) Quant à cette différence très ténue, il semblerait que ça s’applique comme de nouveau et à nouveau.
Bien cordialement et merci encore