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Cluster, click and collect, contact tracing… comment le dire en français ? (1)

Si la crise sanitaire a considérablement bouleversé nos vies personnelle et professionnelle, elle a aussi influencé notre vocabulaire. De nouveaux mots sont apparus et se sont répandus par la voix politique et médiatique. Certains, comme déconfinement, télétravailler, sont forgés dans la langue de Molière, suivant, d’ailleurs, une parfaite logique. D’autres sont des mots anglais que l’on a adoptés tels quels. Ainsi, il semble que pour éviter l’apparition de clusters, et plus largement, endiguer l’épidémie, il faille développer le click and collect et s’appuyer sur le contact tracing. Vous vous demandez comment traduire ces anglicismes ? Lisez donc ce qui suit !

CLUSTER

« Un cluster se déclare dans un pavillon de l’hôpital d’Antibes », « Covid : les premiers clusters apparaissent dans les Ehpad », « Un cluster détecté après une retraite catholique dans l’Orne »… Voilà les résultats que l’on obtient lorsqu’on tape « cluster » dans les moteurs de recherche en ligne, et encore, cela ne concerne que l’actualité brûlante !

Le nom cluster a beau être un anglicisme, il figure dans les dictionnaires Larousse et Robert. Littéralement, il se traduit par « agglomérat ». Un cluster, c’est donc le groupement d’un petit nombre d’objets. Voilà pourquoi l’on parle de « cluster de granola », sorte de cookie constitué d’un « groupement » de graines, d’amandes, de noix de pécan, de noix de coco, de meringue… 

Certes, le cluster qui nous intéresse ici a aussi une acception médicale : il désigne un foyer épidémique. Dès lors, on peut se demander pourquoi ne pas utiliser cette expression, « foyer épidémique », voire « foyer de contamination », en lieu et place de ce énième anglicisme. « Parce que c’est plus long », se défendra « l’usage », surtout l’usage journalistique.

Sur son site, l’Académie française recommande d’employer les termes amas, agglomérat, groupe, agrégat ou encore foyer, mais ces propositions semblent peu satisfaisantes. Les premiers sont trop généraux employés seuls. Quant à foyer, il ne convient pas dans certaines tournures, comme dans notre exemple initial : « Un foyer se déclare… », sachant qu’un foyer est aussi un feu ! Et du côté de France Terme ? Dans le domaine « santé et médecine », seule l’expression « en grappe » est proposée comme équivalent à « en cluster ». Faute de mieux, cet anglicisme, déjà lexicalisé, semble avoir de beaux jours devant lui…

CLICK AND COLLECT

Mesdames, messieurs, trois mots anglais pour le prix d’un ! Car même le premier, click, est à l’anglaise. En effet, en français, « la pression exercée par le doigt sur le bouton de la souris d’un ordinateur » s’écrit « clic ». Quant au verbe (to) collect, il veut dire ici « aller chercher, aller prendre ». Cette expression désigne donc le service qui permet à un client de venir retirer les achats (collect) qu’il a auparavant faits en ligne (click). Bien pratique en ces temps de fermeture et de distanciation ! Comme souvent, la pratique est arrivée en France sans qu’on ait le temps (la volonté, la créativité ?) de remplacer l’expression la désignant par un équivalent français. 

En plus de sauvegarder la langue de Molière, cela permettrait de bien prononcer l’expression ! Dans une récente interview, Ségolène Royal a été incapable de la dire correctement. « Alors on nous dit « click »… Comment ça s’appelle ? », demande-t-elle au journaliste. Ce dernier, un brin amusé, lui répond « Click and collect ! » en prenant soin de bien articuler. Peine perdue, l’ancienne finaliste de l’élection présidentielle de 2007 balbutie un « cliquenne colette » qui n’a plus grand-chose d’anglais ni de compréhensible. Que les francophones butent sur des expressions anglaises qu’ils ne connaissent « ni des lèvres ni des dents », cela semble, en revanche, bien compréhensible. 

Deux possibilités s’offrent à nous : 

1/ franciser littéralement les deux termes, ce qui donne « clique et collecte » (toujours pas très facile à prononcer) ; 

2/ proposer une traduction, « retrait en magasin » voire « retrait au volant » (à condition de récupérer son achat en voiture). C’est le choix de l’Académie française.

Enfin, France Terme n’avait pas attendu la crise pour nous offrir un équivalent. Dès 2016, la commission a proposé  « retrait en magasin », mais aussi « cliqué-retiré ». Ce dernier, par sa brièveté et sa sonorité, paraît tout à fait satisfaisant.

CONTACT TRACING

L’expression, apparue au printemps, a connu un regain de popularité cet automne, à travers, notamment, l’application TousAntiCovid (initialement StopCovid). Celle-ci est présentée sur le site gouvernement.fr comme une « application dite de contact tracing ». Pas d’effort de francisation, donc, de la part du plus haut sommet de l’État. 

Voici la définition qu’en donne le site ameli.fr. Le contact tracing est « l’identification et la mise à l’isolement des personnes potentiellement malades et contagieuses, mais aussi le recensement de l’ensemble des personnes avec qui elles ont été en contact rapproché, au cours des jours précédant l’apparition des symptômes, afin qu’elles soient immédiatement invitées à se faire tester et qu’elles observent une période d’isolement à leur domicile ». 

Pour le moment, ni l’Académie française ni France Terme ne se sont exprimés sur le sujet. Quand on ouvre le dictionnaire Harrap’s, on peut lire à tracing : « calque ». Quant à Google Traduction, il propose « tracé ». Que pourrions-nous dire, à la place ? La traduction de tracing par « traçage » semble assez évidente. Cette acceptation figure d’ores et déjà dans Le Petit Robert : « suivi des déplacements de qqn et de ses contacts. Traçage (numérique), à partir des données du téléphone mobile. » Est-il nécessaire d’y adjoindre un complément ou un qualificatif, comme « traçage de contact », « traçage médical », « traçage social » ? Après tout, il s’agit bien de retracer l’historique de nos relations sociales. Nous attendons la proposition de l’Académie française, que nous avons interrogée.

Sandrine Campese

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concernant le fameux  » cluster » je regrette de lir e que le mot  » foyer » ne conviendrait pas pour des raisons d’interprêtation – Par ailleurs le  » click & collect » pouvait parfaitement se dire  » Achat & retrait » au pire  » clic & retrait » tout le monde aurait compris – Je n’ai rien contre l’anglais puisque je l’ai enseigné mais lorsque les mots existent en Français çà m’aggace profondément ces anglicismes que la plupart ne comprennent d’ailleurs pas ! pour la dernière expression  » cas contact » conviend très bien ! donc quand on veut on peut !!

Entre le live(direct) le vaccinodrome que google me signale comme faute l’imagination débordante des journalistes avec le klic and collec les innovations ne manquent pas les journaliste feraient mieux de vérifier leur auxiliaire ( être employé en lieu et place d’avoir une erreur que j’entend fréquemment ajoutons le drive et bien d’autre

Je suis excédée par toute cette invasion de l »Anglais, parfois dévoyé… Pouvez-vous me dire pourquoi le mot important a totalement disparu du vocabulaire de nos

commentateurs nationaux au profit du mot conséquent. Pédanterie quand tu les tiens! Et pourquoi on ne risque plus rien alors que. la chance est toujours là? je cours le risque d’être incomprise!!

Bonjour et merci pour cet article,
cliqué-retiré sonne bien mais ne le connaissant pas, j’utilisais cliqué-collecté qui me semble correct et proche de l’anglicisme (peut-être trop ?). Qu’en pensez-vous ?
Cordialement

    Bonjour Ken, vous pouvez très bien franciser l’expression en employant le verbe collecter, lequel ne vient pas de l’anglais, mais du nom français collecte, lui-même tiré du latin collecta (de colligere, « placer ensemble »). Il est de la même famille que « cueillir ». La définition du dictionnaire est « ramasser en se déplaçant » (collecter le lait, collecter des informations…). Ça fonctionne aussi pour d’autres choses, comme des livres, puisque, le cas échéant, on ne rentre pas, on ne reste pas dans la librairie. C’est la même idée que « retirer ». Bonne journée.

Bonjour,
Je suis une de vos abonnées.
Où puis-je trouver la liste des adjectifs qui commencent pas un « h » considéré comme aspiré ou muet.
Bien cordialement.

Madame Sandrine CAMPESE,
Merci pour vos explications sur les anglicismes employés, hélas, dans le parlé courant. Pour ma part, je parle anglais comme je respire mais je hais ces anglicismes utilisés par dizaines, surtout chez les jeunes. Et par dessus le marché (prochaine expression à expliquer de votre part dans un prochain chapitre), tout le monde utilise le mot anglais : « cool » alors qu’il signifie l’exact contraire de ce à quoi il est employé. Donc, tout le monde se trompe en voulant qualifier une situation ou une action agréable.

    Bonjour Giton, merci pour votre message. Comme vous êtes très attaché à notre belle langue, j’en profite pour corriger votre « parlé » en « parler » :-). Concernant « cool », je trouve le sens actuel plutôt cohérent si je me fie à mon Grand Robert de la langue française :
    ÉTYM. 1952, in Höfler ; mot angl., proprt « frais », d’abord par opposition à hot « chaud », employé en musique.
    Anglicisme.
    1 Mus. Jazz cool : style de jazz succédant au bop, aux États-Unis (vers 1960), caractérisé par un jeu moins expressionniste, un phrasé moins exubérant, un traitement du tempo plus discret. Style, jeu cool. « Ce son, cool et paresseux… » (l’Express, 10 nov. 1979, p. 29). — Adv. Jouer cool.
    2 (1964). Fam. Calme, imperturbable et détendu. T’es pas assez cool. Il est cool, le mec. Une voix, des manières très cool. « Les infirmiers sont cool. Toujours disponibles » (le Nouvel Obs., 22 oct. 1973).
    Bonne journée !

Dans mon entreprise a été créé un groupe « green-team » afin d’attirer les salariés vers du tri sélectif par exemple. Comment nommer cette équipe en français ? Avec bien sûr une phonétique accrocheuse!

    Pas simple, cher Yves ! Avez-vous des idées de votre côté ? Sur ce sujet, les termes francisés sont généralement « vert », « durable », « éco »… À voir ce que cela peut donner avec « groupe », « équipe », « collectif »… Un « écollectif » ? Bonne journée et bonne année !

      Merci pour votre réponse, Sandrine. Je crois qu’un acronyme serait une solution pour franciser ce groupe de travail. Et j’ai toujours beaucoup de plaisir à vous lire! J’irai vous poser d’autres questions sur une autre plateforme… Et mes compliments pour cette nouvelle année!

En effet, on n’en peut plus de ces anglicismes ! J’ai entendu il y a quelques jours un scientifique parler de « mass testing »… Et encore aujourd’hui, une publicité pour une marque de voitures françaises annonce les « Christmas Days », après les Black Friday, Black Week et Boxing Days… Dans quelques années nous parlerons tous le « fifty fifty », l’anglais et le français mélangés à hauteur de 50% chacun !

Pourriez-vous me confirmer que « digital » est bien un anglicisme et qu’on devrait utiliser seulement numérique en français ? La pire expression, à mon avis, est « digitale et numérique » .
Cordialement. Paul

    Bonjour Paul, je vous confirme que, en ce sens, « digital » est un anglicisme. C’est ce qu’indique, notamment, Le Petit Robert, qui recommande l’emploi de « numérique ». Bien sûr, on peut toujours utiliser « digital » pour dire « qui appartient aux doigts » (empreintes digitales…). Bonne journée.

      Bonjour
      je m’immisce dans vos échanges comme un vermisseau dans cette fourmilière de mots et de calembours variés. Mais nombre de substantifs nous proviennent d’anciennes colonies, d’abandonnés protectorats, ou encore de territoires perdus aux jeux. Peu après 1945 nous avons échangé notre colossale dette (2,5 milliards de dollars) envers nos sauveurs américains contre une série d’anglicismes, de blondes cigarettes et d’un paquet de films qu’on vénère encore aujourd’hui . Et nous régalons encore nos bambins de films d’animation « made in USA »… Merci à Sandrine Campese de nous alerter sur une seconde défaite de notre langue face à ce néo-terrorisme : l’anglicisme à tout-va. Achtung! soyons vigilants! Champagne!!

        Bonjour Yves, merci pour votre message. Ne crions pas à la défaite trop vite, les défenseurs de la langue de Molière, dont je suis, et dont nous sommes, au Projet Voltaire, n’ont pas dit leur dernier mot :-). Bonne journée et bonne année.