Chrysanthème, macchabée, « il nous a quittés »… Les mots et expressions liés à la mort (1/2)

Halloween, la Toussaint, le jour des Morts… La fin du mois d’octobre et le début du mois de novembre sont marqués par des célébrations funèbres. L’occasion de nous questionner sur l’orthographe et le sens des mots et expressions liés à la mort. Savez-vous vraiment écrire les noms chrysanthème et macchabée, accorder correctement le participe passé dans la phrase « Il nous a quittés » ? N’ayez crainte, voici de quoi éclairer votre lanterne.

ORTHOGRAPHE

Chrysanthèmes

Chrysanthème

Le nom de cette fleur automnale, utilisée pour orner les tombes à la Toussaint, a pour racine les mots grecs khrusos, « or », et anthemon, « fleur ». Avec son « y » et son « h », elle est de genre masculin. On dit et on écrit « un chrysanthème ».

Macchabée

Voilà un autre mot à l’orthographe difficile : deux « c », un « h » et une terminaison en -ée, rien que

cela ! Le nom macchabée, qui signifie « cadavre » dans la langue familière, vient de Macchabée, appellation d’un peuple biblique. Il est question, notamment, des Sept Macchabées ou encore de la Révolte des Macchabées. Le mot est de même origine que « macabre ».

N.B. Le nom macchabée fait partie de ces noms masculins terminés par -ée, comme caducée, colisée, lycée, mausolée, musée, périnée, pygmée, trophée

Succomber

Littéralement, succomber signifie « s’affaisser sous », autrement dit « cesser de résister », à la mort, bien sûr, mais aussi au sommeil, à la tentation… Pourquoi s’écrit-il avec deux « c » ? Parce qu’il vient du verbe latin succumbo, lui-même composé du préfixe sub- (sous) et de cubo (être allongé). Le « b » final de sub s’est transformé en « c » devant le premier c- de la racine cubo.

Trépas

Ce nom, d’emploi vieilli ou littéraire, désigne la mort d’une personne. À noter que le « s » ne se prononce pas, contrairement à celui que l’on trouve à la fin de l’adverbe hélas. On le retrouve dans l’expression « passer de vie à trépas ». Il a donné le verbe trépasser, « mourir, décéder ». Enfin, les « trépassés » désignent les morts, terme en usage dans le toponyme « la baie des Trépassés », située dans le Finistère, là où « finit la terre »…

GRAMMAIRE

Elle s’est fait tuer

Le participe passé de faire suivi d’un verbe à l’infinitif est toujours invariable. Même si le sujet est féminin, on ne l’accorde pas ! On écrira donc (pour rester dans le thème) « elle s’est fait tuer », et non « faite tuer ».

Elle s’est laissé(e) mourir

Traditionnellement, on accorde le participe passé « laissé » avec son sujet, bien qu’il soit suivi d’un infinitif. Mais, depuis les rectifications orthographiques de 1990, il est désormais possible de laisser « laissé » invariable lorsqu’il est suivi d’un infinitif, sur le modèle de « fait », ci-dessus.

Il nous a quittés

Cette formule, qu’on lit systématiquement dans les médias lors du décès de tel acteur ou de tel chanteur, est, la plupart du temps, mal orthographiée. Ici, le pronom personnel « nous » est complément d’objet direct du verbe quitter. On peut poser la question : il a quitté qui ? « nous ». Comme « nous » désigne une pluralité d’individus, hommes et femmes, il est masculin pluriel. D’où l’accord du participe passé au masculin pluriel : « quittés ». Bien sûr, si ce « nous » n’avait représenté que des femmes, on aurait écrit « quittées ».

Lire la suite : Cimetière, guillotine, RIP… Les mots et expressions liés à la mort (2/2)

Sandrine Campese

Crédit photo

Articles liés

J’ai lu cette phrase dans une annonce de décès: « la mort ne nous en pas laissé le temps ». Elle ne m’a pas l’air correcte.
Laissé ici ne devrait-il pas s’écrire au singulier, sans « s »? J’aimerais savoir ce que vous en pensez. Merci d’éclairer ma lanterne. Jacques

    Bonjour Jacques, on écrit bien « La mort ne nous en n’a pas laissé le temps. » Le COD « temps » est placé après le verbe. Quant au pronom « nous », il est ici COI. Voilà pourquoi on n’accorde pas le participe passé « laissé ». Bonne journée.