Figure de style La gradation : énumérer des idées de plus en plus fortes La gradation, employée comme une figure de style, consiste en une énumération avec un effet d’amplification. Par exemple : « Elle était belle, magnifique, radieuse ! » On note une progression vers l’idée finale, la plus forte. Il s’agit donc d’une figure d’amplification. Notons que la gradation peut être ascendante ou descendante : dans ce dernier cas, on ne monte pas vers une apothéose, au contraire : « Il était petit, minuscule, microscopique. » Évaluer mon niveau Pour progresser en français, faites le test ! Lancer l’évaluation On vous explique Il ne faut pas confondre « gradation » et « graduation ». Comme le rappelle Bruno Dewaele : « La gradation est une progression, ascendante ou descendante. La graduation est liée à l’action de graduer, de marquer un instrument de mesure. » Exemples de gradations littéraires « Va, cours, vole et nous venge. » (Le Cid, Corneille) Voici un très bel exemple de gradation. Ici, Corneille emploie trois mots qui permettent de marquer une intensité de plus en plus forte. « Je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé mon argent. » (L’Avare, Molière) Dans cette tirade désormais célèbre, Molière fait prononcer une gradation à son personnage, Harpagon. Il y ajoute une bonne dose d’humour en terminant par « on m’a dérobé mon argent », afin de montrer que pour l’avare, cela est pire que tout, y compris d’être tué. Harpagon s’écrie par ailleurs : « Je me meurs, je suis mort, je suis enterré », une nouvelle gradation. « C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap ! … Que dis-je, c’est un cap ? … c’est une péninsule ! » (Cyrano de Bergerac, Edmond Rostand) Voici un nouvel exemple de gradation. Celle-ci, toutefois, peut sans doute aussi être considérée comme une auxèse, qui consiste à employer une suite d’hyperboles. Exemples de gradations courantes Il n’est pas très fréquent de recourir à la gradation pour marquer son humeur. Nous utilisons plus volontiers l’ironie ou l’hyperbole. Toutefois, il peut nous arriver de multiplier les adjectifs pour nous faire comprendre : « Je suis fâché, furieux, exaspéré par ton attitude ! » Les fonctions de la gradation Créer un effet d’intensité Qu’elle soit « montante » ou « descendante », la gradation donne une dynamique au discours. Renforcer l’expressivité La gradation renforce l’émotion, la tension dramatique, voire l’exagération. Produire un effet comique ou dramatique Selon le contexte et comme vu plus haut, une gradation peut renforcer le caractère tragique ou dramatique d’une situation (exemple de Corneille avec Le Cid) ou au contraire tourner une situation en dérision (exemple de Molière avec L’Avare). Avis de l'expert La gradation est la figure de style d’amplification par excellence. Elle permet de mettre en relief une idée en jouant sur l’intensité. Qu’elle soit ascendante ou descendante, elle capte l’attention, structure le discours et intensifie les émotions. Exercice Exerçons-nous ! S’agit-il de gradations ? Il murmure, il lève la voix, il crie. Elle le touche, elle le frôle, elle l’effleure. Je suis… surpris… ému… bouleversé. Il prit la route, se perdit et retrouva son chemin. Il hurla, parla fort, puis chuchota. Réponses C’est une gradation : il y a bien une progression. Ce n’est pas vraiment une gradation : la progression n’est pas assez nette. C’est une gradation : il y a bien une progression. Ce n’est pas une gradation, plutôt une suite d’événements. C’est une gradation descendante.
