Dossier spécial : d’où viennent les noms des mois de l’année ?

Ah, « le joli mois de mai » ! Il touche bientôt à sa fin, laissant la place à « juin » ! Mai, juin, etc., pourquoi ces noms, au fait ? Quelle est leur origine ? Que signifient-ils ? Tous tirés du calendrier romain (alors que notre calendrier actuel est « grégorien »), la plupart font référence à des noms illustres de la mythologie et de la politique romaines. Ces quelques étymologies à l’appui, vous pourrez briller en société tous les premiers du mois !

Mai : la déesse Maia

Ne vous fiez pas à la petitesse de son nom : étymologiquement, il en dit long ! Le mois de mai est le mois de Maia, déesse romaine de la fertilité et du printemps. En effet, le latin maius, dont sont issus les deux noms (Maia et mai), signifie « plus grand ». Ils sont de la même famille étymologique que « maître ». La classe ! Mai symbolise la belle saison, la jeunesse, l’insouciance, avec son fameux proverbe : « En mai, fais ce qu’il te plaît ! » Dans le calendrier républicain, mai correspondait à floréal (période de l’épanouissement des fleurs) et à prairial, période des récoltes des prairies (fenaisons).

Juin : le premier consul Junius

L’étymologie la plus répandue relie le nom de ce mois à celui de Lucius Junius Brutus, LE fondateur légendaire de la République romaine, excusez du peu ! Une autre piste, non moins majestueuse, l’associe à la déesse romaine Junon, reine des dieux et protectrice du mariage. Dans le calendrier républicain, juin correspondait à prairial et à messidor, période des moissons. Attention, la prononciation de juin est souvent écorchée en [join], alors que le « u » devrait se faire entendre !

Juillet : l’Imperator Jules César

Lucius Junius Brutus peut aller se rhabiller, car voici le mois de Jules. Oui, Jules César en personne ! Du latin Julius, juillet rend en effet hommage au plus illustre des Romains. Pourquoi ? Parce que le grand Jules est né en juillet, pardi ! Plus exactement, le 12 ou le 13 juillet de l’an 100 av. J.-C. Dans le calendrier républicain, juillet correspondait à messidor et à thermidor, période des chaleurs.

Août : l’empereur Auguste

Décidément, on ne croise que du beau monde quand on s’intéresse aux noms de mois ! La preuve, une nouvelle fois, avec ce mois consacré au premier empereur romain, Auguste (Augustus). D’ailleurs, il y a longtemps, on ne disait pas août, mais auguste pour désigner le mois. Au XVIIIe siècle, Voltaire en personne s’est battu pour que l’on conservât auguste, proche de la racine latine. En vain ! Il faut dire que l’évolution phonétique, et donc graphique, date du XIIIe siècle…

À ce propos, le passage de l’une à l’autre de ces formes mérite notre attention : du latin classique augustus, on est passé au latin populaire agustus, puis à différentes formes « contractées » comme aüst, aost, aoust, pour arriver à notre « août », que l’on peut prononcer de diverses façons : out, a-out, a-ou (comme dans cette célèbre chanson de Ray Ventura, À la mi-août), selon les régions. Dans le calendrier républicain, août correspondait à thermidor et à fructidor, période des fruits.

Septembre : le septième mois (eh oui !)

Renouons avec un peu plus de simplicité avec septembre et les mois suivants. Dans « septembre », il y a « sept » (septem). Pourquoi sept ? Septembre est le neuvième mois de l’année, pas le septième, me direz-vous. Oui, mais dans le calendrier romain, qui faisait débuter l’année en mars, septembre était bien le septième mois. Profitons-en pour remarquer qu’en latin, septembre se disait september. Cela vous rappelle quelque chose ? Septembre se dit September en anglais ! Dans le calendrier républicain, septembre correspondait à fructidor et à vendémiaire, période des vendanges.

Rappel : en français, les noms de mois (comme les noms de jours, d’ailleurs), commencent par une minuscule. C’est en anglais qu’ils commencent par une majuscule.

Octobre : le huitième mois

Si septembre est, étymologiquement le septième mois de l’année, alors octobre (october en latin comme en anglais) est le… huitième, bravo ! Outre votre sens de la déduction, la racine latine octo, « huit », aurait pu vous mettre sur la voie, puisqu’elle a servi à former des mots comme octave (qui contient huit notes, par exemple, de do à do), octante (« quatre-vingts », anciennement en France et en Belgique), octosyllabe (vers de huit syllabes), octopus (nom savant de la pieuvre, qui possède huit « bras »), etc. Dans le calendrier républicain, octobre correspondait à vendémiaire et à brumaire, période des brumes et des brouillards.

Novembre : le neuvième mois

Du latin novembris, de novem, « neuf », novembre est, étymologiquement, le neuvième mois de l’année. Dans le calendrier républicain, novembre correspondait à brumaire et à frimaire, période des froids (frimas).

Décembre : le dixième mois

Du latin decembris, de decem, « dix », décembre est le dixième mois de l’année (romaine, si vous prenez la lecture en route.). La racine decem, on la retrouve, par exemple, dans décade (dix jours) et décennie (dix ans), deux mots à ne pas confondre ! Dans le calendrier républicain, décembre correspondait à frimaire et à nivôse, période de la neige.

Janvier : le dieu Janus

Les grands noms vous ont manqué ? À nous aussi ! Avec janvier, nous renouons avec les divinités. En l’espèce, il s’agit de Janus, dieu romain des commencements et des fins, des choix, du passage et des portes. Tout un programme ! Notons que janvier vient du latin januarius (lui-même issu de Janus, donc). Januarius, January… Encore une racine qui a inspiré les Anglais ! Dans le calendrier républicain, janvier correspondait à nivôse et à pluviôse, période des pluies.

Février : le mois de la purification

Difficile de deviner à quoi février fait référence, tant le mot est peu « transparent ». Encore faut-il savoir que le latin februarius (encore à l’origine de l’anglais February) signifie « mois de la purification », lui-même issu de februum, « moyen de purifier ». Il faut dire qu’il fait si froid ! Et pour, décidément, ne rien faire comme les autres, février ne compte que 28 jours avec, tous les quatre ans, un 29e jour (nommé bissexte, d’où « l’année bissextile »). Dans le calendrier républicain, février correspondait à pluviôse et à ventôse, période des vents.

Mars : le dieu Mars

C’est bien plus simple avec mars, qui reprend tel quel le nom du célèbre dieu des guerriers, de la jeunesse et de la violence (ah oui, quand même !) : Mars. En latin, pourtant, on écrivait martius, racine qui a servi à former l’adjectif littéraire martial (relatif à la guerre). Dans le calendrier républicain, mars correspondait à ventôse et à germinal, période de la germination.

Le saviez-vous ? Mars est lié au nom d’un jour de la semaine : mardi ! En effet, mardi, qui s’écrivait jadis marsdi, vient du martis dies, qui signifie « jour de Mars ». Décidément, Mars s’est imposé partout !

Avril : la déesse Vénus ?

Nous terminons notre inventaire avec un véritable casse-tête. En effet, on ne connaît pas précisément l’étymologie du nom avril. Certes, on connaît la racine latine aprilis, qui, une fois encore, a servi à former l’anglais April, mais son sens reste obscur. S’agit-il de la transcription d’un mot grec signifiant « écume », d’où Vénus, déesse romaine de l’amour, serait née ? Une autre piste lie le mot à Aphrodite, qui est son équivalente grecque. La déesse de l’amour reviendrait donc par deux fois… Moins crédible, enfin, le lien entre aprilis et le verbe latin aperire, « ouvrir », que l’on retrouve d’ailleurs dans « apéritif » (« qui ouvre les voies d’élimination », eh oui !). Il est vrai qu’avril ouvre la belle saison… Dans le calendrier républicain, avril correspondait à germinal et à floréal, période de l’épanouissement des fleurs.

Sandrine Campese
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C’est en Suisse que l’on emploie huitante et parfois octante.
En Belgique on emploie quatre-vingt.
Mais septante et non soixante-dix (nous n’avons pas eu les Prussiens);
et nonante et non quatre-vingt-dix. (Le comptage par vingt nous viendrait des Gaulois ou anciens Belges)
Merci de m’avoir lu.

Bonjour Sandrine,
(Je me permet de réécrire ce commentaire sachant que je ne sais pas si le premier à bien été envoyé)
Je voulais vous signaler une erreur dans ce dossier: contrairement aux idées reçues, Jules César n’a jamais été empereur. Il a eu le titre d’ « imperator », mais c’est titre militaire signifiant « général victorieux ». Il a aussi été nommé dictateur à vie avant sa mort (c’était un titre officiel à cette époque, contrairement à aujourd’hui), mais le véritable premier empereur était Auguste, et non César.

    Bonjour Anselme, vous avez tout à fait raison ! Depuis l’écriture de cet article, j’étais retombée sur l’information que vous indiquez, mais je ne me souvenais plus où j’avais laissé traîner cet « Empereur » mal approprié. Vous m’avez donc aidée à le retrouver :-). Merci beaucoup, c’est corrigé. Bonne journée.

Je vous aime beaucoup. Merci pour ce que vous faites pour nous autres qui apprenons votre langue française. Je me suis beaucoup améliorée et je partage vos exercices auprès de mes amis hispanophones qui souhaitent apprendre le français également.