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Jardin, cour, filage, paradis… Parlez-vous « théâtre » ?

Le vocabulaire du théâtre est riche de termes très imaginés, dont l’explication est souvent historique. Ainsi, l’interjection « Merde ! » que l’on utilise familièrement pour souhaiter bonne chance à une personne qui passe un examen ou un entretien, par exemple, vient du théâtre. Le mot « paradis », qui compose le titre du film Les Enfants du paradis, a une acception bien particulière au théâtre. D’autres mots et expressions sont à (re-)découvrir au cours de cet aparté spécialement dédié aux lecteurs de notre blog !

JARDIN / COUR

Au théâtre, pour se situer sur scène, on utilise les mots « jardin » et « cour » (cf. les initiales de Jésus-Christ : J.-C.) à la place de « gauche » et « droite », du point de vue du spectateur. Pour le comédien qui est face au public, la « cour » est du côté de son « cœur ».

Pourquoi ces appellations ? Parce qu’au XVIIIe siècle, la troupe de la Comédie-Française était installée dans la salle des Machines du palais des Tuileries : la salle donnait d’un côté sur la cour du Louvre, et de l’autre sur le jardin des Tuileries.

FAIRE UNE ITALIENNE

C’est le fait, pour un comédien, de répéter son texte avec ses partenaires. À ce stade, il ne s’agit pas de jouer ni de mettre le ton, simplement de vérifier que chacun connaît ses répliques sur le bout des doigts. « Faire une allemande », c’est la même chose avec les placements.

FAIRE UN FILAGE

Une fois que chaque scène de la pièce a été bien travaillée, il est temps de passer aux filages. Faire un filage, c’est jouer la pièce en entier à chaque répétition pour s’habituer à la durée et à l’effort physique que cela demande.

MERDE !

Ne dites jamais « bonne chance » à un comédien, ça porte malheur ! Du temps où l’on venait au théâtre en calèche, les chevaux faisaient leurs besoins sur le parvis. Ainsi, plus il y avait de crottin, plus la pièce avait du succès. C’est pourquoi l’on dit « merde » pour souhaiter aux comédiens de faire salle comble. Et que répond-on ? Tout sauf « merci » !

BRISER LE QUATRIÈME MUR

C’est le fait, pour un comédien, de s’adresser directement au public. Au théâtre, le quatrième mur désigne le « mur » imaginaire qui sépare la scène des spectateurs. Les acteurs de cinéma aussi « brisent le quatrième mur » quand ils s’adressent directement à la caméra.

BRÛLER LES PLANCHES

C’est le fait de jouer la comédie avec talent et de remporter un immense succès au théâtre. Le verbe brûler fait référence aux bougies que l’on plaçait jadis sur scène pour éclairer les acteurs. L’équivalent au cinéma ? Crever l’écran !

L’ŒIL DU PRINCE

 Place d’où l’on voit le mieux le spectacle. En général, c’est le siège que choisit le metteur en scène lors des dernières répétitions, car il bénéficie d’une vue idéale sur la scène. L’œil du prince se situe aux environs du septième rang, au centre de la rangée. 

ÊTRE SOUS LES FEUX DE LA RAMPE

À l’origine, cette expression signifie « être sur scène ». Ici, il n’est pas question de rampe d’escalier mais de rampe d’éclairage : des lattes en bois sur lesquelles on installait des chandelles afin d’éclairer la scène. L’arrivée de l’électricité a produit l’expression voisine « être sous le feu des projecteurs ».

FAIRE UN FOUR

Dans cette expression, le four symbolise l’obscurité, la même qui règne dans une salle de théâtre dont les lumières sont éteintes, faute de spectateurs… « Faire un four » (un flop, un bide…), c’est donc subir un échec. À l’inverse, « tenir l’affiche », c’est rester plus longtemps que prévu à l’affiche en raison du succès remporté par la pièce.

PARADIS

Ce joli mot désigne le dernier étage d’une salle de théâtre (également appelé « poulailler », mais c’est moins poétique !). C’est de ce paradis-là qu’il est question dans le film de Marcel Carné Les Enfants du paradis. À l’opposé, on trouve la baignoire qui ne sert pas à prendre des bains, mais à regarder le spectacle du rez-de-chaussée !

Sandrine Campese

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