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Enquête : les jeunes et la prise de parole à l’oral

Selon une enquête menée par l’association Eloquentia, les entreprises attendent de leurs jeunes collaborateurs qu’ils soient capables de s’exprimer correctement et de défendre leurs idées à l’oral… mais le peuvent-ils tous ? Quelles sont les solutions pour progresser ?

Sommaire

    S’il est fondamental de bien s’exprimer à l’écrit, l’oral a également une importance notable, et cela concerne en particulier la jeunesse. C’est ce que révèle une étude menée par l’association Eloquentia au début de l’année 2025.

    Les entreprises désireuses de travailler avec des salariés à l’aise à l’oral

    Pourquoi est-il si important de bien parler ? D’abord parce que cela ouvre les portes du monde professionnel et permet de « gravir des échelons ». L’étude menée par Eloquentia révèle ainsi que, lors du recrutement d’un jeune collaborateur, 94 % des entreprises jugent les compétences orales importantes. 90 % estiment par ailleurs que le fait de bien s’exprimer facilite l’intégration. Enfin, 84 % d’entre elles soutiennent que plus les responsabilités sont grandes, plus on est amené à prendre souvent la parole.

    Les entreprises ne semblent a priori pas réticentes à confier des responsabilités aux jeunes collaborateurs qui les rejoignent. Ainsi, nombre d’entre elles affirment faire confiance à un jeune de moins de 25 ans pour :

    • animer une réunion d’équipe (87 %) ;
    • prendre la parole pour convaincre des clients (84 %) ;
    • représenter l’entreprise lors d’un salon professionnel (82 %).

    Reste que, pour cela, le jeune en question doit impérativement maîtriser les codes du langage : 73 % des sociétés estiment qu’une personne s’exprimant bien à l’oral inspire davantage confiance que les autres. Si, en moyenne, la première attente d’une entreprise vis-à-vis de ses candidats porte sur la maîtrise de l’outil informatique ou numérique (28 %), la deuxième concerne la capacité à défendre ses idées, à débattre et à argumenter (26 %).

    Cela n’a rien d’étonnant. Comme le souligne pour Eloquentia Isabelle Drouet de la Thibauderie, spécialisée dans l’accompagnement des professionnels RH, les compétences orales « renforcent la confiance en soi, essentielle pour oser prendre la parole et affirmer ses idées. Elles améliorent aussi les relations interpersonnelles en favorisant une communication claire, notamment en situation de tension ou de crise. Enfin, elles sont au cœur du leadership : savoir transmettre une vision et mobiliser une équipe est un atout majeur pour évoluer et faire grandir l’organisation. »

    Des jeunes qui paraissent à l’aise à l’oral…

    Face à ces besoins, qu’en est-il des jeunes ? Sont-ils à l’aise à l’oral, comme cela est attendu d’eux ? Il semble que oui… à première vue. Selon l’étude en effet, 55 % des jeunes estiment être bien préparés par l’école au fait de débattre, d’argumenter et de défendre ses idées. Ils sont même 73 % à considérer être à l’aise pour cela. De plus, 72 % trouvent qu’ils ne font pas de fautes d’orthographe et de grammaire.

    L’étude révèle également dans le détail la confiance que les jeunes ont dans leurs capacités :

    • 81 % pensent être en mesure de transmettre une émotion à travers leur voix, leur langage corporel et leurs expressions faciales ;
    • 74 % estiment être en mesure d’utiliser leur corps et d’occuper correctement un espace durant une prise de parole ;
    • 74 % considèrent savoir faire preuve de répartie ;
    • 72 % pensent savoir trouver les mots pertinents pour bien communiquer leurs idées.

    Faut-il en conclure qu’entre des entreprises souhaitant recruter des personnes à l’aise à l’oral et des jeunes a priori confiants dans leurs capacités, il y a « match » ? La réalité est plus complexe.

    … mais une réalité contrastée

    Les résultats de l’étude d’Eloquentia montrent en effet de profondes nuances. Près d’un quart des jeunes de 16 à 24 ans déclarent ne pas exposer leur point de vue lors d’une discussion. En cause : la peur de conséquences. 80 % de ces jeunes se seraient déjà autocensurés. On est loin de la confiance indiquée plus haut.

    Et si l’on sollicite l’avis des enseignants, quel est leur regard sur la situation ? Presque la moitié d’entre eux (49 %) considèrent que l’école prépare correctement les élèves à s’exprimer à l’oral. L’expression écrite, selon eux, prime sur d’autres apprentissages, comme ceux qui concernent l’oralité, et les relègue au second plan.

    Le constat est même encore plus sévère dès lors que les enseignants en viennent à ce qu’il se passe en classe. Selon l’étude, « 82 % estiment que leurs élèves sont stressés lorsqu’ils doivent parler en public, et 67 % jugent qu’ils ont du mal à gérer leur posture, un élément pourtant central dans la communication orale ».

    Autre sujet : les moqueries et le fait que les élèves se coupent la parole, comme l’ont déjà constaté 82 % des enseignants.

    Qu’en est-il des entreprises ? Elles sont 83 % à estimer que leurs jeunes collaborateurs sont compétents à l’oral. Une bonne note ? Oui, mais là encore, l’étude pointe des nuances. Ainsi, les dirigeants sont 72 % à affirmer que les jeunes de moins de 25 ans sont stressés lorsqu’ils prennent la parole en public. Ils estiment aussi que « les jeunes ont moins de facilité que leurs pairs plus âgés à parler calmement de sujets qui les touchent (41 %) et ont plus de mal à accepter d’avoir tort (43 %) ».

    Un tiers des entreprises ont déjà mis en place des dispositifs d’accompagnement ou de formation concernant la prise de parole. Signe, peut-être, que la situation n’est pas optimale.

    Enfin, si l’on examine les réponses des jeunes et la manière dont ils considèrent leurs propres compétences, on s’aperçoit encore une fois que la réalité se colore de nuances. Si 90 % d’entre eux se disent à l’aise à l’oral avec leurs proches, ce nombre tombe à 67 % pour les études et 56 % pour un entretien d’embauche. Les jeunes femmes et les jeunes en situation de précarité sont encore plus concernés.

    Karine Dijoud, professeure de lettres classiques en collège et animatrice du compte Instagram Les Parenthèses élémentaires, rappelle aussi que tous les jeunes ne sont pas à égalité devant leur propre langue, et que celle-ci est autant un moyen d’échange qu’un marqueur social. « On juge quelqu’un dès les premiers mots », affirme-t-elle pour Eloquentia. « Certains élèves sont livrés à eux-mêmes. Il faut leur donner envie de s’en sortir. Et oui, ça demande de la foi, c’est un véritable sacerdoce. »

    Comme nombre de ses collègues, elle estime que l’école pourrait mieux former les jeunes à l’oral. Malene Rydahl, auteure et conférencière en management et intelligence émotionnelle, va plus loin sur cette question. Citée par Eloquentia, elle rappelle : « En France, la question de la légitimité est très présente. Qui a le droit de s’exprimer ? Quel diplôme, quelle autorité ? Cela freine beaucoup la prise de parole, notamment chez les jeunes. J’ai été frappée par la crainte qu’ont les Français d’avoir tort, d’être ridiculisés. Au Danemark, l’erreur est perçue comme un levier d’apprentissage. Ici, elle est trop souvent vécue comme une faute. »

    Ainsi, derrière la posture globale de confiance affichée par les jeunes se trouvent :

    • des doutes et des faiblesses de la part des principaux intéressés sur leur prise de parole à l’oral ;
    • des apprentissages qui ne préparent pas suffisamment les jeunes selon les enseignants ;
    • des disparités liées notamment au genre et au niveau social ;
    • des entreprises ayant besoin d’être rassurées par le niveau de leurs jeunes collaborateurs.

    Des pistes pour avancer vers une meilleure maîtrise de l’oral

    Face à ces constats, comment avancer ? Rappelons une fois de plus l’importance de maîtriser sa langue et de bien s’exprimer : cela représente un atout majeur sur le plan professionnel, mais aussi dans la vie quotidienne. L’expression orale est dans bien des situations le moyen d’aller vers l’autre, de se faire entendre et de se construire. Or, il apparaît que, dans le cas des entreprises et des jeunes, certaines rencontres peuvent ne pas avoir lieu du fait d’un niveau de maîtrise de la langue jugé insuffisant.

    Dès lors, on comprend mieux l’appel de l’association Eloquentia à un sursaut. Au-delà de ce que le marché du travail peut offrir à des jeunes qui s’expriment bien, cela permettrait de façonner des destins mieux maîtrisés.

    À cet égard, il faut cependant préciser que tout ne va pas mal. Ainsi, si les jeunes – ou du moins certains jeunes – ont de véritables besoins en ce qui concerne l’expression orale, ils semblent en avoir conscience. En attestent les faits suivants, mentionnés par l’étude :

    • 88 % des jeunes sont d’accord avec le fait qu’avoir beaucoup de vocabulaire donne la possibilité de mieux exprimer ses idées ;
    • 80 % estiment que la maîtrise de la langue française améliore la confiance en soi ;
    • 86 % considèrent que cela ouvre des perspectives professionnelles ;
    • Enfin, plus généralement, 71 % sont conscients du fait qu’il faut bien connaître la langue française pour réussir dans la vie.

    Notons par ailleurs que malgré les lacunes éventuelles indiquées plus haut, les jeunes sont nombreux à ne pas refuser le débat ni la discussion, que ce soit dans le cadre familial (50 %), amical (45 %) ou scolaire (25 %). Ils ont donc conscience de la nécessité de maîtriser le français et ne « méprisent » pas le problème.

    Autre point positif : selon l’étude, les enseignants sont 69 % à estimer « qu’ils peuvent dialoguer facilement avec leurs élèves lors de situations conflictuelles ».

    Ils soulignent que la moitié des jeunes admettent ne pas savoir ou ne pas comprendre une idée, ce qui permet d’avancer. Enfin, et c’est peut-être là le plus important, les jeunes ne manquent pas d’empathie. Toujours selon les enseignants, ils sont 59 % à être attentifs aux émotions d’autrui, et sur l’ensemble de ces points, les jeunes progressent dès lors que les enseignants mettent en place des formations adaptées.

    Enfin, notons qu’au-delà du cadre scolaire ou éducatif, les initiatives et les outils existent pour faire en sorte que les jeunes s’expriment mieux à l’oral. L’engagement d’Eloquentia va dans ce sens. De notre côté, nous proposons également des solutions.

    Vous êtes enseignant et vous voulez que vos élèves progressent à l’oral ? Vous êtes dirigeant d’entreprise ou chargé des ressources humaines, et vous pensez que vos salariés doivent s’entraîner à mieux s’exprimer ? Vous souhaitez vous entraîner vous-même ? Découvrez dès maintenant notre parcours Expression Orale. Celui-ci permet :

    • de parler sans fautes, et d’éviter notamment les erreurs qui s’entendent à l’oral ;
    • de choisir les bons mots afin de s’exprimer avec justesse ;
    • de structurer son propos pour parler avec efficacité et cohérence.
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