Figure de style

Le paradoxe : une manière de faire réfléchir

Est un paradoxe ce qui va contre le sens commun, ou bien une proposition qui semble contenir en elle-même des éléments contradictoires. L’étymologie est grecque : para signifie « contre », et doxa, « opinion ». En littérature, le paradoxe est une figure de style qui consiste à rapprocher deux mots ayant des sens radicalement opposés.

Projet Voltaire - Fiche de français

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On vous explique

Le paradoxe peut paraître proche de l’oxymore, mais sa fonction première est d’inviter à la réflexion ou à dévoiler une vérité complexe. Il va pour cela à l’encontre d’une vérité communément admise.

Exemples de paradoxes littéraires :

« Je dois être cruel, mais c’est pour être tendre. » (William Shakespeare, Hamlet)

Au cours de l’histoire, ce passage extrait de la quatrième scène de l’acte 3 a été traduit de différentes manières, mais le paradoxe demeure : Hamlet, dans cette tirade, met en avant le fait que pour bien agir, il est parfois nécessaire de se montrer cruel au préalable.

Un extrait de la pièce de théâtre de Molière, Les Femmes savantes

« Je consens qu’une femme ait des clartés de tout,

Mais je ne lui veux point la passion choquante

De se rendre savante afin d’être savante ;

Et j’aime que souvent aux questions qu’on fait,

Elle sache ignorer les choses qu’elle sait… »

Le grand dramaturge critique dans cette pièce les pédants qui se vantent d’instruire, mais qui n’ont guère de talent pour cela. Ici, le personnage Clitandre use d’un paradoxe : « Elle sache ignorer les choses qu’elle sait. »

« Les derniers seront les premiers. » (Évangile selon saint Matthieu)

Cette phrase supposément prononcée par le Christ selon l’un des évangiles met en avant le fait que celles et ceux qui ont une vie compliquée entreront sans difficulté dans le Royaume de Dieu.

Exemples de paradoxes courants :

« Si tu veux la paix, prépare la guerre. » (Si vis pacem, para bellum.)

Cette locution latine attribuée à l’écrivain romain Végèce suggère que le fait d’être prêt à faire la guerre évite d’avoir à se battre. Cela permet en effet de dissuader d’éventuels adversaires.

« Tout ce que je sais, c’est que je ne sais rien. »

Attribuée à Socrate par Platon, cette maxime passée à la postérité souligne la nécessité d’apprendre.

« Il faut savoir perdre du temps pour en gagner. »

Jean-Jacques Rousseau se servait de cet adage pour l’éducation. Depuis, on utilise ce précepte paradoxal dans de nombreuses situations. Généralement, cela permet de souligner le fait que certaines actions chronophages permettent de gagner un temps considérable.

« Il brille par son absence ! »

Ce paradoxe signifie que l’absence est particulièrement remarquée.

Fonctions du paradoxe :

1- Créer de la réflexion et de la profondeur

Les paradoxes contraignent le lecteur à remettre en question ses perceptions ou ses idées préconçues. Ils révèlent souvent des vérités complexes ou contradictoires.

2- Exprimer des tensions ou des contradictions

Les paradoxes permettent aussi de traduire par ailleurs les conflits intérieurs des personnages ou des dilemmes moraux.

3- Dénoncer ou critiquer

Les auteurs utilisent également le paradoxe pour exposer les absurdités ou les incohérences de la société ou des normes.

4- Éveiller la curiosité ou surprendre le lecteur

Le paradoxe permet enfin de capter l’attention en bousculant les attentes du lecteur.

Avis de l'expert

Loin d’être une simple contradiction, le paradoxe en littérature est une invitation à penser autrement, à saisir l’ambiguïté, à aller au-delà des croyances communément admises. Il incite à dépasser les évidences, à questionner les certitudes et à explorer les subtilités du langage.

Exercice

Exerçons-nous ! Ci-dessous, s’agit-il de paradoxes ?

  1. La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste. (Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer)
  2. Ne lisez surtout pas cette phrase !
  3. À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire. (Corneille, Le Cid)
  4. La propriété, c’est le vol ! (Pierre-Joseph Proudhon, Qu’est-ce que la propriété ?)
  5. Il est interdit d’interdire.

  1. C’est un paradoxe : il n’est pas aisé de concevoir que l’on peut trouver le bonheur en étant triste.
  2. C’est un paradoxe, puisqu’il est nécessaire de lire cette phrase pour savoir qu’il ne faut pas la lire.
  3. Ce n’est pas un paradoxe, mais plutôt une antiphrase. Il n’y a pas de contradiction apparente.
  4. C’est un paradoxe, puisque la propriété exclut par essence la notion de vol.
  5. C’est un paradoxe : les deux propositions se contredisent.
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