Figure de style L’allégorie : incarnation d’une idée abstraite L’allégorie est une figure de style qui consiste à représenter une idée abstraite ou un concept par une image, un récit ou une scène concrète et souvent symbolique. Elle permet de rendre une notion immatérielle plus accessible et visuelle en l’incarnant sous une forme tangible. Évaluer mon niveau Pour progresser en français, faites le test ! Lancer l’évaluation On vous explique En littérature, il n’est pas toujours facile de distinguer l’allégorie d’autres figures de style. Par exemple, il est évident que dans un tableau, un squelette brandissant une faux est une allégorie de la mort. Mais si l’on parle de la faucheuse dans un livre, cela peut être vu au premier abord comme une métaphore ou une personnification. La différence réside dans le fait que la métaphore porte sur un seul élément, et l’allégorie, sur une pluralité. Là où la métaphore établit une assimilation, l’allégorie incarne les différentes facettes d’une idée abstraite au moyen d’une image. Par exemple, la femme aux yeux bandés portant une balance et une épée est une allégorie classique de la justice : elle en représente les différents éléments. Les yeux bandés marquent le fait qu’elle considère équitablement celles et ceux qui se présentent devant elle. La balance symbolise l’idée de jugement, et l’épée, la sanction. Nous sommes bien là face à la représentation des diverses fonctions de la justice : c’est une allégorie. À l’inverse, si l’on dit que la balance de la justice penche en faveur d’une personne, il s’agit plutôt d’une métaphore. Le terme « allégorie » vient du grec állos (« autre ») et agoreúô (« parler en public »). Il y a donc l’idée de présenter autrement quelque chose, de manière à ce que ce soit compréhensible par le plus grand nombre. Exemples d’allégories en littérature et dans les arts : Les traits de caractère peuvent être représentés au moyen d’allégories. Ainsi, dans la fable de Jean de La Fontaine Le Corbeau et le Renard, le renard est une allégorie des flatteurs. « Apprenez que tout flatteur Vit aux dépens de celui qui l’écoute. Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. » La vie, la mort, la liberté, l’égalité prennent souvent la forme d’allégories. Par exemple, dans la chanson Supplique pour être enterré sur la plage de Sète, Georges Brassens évoque la Camarde, figure allégorique de la mort. « La Camarde qui ne m’a jamais pardonné D’avoir semé des fleurs dans les trous de son nez Me poursuit d’un zèle imbécile. » Le pays ou la nation sont souvent représentés également sous forme d’allégories. On peut évoquer Marianne, femme coiffée d’un bonnet phrygien, représentant la République française, très présente notamment dans la sculpture et les chansons. « L’Oncle Sam » est quant à lui utilisé pour représenter les États-Unis d’Amérique. Par ailleurs, certaines idées peuvent être représentées de manière allégorique. Ainsi, le philosophe Platon convoque une caverne pour expliquer l’ignorance des hommes et l’importance du savoir. Exemples d’allégories courantes : Pour représenter l’amour, plus précisément le fameux coup de foudre, on convoque souvent l’ange Cupidon et son arc : il tire des flèches dans le cœur des amoureux. La faucheuse – un squelette armé d’une faux et généralement recouvert d’une cape noire – est une allégorie fréquemment utilisée, en particulier dans les dessins de presse, la bande dessinée… La colombe est l’allégorie de la paix. Dans ce cas, elle porte la plupart du temps un rameau d’olivier dans le bec. Certaines institutions ont également droit à leur allégorie : l’Élysée est parfois appelé « le château », avec tout ce que cela suppose en matière de concentration de pouvoirs. Enfin, le monde du sport a lui aussi ses allégories. Le stade Geoffroy-Guichard est surnommé « le Chaudron » pour évoquer à la fois sa forme et la ferveur bouillonnante de ses supporters. Certains clubs ont leur surnom allégorique : la Maison Blanche ou Casa Blanca pour le Real de Madrid (pour insister sur sa grandeur et le fait qu’il s’agisse d’une « institution ») ; la Vieille Dame ou Vecchia Signora pour la Juventus de Turin (pour insister sur sa longévité, le club ayant été fondé en 1897). Il faut toutefois noter que certaines allégories n’ont pas la même signification partout. Ainsi, dans les contes et légendes occidentaux, le dragon est souvent l’incarnation du diable. Parfois protecteur de trésors, il peut être le révélateur des défauts humains (avarice ou orgueil). Dans les légendes orientales, en revanche, le dragon est plutôt le symbole de la nature, à la fois protectrice, nourricière, et parfois dévastatrice et redoutable. Les fonctions de l’allégorie : 1- Rendre l’abstrait concret L’allégorie facilite la compréhension d’idées complexes grâce à l’utilisation de personnages, de situations ou d’objets. 2- Illustrer un message moral ou philosophique L’allégorie est souvent utilisée pour transmettre des leçons ou des réflexions, notamment dans les fables, les paraboles ou les textes religieux. 3- Faciliter la mémorisation Les récits allégoriques sont souvent plus faciles à retenir que des concepts purement abstraits, car ils s’appuient sur des images frappantes ou des histoires captivantes. 4- Donner une portée universelle Les allégories utilisent des symboles qui transcendent les cultures ou les époques, ce qui permet une compréhension plus large et durable. Avis de l'expert Les différentes fonctions de l’allégorie en font une figure de style très utilisée dans la littérature et l’art en général. Certaines allégories sont très ancrées dans la culture populaire. Outil d’éducation, de critique ou d’émotion, elles représentent un moyen de transmettre des messages profonds et de susciter la réflexion. Exercice Exerçons-nous ! Ci-dessous, s’agit-il d’allégories ? Un monstre marin s’attaquant à Jonas Un cœur représentant l’amour Le personnage criant sur le célèbre tableau d’Edvard Munch Le lion dans la fable de La Fontaine Le Lion et le Rat Les Phocéens, le surnom désignant les joueurs de l’Olympique de Marseille Réponses C’est une allégorie : ce monstre incarne la toute-puissance de Dieu. Ce n’est pas une allégorie, qui est supposée représenter toutes les facettes d’une idée abstraite. Le seul cœur est sûrement insuffisant. Cela peut certainement être considéré comme une allégorie de l’angoisse ou de la peur. Le personnage est déformé, se tient le visage, semble effrayé, tout cela dans un monde dont les frontières se brouillent. Le lion peut être considéré comme une allégorie des personnes puissantes et haut placées, qui ont malgré tout toujours besoin des personnes du petit peuple. Ce surnom ne peut sans doute pas être considéré comme une allégorie : il s’agit plutôt d’une référence historique, Marseille étant à l’origine une cité fondée par des Grecs venant de la région de Phocée.
