Figure de style La polyptote : employer un même mot sous différentes formes La polyptote est une figure de style qui consiste à employer un même mot sous plusieurs formes grammaticales dans la même phrase, ce qui crée un effet d’amplification. Par exemple, si une dame soupire en regardant son mari et murmure : « Je l’ai toujours supporté, je le supporte, je le supporterai encore… », elle utilise une polyptote qui lui permet de mettre en avant sa patience à l’égard de son époux.. Évaluer mon niveau Pour progresser en français, faites le test ! Lancer l’évaluation On vous explique La polyptote n’est pas une simple répétition, puisque le mot (verbe, nom, adjectif…) revêt, comme précisé plus haut, différentes formes grammaticales : par exemple, un verbe peut être conjugué. Si c’est un adjectif, il peut être accordé de plusieurs manières, etc. Notons qu’il y a parfois débat sur le genre de ce mot, mais que l’Académie française le considère comme féminin. La polyptote nous vient du grec poluptôtos, qui signifie « à plusieurs cas » Strictement, la polyptote désigne la répétition d’un mot décliné à différents cas. La langue française ne reposant pas sur le principe des déclinaisons, on désigne simplement la polyptote comme la proximité, dans le discours, de plusieurs formes d’un même mot. L’Académie française propose cet exemple : « Oui, je la haïssais, je l’ai haïe, mais cette haine a disparu du jour où je l’ai prise en pitié. » Ici, « haïssais », « haïe » et « haine » constituent la polyptote. Exemples de polyptotes littéraires « Je l’ai aimée, je l’aime, je l’aimerai… » (Pierre Perret, Le Cœur dans mon béret) Dans cette chanson, Pierre Perret utilise une polyptote pour signifier la longévité de son amour. Le verbe « aimer » est en effet répété trois fois, de différentes manières. Francis Cabrel, dans le même registre, chante « Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai. » « Tel est pris qui croyait prendre. » (Jean de la Fontaine, Le Rat et l’Huître) Dans cette fable où un rat finit emprisonné dans une huître qu’il souhaitait manger, La Fontaine donne un enseignement fondé sur une polyptote : le verbe « prendre » à l’infinitif répond au participe passé « pris ». « Peut-être que je serai vieille, répond Marquise, cependant, j’ai vingt-six ans, mon vieux Corneille, et je t’emmerde en attendant. » (Georges Brassens, Marquise) Brassens, dans cette chanson, reprend le poème de Pierre Corneille, et ajoute un couplet dans lequel il utilise une polyptote : « vieille » répond à « vieux ». On peut noter qu’une polyptote était déjà présente dans le texte de Corneille : « On m’a vu ce que vous êtes, vous serez ce que je suis. » Exemples de polyptotes courantes Certains dictons et proverbes français sont établis sur une polyptote : Aide-toi, le ciel t’aidera. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Ce qui est pris n’est plus à prendre. C’est en forgeant qu’on devient forgeron. Déshabiller Paul pour habiller Jean. Les fonctions de la polyptote Mettre en avant une idée ou un sentiment Faire varier les formes d’un même mot permet à l’auteur d’attirer l’attention sur une idée précise, sur un sentiment, etc. Donner une musicalité au texte Le fait d’utiliser le même mot sous plusieurs formes peut conférer au texte une certaine musicalité et lui donner du rythme. Renforcer son argumentation Répéter une idée est également un procédé de rhétorique. La polyptote, à cet égard, est un outil pour convaincre. Avis de l'expert La polyptote permet d’enrichir le style, d’insister sur une idée ou de jouer sur les sonorités. Qu’elle soit utilisée à des fins rhétoriques, poétiques ou simplement expressives, cette figure de style démontre toute la souplesse et la richesse de la langue française. Exercice Exerçons-nous ! S’agit-il de polyptotes ? Chose promise, chose due. Un verre ça va, trois verres bonjour les dégâts. Comme on fait son lit, on se couche. Je suis tombé déjà ; je puis tomber encore. Mourant sans déshonneur, je mourrai sans regret. Réponses Ce n’est pas une polyptote mais plutôt une répétition ou un parallélisme. On peut considérer qu’il s’agit d’une polyptote : le mot « verre » est au singulier puis au pluriel. Ce n’est pas une polyptote. Cette phrase écrite par Victor Hugo dans Les Contemplations est bien une polyptote : on y trouve le verbe tomber sous les formes de l’infinitif et du participe passé. Cette phrase extraite du Cid de Corneille est une polyptote : le verbe mourir est employé au participe présent et au futur.