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Doubles consonnes : d’où viennent-elles, à quoi servent-elles ?

Doubler ou ne pas doubler ? Telllettrese est la question. Une question  qui prend parfois des allures de dilemme, avec deux « m ». Ces doubles consonnes, situées en milieu de mots, se font rarement entendre dans la prononciation courante. Dommage : les distinguer à l’oral nous aiderait à bien les écrire. Faute de mieux, il ne nous reste qu’à mémoriser l’orthographe des principaux intéressés, avec deux « s ». Après les consonnes finales muettes, préparez-vous, ce mois-ci, à voir double !

accalmie

Ce nom a été formé à partir de l’adjectif calme, auquel on a ajouté le préfixe latin ad-, équivalent du français « re- ». Placé devant le « c » de calme, ad- est devenu ac-. Voilà pourquoi accalmie s’écrit avec deux « c ». Littéralement, donc, l’accalmie est le « retour au calme ». Mais pour combien de temps ?

appeler

Les deux « p » d’appeler étaient déjà présents dans la racine latine appellare. Quant au nombre de « l », il suffit de tendre l’oreille. Il y a deux « l » quand on entend le son [è] : « je rappelle », « nous rappellerons », etc. Il n’y a qu’un « l » quand on entend le son [eu] : « tu appelais », « ils ont rappelé », etc.

dilemme

C’est assez rare pour être souligné, dilemme s’est toujours écrit « dilemme ». Certes, les langues antiques le faisaient finir par un « a », mais les deux « m » ont toujours été là. Il n’y a donc aucune raison d’écrire « dilemne » sur le modèle d’indemne (sans dommage), lequel a donné « indemnité » et « indemniser ».

échappatoire

Pourquoi y a-t-il deux « p » à échappatoire ? En référence au verbe latin excappare, littéralement « sortir de la chape (cappa) » c’est-à-dire « laisser seulement son manteau aux mains du poursuivant ». Notons que le nom est de genre féminin : une échappatoire.

intéressant

Il ne vous viendrait pas à l’idée de mettre deux « r » à « intérêt », n’est-ce pas ? Eh bien, c’est la même chose pour l’adjectif intéressant. L’accent (aigu) sur le « e » qui précède le « r » doit vous mettre sur la voie : il est allergique aux consonnes doubles ! Désormais, vous n’hésiterez plus avant d’écrire des mots à rallonge comme « désintéressement ».

occurrence

Ce nom se rencontre surtout dans l’expression en l’occurrence. Pour vous rappeler son orthographe, dites-vous qu’une occurrence favorable (un heureux hasard) justifie tous les excès y compris deux « c » et deux « r » !

parallèle

L’orthographe de parallèle est directement tirée de ses racines grecque (parallêlos) et latine (parallelus). Bien sûr, l’orthographe de parallèle se retrouve dans ses dérivés : parallèlement, parallélisme, parallélogramme, parallélépipède, etc.

tranquillité

Le nom tranquillité vient du latin tranquillitas, dérivé de tranquillus (tranquille). D’origine obscure, le terme pourrait venir de quies, quietis (repos, calme) qui a donné « quiétude ». À noter la présence des deux « l » dans tous les dérivés : tranquilliser, tranquillement, tranquillisant (calmant), tranquillisation (plus rare), tranquillos et tranquillou (bilou).

Sandrine Campese

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Étonnant votre explication d’échappatoire : la chape ou la cape ont bien perdu un -p, comme toutes les capuches, chapeaux et autres chapelles qui en dérivent ! Il y a toujours quelque chose qui m’échappe dans notre orthographe étymologique ! 😉

      L’Académie a bien fait d’homogénéiser les deux mots, mais elle a de nouveau commis un contresens étymologique : la racine latine est bacillum (bâton) que l’on retrouve dans le mot bacille (micro-organisme en forme de bâton). C’était donc « imbécille » que l’on devait retenir sans modifier imbécillité. Mais on n’en en est pas à une incohérence près. Allez expliquer tout cela aux jeunes gens…

Bonjour,
C’est l’une des difficultés majeures que j’ai en orthographe : les doubles consonnes 🙁
Malheureusement, hormis la connaissance d’un nombre astronomique de mots différents, aucune astuce, aucune méthode, aucun expert patenté, même, ne peut nous fournir une solution définitive pour ne plus faire d’erreur. Peut-être devriez-vous envisager l’écriture d’un livre ad hoc, comme vos précédents ouvrages 😉

    Bonjour, vous avez raison, les consonnes doubles nous paraissent bien arbitraires, et pourtant elles sont généralement justifiées par l’étymologie. J’ai proposé un certain nombre d’astuces visuelles portant sur les consonnes doubles dans mon ouvrage 99 dessins pour ne plus faire de fautes et je le plaisir de vous annoncer que d’autres se glisseront dans le tome 2, à paraître en septembre :-). Bon après-midi.

Ca me rappelle la blague du mec qui veut prendre un billet d’avion. La jeune femme lui demande son nom, GLLOQ, répond-il en épelant G 2L O Q. Celle-ci demande, si vous avez deux ailes au cul, pourquoi voulez-vous prendre l’avion ?