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10 règles de grammaire plus compliquées pour les femmes

Nous vous voyons bondir d’ici… « Quoi ? Mais quelle espèce de mufle êtes-vous pour asséner ce genre de choses ? » Rassurez-vous, nous ne parlons certainement pas de compétences, mais de ces règles de grammaire pour lesquelles la présence d’un féminin peut provoquer des interrogations et susciter la réflexion, là où le masculin pose moins de soucis. Qui plus est, ces erreurs s’entendent souvent à l’oral. Voyez plutôt…

Sommaire

    Se permettre et se rendre compte

    Au masculin, il n’y a guère de souci avec ces deux règles. Un homme dira et écrira :

    • « je me suis permis » ;
    • « je me suis rendu compte ». 

    Et une femme ? « Je me suis permise » ? Eh bien, non. Si le verbe « permettre » est pronominal, les pronoms sont indirects. En d’autres termes, une femme doit dire et écrire : « je me suis permis. »

    Devra-t-elle dire par ailleurs qu’elle s’est « rendue » compte ? Eh bien, non : le participe passé « rendu », dans l’expression « se rendre compte », est toujours invariable. Une femme, comme un homme, s’est « rendu » compte de quelque chose. Admettez que les choses sont plus complexes au féminin dans ces deux cas.

    Enfin, en tant qu’homme, vous pouvez dire « je me suis fait faire un costume sur mesure ». Que dira une femme ? « Je me suis faite faire… » ? Eh bien, non, là encore, il y a une subtilité : immédiatement suivi d’un infinitif, le participe passé du verbe « faire » est invariable.

    Tout étonné et… « toute étonnée » ?

    Un homme peut être tout étonné et cela ne pose nul problème, d’accord. Une dame, quant à elle, peut-elle être « toute étonnée » ? Cela paraîtrait logique, mais ce n’est pas le cas ! Elle est également « tout étonnée ». La règle est la suivante :

    • Si l’adjectif qui suit « tout » est féminin et commence par une consonne, « tout » s’accorde en genre et en nombre : « elle est toute petite » ;
    • Si l’adjectif qui suit « tout » est féminin et commence par une voyelle, « tout » est invariable : « elle est tout ahurie ».

    Un peu retorse, pas vrai ? Et attendez, ce n’est pas fini… Qu’en est-il si l’adjectif qui suit « tout » commence par un « h » ?

    • S’il s’agit d’un « h » muet, « tout » demeure invariable : « elle est tout hésitante » ;
    • S’il s’agit en revanche d’un « h » aspiré, « tout » s’accorde : « elle est toute honteuse ».

    Ne riez plus quand on vous dit qu’au féminin, la grammaire française est plus complexe qu’au masculin.

    Malin… et « maline » ?

    « Cet homme est malin. » Aucun problème. Et cette femme, est-elle « maline » ? Ou « maligne » ? La question peut légitimement être posée : « bénin » donne « bégnine » et « sanguin » donne « sanguine » (et non « sanguigne »). Pour « malin »… les deux sont possibles !

    Pour être plus précis, la forme « maline » se rencontre de plus en plus souvent et semble tolérée. Notons toutefois que les dictionnaires de référence signalent une « tolérance » envers la forme « maline » et que l’Académie française recommande de privilégier « maligne ».

    Se faire « fort(e) » ?

    Cet homme est fort et il se fait fort de triompher de son ennemi. Cette femme est forte et elle se fait… « forte » ? Eh bien, non. On peut être tenté d’accorder au féminin, mais l’expression « se faire fort de » – qui signifie « se dire capable de » – est invariable.

    Il est nu-tête… et elle ?

    Un homme peut se présenter « tête nue » ou « nu-tête ». Une femme peut également se présenter « tête nue »… et « nu-tête » elle-aussi, et non pas « nue-tête ». L’adjectif « nu », s’il est placé devant un nom désignant une partie du corps, reste invariable.

    Il a l’air sérieux. A-t-elle l’air sérieux ?

    « Pas de problème ! » vous exclamez-vous peut-être. « Il a l’air sérieux » et « elle a l’air sérieux elle aussi ». Après tout, « sérieux » est un adjectif qui s’accorde avec le nom « air », pas vrai ? Figurez-vous que les choses sont un peu plus compliquées… Dans ce cas, si le sujet est un nom de personne, l’adjectif peut s’accorder soit avec lui, soit avec « air ». En d’autres termes, « elle a l’air sérieuse » est une phrase correcte. En revanche, l’accord avec le sujet est obligatoire si celui-ci est un nom de chose et non de personne, dans la mesure où un objet inanimé n’a pas « d’air ».

    Quand on vous disait que les choses étaient un peu plus compliquées au féminin… Nous croyez-vous maintenant ? Et attendez, nous n’en avons pas terminé.

    Le feu roi, la feue reine…

    Le roi est mort ? Vive le roi ! Quant au défunt monarque, nous lui souhaitons de reposer en paix et nous pouvons désormais dire de lui qu’il s’agit du « feu roi », expression consacrée pour désigner une personne décédée. On pourra dire également : « feu le roi ».

    Qu’en est-il d’une reine ? Là encore, quelques précisions s’imposent. On écrira « feu la reine », car « feu » demeure invariable s’il est placé avant un article défini ou un déterminant possessif. En revanche, s’il est placé après, il s’accorde ! Il faut donc écrire « la feue reine ».

    Nouveau-né… et au féminin ?

    Si l’on parle d’un enfant nouveau-né, il faut juste penser au trait d’union. Qu’en est-il maintenant s’il s’agit d’une fille ? Est-elle la « nouvelle-née » ? Eh non, elle est la « nouveau-née », car dans ce cas, seul « né » s’accorde en genre et en nombre. Ce sera aussi le cas pour « mort-né ».

    Mais si on veut parler maintenant du premier ou du dernier-né de la fratrie et qu’il s’agit d’une fille ? La règle change ! Dans ces cas-là, les deux mots (toujours reliés par un trait d’union) s’accordent en genre et en nombre. On dira et écrira : « la première-née », « la dernière-née ». Convenez que ce n’est pas simple…

    Le plus intelligent… et « le plus intelligente » ?

    On peut sans sourciller dire de cet homme qu’il est « le plus intelligent ». On pourra dira de cette femme qu’elle est « la plus intelligente ». Pas de problème jusque-là. Et pourtant, introduisons une nuance, celle du superlatif absolu : dans ce cas, on ne compare pas la personne à d’autres personnes, mais à elle-même (on pourrait dire : aux différents « degrés » ou « niveaux » d’elle-même). Eh bien, il faudra conserver « le » devant l’adjectif, mais néanmoins accorder celui-ci : « C’est dans ces circonstances qu’elle est le plus intelligente. »

    Étonnant, non ?

    « Tout à vous », « toute à vous » ?

    Terminons avec des questions plus intimes, si vous le voulez bien. Pas trop, rassurez-vous… mais un peu quand même. Un homme peut écrire : « Je suis tout à vous. » Dans ce cas, l’incertitude plane car cette phrase peut signifier deux choses : soit cela veut dire qu’il se tient à la disposition d’une autre personne, soit il s’agit d’une déclaration passionnelle.

    Si c’est une femme qui écrit, elle a le choix. « Je suis tout à vous » signifie qu’elle peut aider et « je suis toute à vous » signifie bien davantage… Au moins, le doute est levé ! Mais encore une fois, convenons qu’il vaut mieux, pour une dame, ne pas se tromper, au risque d’être très mal comprise.

    En conclusion, rappelons par ailleurs une autre évidence : l’accord du participe passé. Au masculin, on ne peut guère faire d’erreur : « je suis allé », « j’ai mangé ». Au féminin, il faut prendre garde : « je suis allée » (avec un « -e »), mais « j’ai mangé ».

    Et vous, connaissez-vous des règles de grammaires plus complexes au féminin ?

    Post-scriptum : notons que les problèmes mentionnés tout au long de cet article peuvent aussi se rencontrer au masculin pluriel. Il n’en reste pas moins que l’usage féminin exige, dans tous ces cas, un peu de réflexion.

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