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Dégun, emboucaner, gâté… Parlez-vous le « marseillais » ?

Vous avez prévu de passer vos vacances à Marseille et ses environs ? Avant de filer sur l’autoroute du Soleil, avez-vous pensé à réviser les mots et expressions qui sont d’usage dans la cité phocéenne ? Non ? Heureusement, notre petit guide de survie du parler marseillais vous évitera de « tomber la figure » (perdre la face) !

À M’MENT DONNÉ

Comprendre : « à un moment donné ». Tic de langage très prisé des Marseillais, qui n’hésitent pas, au passage, à manger des syllabes. À m’ment donné, faut pas trop se fatiguer non plus… Mais le procédé inverse existe aussi : « pneu » devient « peneu » ! En stylistique, on appelle ça une « épenthèse ».

BONNE MÈRE

C’est le surnom que les Marseillais donnent à la basilique Notre-Dame-de-la-Garde, qui surplombe la ville. Construite par un certain Espérandieu (ça ne s’invente pas !), elle est la gardienne des marins et des pêcheurs. C’est aussi une interjection que l’on peut traduire par « Bonté divine ! ».

ÇA PÈGUE

Vous n’avez plus aucune raison d’ignorer ce verbe qui a fait son entrée dans le dictionnaire ! « Péguer » signifie « être collant, poisseux ». Par exemple, la résine des arbres, le sirop pour la toux, la peau qui transpire… ça pègue ! Dérivés : être empégué (soûl), se faire empéguer (se faire verbaliser).

ÇA VA

Pourtant banale, cette expression est source de bien des malentendus entre les sudistes et le reste du monde. Si un(e) Marseillais(e) vous dit « Ça va », il ne vous demande pas forcément si vous allez bien. Pour lui, l’expression équivaut à « OK », « d’accord ». Exemple : « Tu m’appelles en rentrant ? — Ça va ! »

CAGOLE

Fille du Sud qui se maquille, s’habille et parle de façon vulgaire. Elle porte souvent des grosses boucles d’oreille et mâche son chewing-gum la bouche ouverte. Ce type de femme attire peu les Marseillais, qui préfèrent La Cagoleen bouteille, nom d’une bière locale. « Arrête de faire ta cagole » signifie« Arrête de parler fort, de te faire remarquer ».

DÉGUN

Ne répondez pas « qui ? » lorsqu’un(e) Marseillais(e) vous dit « Y a dégun ! ». « Degun » signifie « personne ». Par nature, un Marseillais « craint dégun », c’est-à-dire qu’il n’a peur de personne. Miracle, vous venez enfin de comprendre les paroles de la chanson d’IAM« Ti’es fada, je crains dégun… ».

EMBOUCANER

Prendre quelqu’un pour un imbécile, le faire marcher. Si vous racontez des mensonges à un(e) Marseillais(e), il vous dira « arrête de m’emboucaner ! ». Autres sens : « puer » (il emboucane, ce parfum !), et à la forme pronominale, « se prendre la tête » (ils se sont emboucanés).

GÂTÉ

Un câlin, une étreinte… Si un(e) Marseillais(e) dit « Viens faire un gâté ! », c’est une invite à venir dans ses bras. S’utilise aussi comme petit nom affectueux : « mon gâté », « ma gâtée » (au lieu de « mon chéri », « ma chérie »).

MINOT

Un enfant, un gamin, un gosse… C’est l’équivalent marseillais du « biloute » de ch’Nord ! Si à Marseille on vous demande « Tu as des minots ? », on veut savoir si vous avez des enfants. « Minot » s’emploie aussi au féminin : « Arrête de faire la minotte ! »

Y FAIT MOINS 20

Vous vous rendez à Marseille en plein hiver ? Préparez-vous à entendre les Marseillais maugréer « Y fait moins 20 » (comprendre : « Il fait moins 20 degrés ») dès qu’ils mettent le nez dehors. Leur plus grande crainte ? Choper le squinfus, maladie imaginaire typiquement sudiste !

Sandrine Campese
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Pas une seule fois n’est cité le mot « provençal », la langue d’où vient l’accent et de nombreuses expressions comme « emboucaner », « dégun », « cagole »..oubli grossier ou volonté nationaliste française de nier le fait provençal ?

    Bonjour Argala Mistral, aucune « volonté nationaliste » ou que sais-je encore ! L’autrice (en l’occurrence moi-même) étant d’origine marseillaise, elle est naturellement encline à évoquer le « parler marseillais » plutôt que le « parler provençal », le premier étant, de toute façon, contenu dans le second. Les mots que vous évoquez, elle les a entendus et appris à Marseille, au sein de sa belle région provençale. Mille excuses si vous avez pu être heurté que le terme « provençal » ne revienne pas plus dans l’article qui s’intitule « Parlez-vous le marseillais ? ». Elle aurait sans doute choisi des mots un peu différents si le titre avait été « Parlez-vous le provençal ? ». Peut-être un prochain sujet ? Bon dimanche à vous !