Indubitablement, laconiquement, subrepticement… 10 adverbes pour « briller en société »

Nous le savons, la langue française est riche, très riche. Or, la plupart du temps, nous utilisons un vocabulaire courant, certes compréhensible de tous, là où nous pourrions oser quelques coquetteries de langage.
Et si vous glissiez dans une future conversation l’un des adverbes suivants, appartenant au langage soutenu, juste pour lui rendre hommage ? Et, qui sait, peut-être susciterez-vous la curiosité et l’admiration de votre interlocuteur…

Compendieusement : de manière compendieuse, c’est-à-dire « en abrégé ». Ironie du sort, pas moins de cinq syllabes composent cet adverbe ! On peut tenter, par exemple, d’expliquer compendieusement la théorie de la relativité restreinte. Voir plus bas : « laconiquement ».

Indubitablement : de façon indubitable, dont on ne peut douter. Dans la chanson du film Mary Poppins « Supercalifragilisticexpialidocious », Mary dit : « Et si vous le dites à l’envers, ça vous donne dociousaliexpisticfragilcalisuper, mais c’est tout de même aller un peu loin… » « Indubitablement ! », répond Burt.

Inextinguiblement : vient de l’adjectif inextinguible, « qu’il est impossible d’éteindre ». Dans L’Iliade et l’Odyssée, Homère évoque le « rire inextinguible » des dieux. À placer dans une lettre d’amour : « Mon désir pour toi croît inextinguiblement ». Au feu !

Iniquement : de manière inique, « qui manque à l’équité, qui est contraire à la justice ». Bien moins commun que son synonyme « injustement » ! Attention tout de même, si vous employez l’expression « le juge inique », de ne pas créer de malentendu…

Laconiquement : de manière laconique, c’est-à-dire brièvement, en peu de mots. Ce terme vient du grec Lakônikos, « de Laconie » (région de Sparte). Les Laconiens avaient en effet la réputation d’être des gens concis ! Lorsqu’une personne n’émet que des « oui » ou des « non » à vos questions, vous pouvez rétorquer : « Arrêtez de me répondre laconiquement ! »

Ontologiquement : de façon « ontologique », relative à l’être. C’est l’adverbe préféré des philosophes, et notamment de Michel Onfray ! Au lieu de dire de quelqu’un « je l’apprécie en tant qu’être », préférez « je l’apprécie ontologiquement ». Du plus bel effet !

Révérencieusement : c’est le synonyme soutenu de « respectueusement ». Madame de Sévigné écrivait dans ses lettres « Untel vous salue très révérencieusement ». On utilise également cet adverbe à la forme négative : « irrévérencieusement » (pas facile à prononcer !) À un ado rebelle : « Parle-moi révérencieusement et je te répondrai peut-être ».

Subrepticement : de façon subreptice, c’est-à-dire discrète et furtive. Voltaire employait l’adverbe dans ses correspondances. Dans le langage courant, on dirait « en douce » et familièrement, « en loucedé ». À placer… subrepticement bien sûr ! « Je t’ai vu prendre subrepticement mon téléphone portable. Chercherais-tu quelque chose ? »

Subséquemment : c’est l’équivalent soutenu de « après », « ensuite ». « Subséquemment, subséquemment, subséquemment que je ne comprends pas », chante Jacques Brel dans Le Caporal casse-pompon. À un ado rebelle (bis) : « Range ta chambre et subséquemment tu auras le droit de sortir. »

Sororalement : de manière sororale, comme une sœur. « Sororalement » est l’équivalent, pour des sœurs, de l’adverbe « fraternellement ». Si votre meilleure amie est comme une sœur, alors vous l’aimez sororalement.

Sandrine Campese

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Bonjour Sandrine !
Rien à voir avec ce qui précède : une amie m’a soumis naguère (= récemment !) l’énigme suivante :
« Je tiens dans la main droite un verre d’eau, et dans la main gauche un ver de terre. Comment puis-je écrire : les deux …(verres ? vers ?) tombent ??? » Phrase a priori impossible à écrire… y a-t-il un mot savant pour la désigner ?
Merci de la réponse éclairée que vous m’enverrez… incessamment !

    Bonsoir Jean-Claude ! La question ayant déjà été posée sur notre forum, je vous réponds compendieusement ;-). L’énigme est basée sur l’homophonie entre « verre » et « ver ». Je vous en livre une autre : « Il était une fois un sot qui se promenait à dos d’âne. Il portait dans la main droite un seau d’eau, et dans la gauche, le sceau du roi. L’âne, tentant un saut, trébucha, les trois [so] tombèrent. Comme écrire le dernier [so] de la phrase ? Réponse : Il n’y a qu’un seul sot : celui qui tente (vainement) de trouver une réponse à ce problème ;-). Bonne soirée.

J adore j adore,!!!!

Je prends plaisir a vous lire et cela me permet de conserver un niveau bien soutenu de la langue de Moliere.
Oui on peut perdre son latin quand on est submergee 24/24 heures dans une autre langue.

Merci Sandrine