Figure de style La méiose : minorer ou déprécier quelque chose ou quelqu’un La méiose n’est pas seulement un processus de double division cellulaire. C’est également une figure de style d’atténuation qui consiste à minorer l’importance d’une réalité. Elle relativise ou déprécie un fait, une idée ou une situation. Il s’agit en quelque sorte d’une hyperbole inversée. Par exemple, si vous êtes félicité pour votre travail et que vous précisez immédiatement que tout le mérite revient à votre équipe, vous utilisez sans doute une méiose. Évaluer mon niveau Pour progresser en français, faites le test ! Lancer l’évaluation On vous explique Exemple d’une méiose littéraire « Voici, j’ose encore parler à mon Seigneur, moi qui ne suis que poussière et cendre. » (Ancien Testament) Ainsi parle Abraham dans l’Ancien Testament : il utilise une méiose, puisqu’il se déprécie en se comparant à de la poussière et de la cendre. Exemples de méioses courantes Comme vu en introduction, si vous dépréciez votre travail, vous utilisez une méiose. Si on vante vos compétences en informatique et que vous vous contentez de dire que « vous refaites ce que vous avez appris sur quelques forums en ligne », il s’agit d’une méiose. Si vous vous exprimez sur un conflit et diminuez la valeur du général pour louer celle des soldats, il s’agit également d’une méiose. Enfin, si vous êtes gravement blessé et que vous murmurez qu’il ne s’agit que d’une égratignure, c’est aussi une méiose. Les fonctions de la méiose Atténuer la réalité C’est la fonction première de la méiose. Par humilité, par altruisme, ou pour d’autres raisons, on peut être amené à déprécier ses propres qualités. On peut également ne pas reconnaître la gravité d’une situation ou l’importance d’un fait. L’exemple d’Abraham, mentionné plus haut, reflète cette volonté de se déprécier (en l’occurrence pour une raison religieuse, celle de se soumettre à Dieu). Renforcer l’intensité par contraste La méiose peut également – et paradoxalement – créer un fort effet de contraste : en utilisant une expression modeste ou banale, on attire l’attention sur l’ampleur réelle d’un fait ou d’une situation. Avis de l'expert La méiose se distingue de la litote, dont la fonction est d’en dire peu pour mieux suggérer quelque chose : par exemple, la célèbre phrase « Va, je ne te hais point » (Le Cid, Corneille) est une litote. La méiose se distingue également de l’euphémisme, qui vise à atténuer une réalité peu agréable : par exemple, parler des « pays en voie de développement », c’est faire usage d’euphémisme. Cependant, il est parfois difficile de faire la distinction entre méiose, euphémisme et litote. La méiose nous vient du grec ancien meiōsis qui signifie « amoindrissement » ou « diminution ». Proche de la litote et de l’euphémisme, la méiose insiste cependant davantage sur le caractère volontaire de la dépréciation. Elle peut être employée pour diverses raisons et joue un rôle subtil en laissant au lecteur ou à l’auditeur le soin de percevoir le décalage entre les mots et la réalité qu’ils désignent. Exercice Exerçons-nous ! S’agit-il de méioses ? Je me suis démené, mais j’ai échoué. Lucie va bien malgré sa chute : ce ne sont que quelques ecchymoses. Mes résultats sont à la hauteur de mes attentes. Ma contribution à cet ouvrage est très modeste. Mon couple traverse une zone de turbulences, tout ira bien. Réponses Il ne s’agit pas d’une méiose : l’auteur de cette phrase ne se déprécie pas. Il peut s’agir d’une méiose : on peut penser que l’auteur de cette phrase attenue la gravité de la situation afin de ne pas inquiéter son auditoire. Il ne s’agit pas d’une méiose : l’auteur de cette phrase ne se déprécie pas. Il s’agit d’une méiose : l’auteur de cette phrase relativise l’importance de son travail. Il s’agit d’une méiose : l’auteur de cette phrase minimise le fait que son couple va mal.
