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Les grands hommes à l’origine de ces noms communs : Milord l’Arsouille

« Mais quel arsouille, celui-là ! » Voilà un mot au sens péjoratif, qui peut désigner aussi bien un enfant indiscipliné qu’un ivrogne ou encore un homme aux mœurs légères. Mais saviez-vous que ce terme nous vient d’un personnage de l’histoire parisienne du début du XIXe siècle : Charles de La Battut ? Vous cherchez le lien ? Le voici, prenant la forme d’un énorme malentendu.

Charles de La Battut était alors un jeune parisien d’une vingtaine d’années, fils d’un riche pharmacien anglais dont il avait hérité. Il s’était fait connaître dans les soirées mondaines parisiennes, notamment lors du Carnaval de Paris. L’histoire raconte qu’il dépensait son argent à tout va, qu’il apparaissait dans les rues avec un long char rempli de personnes masquées.

Cependant, les Parisiens, cherchant à savoir qui se cachait derrière ce masque, en étaient arrivés à croire qu’il s’agissait d’un riche Anglais connu sous le nom de lord Henry de Seymour. C’est donc en pensant à lui qu’ils surnommèrent ce personnage de carnaval sulfureux « Milord l’Arsouille ». Un arsouille est en argot de l’époque un mauvais sujet, un fêtard.

Pour eux Milord l’Arsouille était le pendant dévergondé du lord anglais lors de ses virées parisiennes. Le malentendu était installé et fit finalement du tort aux deux personnages concernés. Lord de Seymour tenta de démentir, sans jamais vraiment pouvoir y parvenir. Quant à Charles de La Battut, le richissime fêtard ne put que constater à son grand désarroi – on dit même qu’il en mourut – qu’on attribuait son personnage et la reconnaissance qui l’accompagnait à un autre. Le personnage de Milord était entré dans l’Histoire.

Le verbe « arsouiller » existait déjà depuis la fin du XVIIIe siècle. En argot, il désignait un souteneur de tripot (une maison de jeu mal famée). Plus tard il s’étendit pour signifier « avoir des mœurs de voyou ». On retrouve ce terme dans le livre de Maurice Blanc, « Arsène Lupin », et le personnage de Milord l’Arsouille inspira, dès le début du XXe siècle, un court métrage, un roman et un film, retraçant chacun sa légende. Le personnage fut même chanté par Édith Piaf, dont l’interprétation de ce « Milord » reste encore dans de nombreux esprits.

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