Histoire d’une faute célèbre : « Simetierre »

Et si, cet été, nous passions en revue les fautes d’orthographe célèbres, celles qui nous ont marqués et sont passées à la postérité ? Quelques-unes sont involontaires et ne trouvent pas de justification particulière. La plupart ont une utilité, viennent servir le propos. Titres d’ouvrages ou de films, slogans d’affiches publicitaires, rien n’échappe au Projet Voltaire !

Simetierre, c’est avant tout le titre d’un roman de Stephen King, paru en 1983. La faute, déjà présente dans le livre, a bien entendu été conservée dans le film réalisé par Mary Lambert et sorti en 1989. Pour la comprendre, encore faut-il connaître l’histoire qui y est racontée.

Une orthographe enfantine

Les membres de la famille Creed emménagent à Ludlow, un petit village du Maine, en Nouvelle-Angleterre. Leur demeure est située juste à côté d’un
cimetière d’animaux de compagnie. À l’entrée de ce cimetière particulier, il y a un panneau sur lequel est inscrit, visiblement de la main d’un enfant, Pet Sematary.

Or, en anglais, « cimetière d’animaux domestiques » s’écrit pet cemetery. Il n’y a donc pas une, mais deux fautes, que la traduction française « simetierre » a parfaitement retranscrites : le « s » mis à la place du « c » a été conservé, tandis que le « r » a été doublé.

Le titre original, comme la traduction française, a l’avantage de se prononcer à peu près de la même manière avec l’une ou l’autre des orthographes. En revanche, dans la version française, la référence aux animaux a été définitivement… enterrée.

Affiche film Simetierre

Une erreur mal assumée

Par ailleurs, il est amusant de constater que la faute n’a pas été bien « intégrée » par le public français. En effet, lorsqu’on recherche « film Cimetière » sur Google, on obtient plus de 500 000 occurrences contre 30 000 à peine pour « film Simetierre ».

Les Québécois, bien plus à cheval sur le français que « nous autres », n’ont pas conservé la faute dans leur traduction, Cimetière vivant, qui, au passage, nous éclaire sur l’intrigue du film (mais était-ce bien nécessaire ?). En effet, ledit cimetière, situé sur les terres sacrées d’un peuple indien, est capable de ressusciter les morts.

Cimetière : origine et sens

Parce que leurs sonorités sont proches et que leurs sens sont liés, on pourrait croire que « cimetière » et « terre » sont de la même famille. Mais il n’en est rien. Le nom « cimetière » vient du latin coemeterium, lui-même issu du grec koimêtêrion, qui signifie « dortoir », et, par extension, « lieu où reposent les morts ». Quant au « cimeterre », c’est un sabre oriental à lame large et recourbée.

Enfin, Simetierre étant un cimetière d’animaux, difficile de ne pas penser à la célèbre chanson d’Eddy Mitchell, Le Cimetière des éléphants (1982), qui ne traite pas de l’endroit où, selon le mythe, les éléphants d’Afrique se rendent d’eux-mêmes pour mourir. Il n’est pas question non plus de la démission collective des dirigeants du Parti socialiste.

C’est une autre métaphore que le crooner français emploie dans sa chanson pour évoquer le déclin ou la mise au rebut de personnes ou d’objets jadis valorisés : « Te presse pas tu as tout l’temps / D’m’emm’ner au cimetière des éléphaaaants… ».

Sandrine Campese

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À quand un billet sur la célèbre faute d’accord de participe passé ornant l’original de la constitution de 1958, celle de notre V? République ? Depuis cette date, personne n’a pu s’en débarrasser…