Origine, majuscule, féminisation : 3 questions que vous vous posez sur le nom « maire » !

Les dimanches 15 et 22 mars prochains se tiendront les élections municipales, un rendez-vous qui a lieu tous les six ans en France. Vous aurez donc, chères (é)lectrices, chers (é)lecteurs, la possibilité de voter pour les membres du conseil municipal, lesquels éliront en leur sein un maire ou… un Maire ? À moins que ce ne soit une mairesse ou… une maire ? Et d’ailleurs, qu’est-ce qu’un(e) maire ? Vite, tranchons trois questions avant de nous rendre aux urnes.

1– D’où vient le nom « maire » ?

Maior, c’est-à-dire « plus grand », telle est l’origine nom maire ! Cet adjectif, variante de major (d’où « majeur »), est de la même famille que « maître » (anciennement maistre). Voilà pourquoi le maire se nommait maïeur(e) – ou mayeur(e) – au Moyen-Âge (et parfois encore en Belgique) et aujourd’hui bourgmestre dans les communes belges, néerlandaises, allemandes et luxembourgeoises.

D’ailleurs, quand on dit que le maire est le « premier magistrat de la commune », on emploie encore un mot de la même famille que maître : magistrat.

Et la définition participe à cette renommée étymologique ! Jugez plutôt : en France, depuis 1789, le maire est le « premier officier municipal élu par le conseil municipal, parmi ses membres, et qui est à la fois une autorité locale et l’agent du pouvoir central » (Le Petit Robert).

Vraiment, le maire, ce n’est pas n’importe qui ! D’ailleurs, ce magister mérite-t-il une majuscule ?

2- Faut-il une majuscule à « maire » ?

Non, quand on cite la fonction

Comme l’indique Marie-France Claerebout dans Faites le point !, ouvrage de référence en orthotypographie, les noms de fonctions et de grades, civils ou militaires, quand on évoque une personne, sont des noms communs et s’écrivent a priori en minuscules.

Dans le cas qui nous intéresse, on écrira : « Le maire a pris un arrêté anti-pesticides. » ; « Le maire de Marseille remet en jeu son mandat. »

Oui, quand on s’adresse à la personne

Toutefois, il est d’usage de leur attribuer une majuscule de courtoisie quand on s’adresse aux personnes elles-mêmes. En particulier dans les formules de politesse : « Je vous prie d’agréer, Monsieur le Maire, l’expression de mes sentiments distingués. » N.B. Monsieur (ou Madame) prendra également une majuscule dans ce cas précis.

La majuscule est également de mise dans les documents émanant de services rattachés à une personnalité politique : « cabinet du Ministre ».

Tous ces exemples sont bien masculins… Et les femmes qui deviennent édiles (de aedes, « foyer »), comment doit-on les appeler ?

3- Quel féminin pour « maire » ?

Une mairesse ?

D’après le rapport de l’Académie française sur la féminisation des noms de métiers et de fonctions, publié le 28 février 2019, les formes féminines en –esse sont encore en usage dans les juridictions, lesquelles recourent encore aux termes demanderesse ou défenderesse, bailleresse. Partout ailleurs, elles sont en train de disparaître. L’Académie cite en exemple mairesse, mais aussi notairesse ou doctoresse. La raison ? Toujours d’après « les immortels », ces formes « constituent une marque jugée excessive du sexe féminin ou revêtent une nuance dépréciative ». Elles sont donc supplantées par des formes plus simples, comme docteure, par exemple.

Une maire ?

L’Académie recommande donc de marquer le féminin par l’article, éventuellement l’adjectif ou le verbe, tout en gardant la me?me forme au masculin et au féminin. Les noms de me?tiers se terminant par un « e » muet se prêtent assez naturellement à cette forme. C’est bien le cas de « une maire », « la maire ».

Un maire ?

Certaines maires elles-mêmes préfèrent qu’on leur donne du « Madame le Maire », plutôt que « Madame la Maire », certainement en raison de l’homophonie renforcée avec « une mère », « la mère ». En fin de compte, avant de s’aventurer sur ce terrain encore glissant, mieux vaut demander à la principale intéressée ce qu’elle préfère ! Ou encore interroger l’ancien maire Noël… Mamère !

Sandrine Campese

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Bonjour,
Je me demande pour quelle raison vous prenez en référence l’avis de l’Académie française, sachant qu’il n’y a aucun linguiste parmi eux ? Ne serait-il pas plus pertinent de faire appel à des professionnels qui étudient comment les langues se sont construites et, par là, comment elles vont évoluer dans l’avenir ?

    Bonsoir Jacquart, rassurez-vous, sur les points évoqués dans l’article, les dictionnaires Robert et Larousse font les mêmes recommandations. Or ce sont les dictionnaires que nous suivons. Néanmoins, l’Académie française a édicté un rapport complet sur le sujet, voilà pourquoi nous le mentionnons. Bonne soirée.