Le mot juste : funèbre, funeste, macabre ou morbide ?

Brrr, ces quatre adjectifs font froid dans le dos. De prime abord, ils semblent tous avoir un rapport avec la mort. On aurait donc tendance à les employer indifféremment, comme s’ils étaient de parfaits synonymes. En réalité, chaque terme a un (ou plusieurs) sens bien précis et deux d’entre eux ne sont pas liés à la mort. Saurez-vous trouver lesquels ? Allez, on vous aide un peu…

Funèbre et macabre, unis par la mort

Commençons par « funèbre ». Sa racine latine, funus, a donné « funérailles », et c’est bien là son sens premier : « qui a rapport aux funérailles ».

D’où : des ornements funèbres, un service funèbre (la messe d’enterrement), les pompes funèbres (entreprise spécialisée dans l’organisation des obsèques), la marche funèbre (de Beethoven ou de Chopin ?), une oraison funèbre, un convoi funèbre…

Dans ce sens, les synonymes de « funèbre » sont funéraire ou mortuaire.

Mais funèbre a un sens plus large : « qui évoque la mort » (une veillée funèbre) et même « qui inspire un sentiment de sombre tristesse » : un visage funèbre, un ton funèbre (on pourrait dire : « lugubre », « sinistre »).

« Macabre » a également ces deux derniers sens :

– « qui évoque la mort » et, en particulier, les cadavres et les squelettes (une découverte macabre, une scène macabre, une plaisanterie macabre, un humour macabre). Rien d’étonnant à cela : « macabre » et « macchabée » ont la même origine !

– « qui est triste, sinistre, lugubre » (une soirée macabre).

Funeste et morbide : le malheur et la maladie

« Funeste » a la même racine que « funèbre » : le latin funus qui a donné « funérailles ». Et pourtant, il ne concerne pas la mort.

Ce qui est funeste « apporte le malheur avec soi, entraîne des conséquences néfastes, cause de grands dommages ». D’où : une erreur funeste, un incident funeste. On pourrait dire aussi « désastreux ». Victor Hugo a écrit : « C’est un funeste siècle et c’est un dur pays. »

Quant à « morbide », c’est un faux ami ! On a beau entendre « mort » dans « morbide », ce dernier vient du latin morbus, « maladie ». Il signifie donc « relatif à la maladie ». D’où un état morbide, une obésité morbide (on pourrait dire : « maladif », « pathologique »).

Au sens figuré, ce qui est « morbide » est « anormal », « malsain » : une curiosité morbide, une imagination morbide, ce qui ne veut pas dire, vous l’aurez bien compris, que notre esprit vagabonde en compagnie de la Grande Faucheuse !

Sandrine Campese
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Coucou
merci d’avoir précisé tout ça, il est tellement commun d’entendre des erreurs d’utilisation des mots par des gens en mal de synonymes qu’il faut enfoncer le clou.
Ce qui me taquine l’oreille pour l’obésité morbide c’est que c’est l’inverse pour le malade, il n’a pas un « mort bide », elle est même trop vivante cette bedaine.
amicalement