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Saint-Valentin : déclarez votre flamme avec des mots littéraires !

Fête commerciale pour les uns, rendez-vous immanquable pour les autres, la Saint-Valentin ne fait pas l’unanimité. S’il est vrai que l’amour se célèbre chaque jour, il n’y a pas, semble-t-il, d’inconvénient à (re)déclarer sa flamme le 14 février. Mais comment éviter de tomber dans la banalité, dans le cliché ? Pas de panique ! Voici quelques mots élégants et originaux, à glisser dans les missives, courriels, textos, voire sextos que vous adressez aujourd’hui à l’être aimé ou désiré…

Pour qualifier un homme séduisant

Pourquoi ne pas piocher dans le vocabulaire de la mythologie grecque ? Apollon, par exemple, est l’incarnation de la beauté masculine, mais pas que ! Il est aussi le dieu des arts, du chant, de la musique, de la poésie et de la lumière. Comment lui résister ? Par un procédé nommé antonomase, ce nom propre peut s’utiliser comme nom commun (« Tu es mon apollon »).

Autre dieu grec d’une très grande beauté, un peu moins connu, Adonis. Aimé d’Aphrodite, son pendant féminin, il sera tué par un sanglier. Tout comme l’apollon, l’adonis désigne, au sens large, un homme très beau. Connu pour sa beauté et sa jeunesse, l’éphèbe, également d’origine grecque, vient compléter le duo.

Bien sûr, lorsque ce physique avantageux permet avant tout d’enchaîner les conquêtes, c’est le nom don Juan, plutôt péjoratif, qui est de mise. Dans le même esprit, citons le lovelace, séducteur pervers et cynique, du nom d’un personnage de roman. Messieurs, passez votre chemin !

Pour complimenter une femme

Une femme qui vous séduit par sa joie de vivre, son sourire, est accorte (avenante, gracieuse) ou sémillante (d’une vivacité plaisante, agréable). Elle est pleine d’alacrité, c’est-à-dire de gaieté. Si elle est attirante, séductrice, elle pourra être qualifiée d’alliciante. A-t-elle des traits séraphiques, qui évoquent les séraphins, les anges ? Ses joues sont-elles parsemées d’éphélides, le nom savant des taches de rousseur, du préfixe grec epi- et du nom grec hêlios (« le soleil ») ?

Pour louer les attraits physiques féminins, traditionnellement nommés appas, quantité de mots s’offrent à nous. A-t-elle des avant-cœurs délicats ou généreux, terme créé par Honoré de Balzac pour désigner les seins de la femme ? Est-elle mince et gracieuse ? Dans ce cas, c’est une sylphide, de Sylphe, le génie de l’air dans les mythologies gauloise, celte et germanique. A-t-elle des fesses rebondies ? Si oui, l’adjectif callipyge lui ira à ravir. On reconnaît dans ce mot, d’origine grecque, le préfixe calli- (« beau ») et pugê (« fesse »). La Vénus callipyge, chantée par Brassens, incarne l’esthétique féminine dans le monde grec.

Vénus est le nom de la déesse romaine de l’amour et de la beauté, équivalente à la grecque Aphrodite. Le peintre italien Botticelli lui a rendu hommage dans une célèbre toile intitulée La Naissance de Vénus.

Pour avouer ses sentiments

 

Pourquoi ne pas réintroduire le sens premier de l’adjectif aimable, qui signifie littéralement « digne d’être aimé » ? Lorsque, dans Madame Bovary, Flaubert écrit qu’Emma est « aimable », ça ne veut pas dire qu’elle est juste sympathique et polie !

Si vous voulez dire à l’être aimé que tout chez lui vous plaît : le fond et la forme, le physique et la personnalité…, vous pouvez utiliser la tournure littéraire « le disputer à ». Par exemple : « Ta beauté le dispute à ton intelligence » ce qui signifie « ta beauté rivalise avec ton intelligence ». Le nom heur, sans « e », qui compose les noms bonheur et malheur et signifie « chance », mérite d’être réhabilité : « Cela fait six mois que j’ai l’heur de te connaître », « Aurai-je un jour l’heur de te plaire ? » Les sentiments peuvent être ressentis sans être déclarés : en son for intérieur, c’est-à-dire dans le tribunal intime de sa conscience, ou in petto, expression d’origine italienne signifiant « dans la poitrine » autrement dit « en secret ».

Chez l’homme, la dévotion à l’être aimé est incarnée par le sigisbée, nom issu de l’italien cicisbeo désignant le chevalier servant d’une dame.

Et si les sentiments sont enfin mis au jour, ce peut être au terme d’une oaristys, un entretien amoureux, une conversation galante. D’origine grecque, le mot s’écrit avec un i puis un y. « Ah ! les oaristys ! les premières maîtresses ! », se réjouit Verlaine dans le poème Vœu tiré du recueil Poèmes saturniens.

Pour être un peu plus suggestif

L’être aimé dégage certainement des effluves reconnaissables entre mille ! Notez que le nom effluves, qui s’emploie généralement au pluriel, est de genre masculin. Lesdits effluves peuvent être subtils, boisés, musqués… Et quand ils pénètrent jusqu’à vos narines, ils sont enivrants, adjectif qui ne prend qu’un « n » et que l’on peut d’ailleurs prononcer [énivrant] si on le souhaite ! Son souffle sur votre nuque, ses doigts graciles qui vous effleurent peuvent rendre votre peau ansérine, adjectif signifiant littéralement « de l’oie » et désignant la chair de poule ! À moins que cette réaction épidermique ne soit due aux mots qu’il ou elle vous susurre à l’oreille.

Les mots en -scent

Est-ce un hasard si de nombreux mots ayant trait à la sensualité, à la suggestivité, se terminent par -scent ? Citons les adjectifs érubescent (« qui rougit, devient rouge »), incandescent (« d’un rouge vif, d’une chaleur intense » et aussi « plein d’ardeur, d’exaltation »), concupiscent (« attaché aux plaisirs sensuels, lascif »), turgescent (« gonflé, enflé »).

Lorsque l’amour est consommé… et que l’on veut recommencer !

Vous pensez sans cesse aux derniers ébats avec votre bien-aimé(e) ? Écrivez-lui : « Notre dernière nuit m’a laissé un souvenir immarcescible. » Cet adjectif littéraire qui, bien plus rarement, peut s’orthographier immarcessible, signifie « qui ne peut se flétrir », autrement dit, éternel, impérissable, inextinguible… On parle surtout d’une gloire immarcescible, d’un souvenir immarcescible. Il faut dire que ces ébats vous ont mené(e) au sommet du plaisir, que l’on peut désigner par l’acmé (nom féminin ou masculin) ou l’apogée (nom masculin), vous ont permis d’accéder au septième ciel, autrement appelé empyrée, nom masculin qui vient du latin chrétien empyrius (« embrasé, de feu »). Au sens figuré, c’est le séjour des bienheureux, le monde de l’au-delà. Atteindre l’empyrée, c’est tout le bien que nous vous souhaitons pour cette Saint-Valentin… et tous les autres jours de l’année !

Sandrine Campese

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