Bien-, contre-, extra- : quand souder ces préfixes ?

De nombreux mots de la langue française sont formés d’unradical (le mot principal) auquel s’ajoute un préfixe (au début), un suffixe (à la fin) ou les deux ! Or, si la plupart de ces mots sont agglutinés, certains s’écrivent encore en deux parties, séparées par un trait d’union. Comment orthographier, notamment, les mots composés des préfixes « bien- », « contre- » et « extra- » ?

Bien-

Les mots composés de l’adverbe « bien » s’écrivent :

– en deux mots séparés par un trait d’union : « bien-aimé », « bien-dire », « bien-être », « bien-fondé », « bien-jugé » ou encore « bien-pensant ». Dans ce cas, seul le second élément prend la marque du genre et du nombre. Cf. le titre de la célèbre série télévisée Ma sorcière bien-aimée ;

– en deux mots sans trait d’union. Exemples : « bien aise » ou « bien portant » ;

 – en un seul mot : bienfaisance, bienfaisant, bienfait, bienheureux, bienséant, bienséance, bientôt, bienveillant, bienveillance, bienvenu, bienvenue, bienvenir.

Voir également notre article : À trancher une bonne fois pour toutes : bienvenu ou bienvenue chez moi ?

Contre-

Emprunté au latin contra, le préfixe contre- marque l’inversion, l’opposition, la contradiction ou la proximité par rapport à l’élément auquel il est associé, généralement un nom ou un verbe.

Dans un certain nombre de mots, il est soudé à son radical quand ce dernier commence par une consonne. Exemples : contrebalancer, contrebande, contredire, contrefaçon, contremaître, contrepartie, contrepèterie, contrepoids, contresens…

En revanche, quand le radical commence par une voyelle, le trait d’union est de mise pour éviter l’hiatus formé par deux voyelles côte à côte. Ainsi, l’épisode V de la saga Star Wars s’intitule L’Empire contre-attaque.

Quand le préfixe contre- est séparé d’un nom par un trait d’union, seul le nom prend la marque du pluriel. Exemples : des contre-offensives, des contre-enquêtes…

Depuis les rectifications orthographiques de 1990, le préfixe contre- peut être soudé au mot qu’il complète, que ce dernier commence par une consonne ou par une voyelle. Dans cette logique, on devrait pouvoir écrire L’Empire contrattaque sans être touché par un missile extra-terrestre… ou extraterrestre ?

Extra-

Aujourd’hui, « extraterrestre » s’écrit en un seul mot. Mais cela n’a pas toujours été le cas ! Rappelons que le terme s’est imposé dans les années 1970 jusqu’à détrôner « martien ». À l’époque, le nom s’écrivait encore en deux mots, séparés par un trait d’union. En témoignent les titres des films Le Gendarme et les extra-terrestres de Jean Girault (1979) et E.T. l’extra-terrestre de Steven Spielberg (1982).

De même, il ne nous viendrait plus à l’idée d’écrire l’adjectif extraordinaire en deux mots, ce qui pourtant nous rappellerait son sens premier : « extra-ordinaire », soit « hors de l’ordinaire ».

Bien sûr, il y a des cas où la tentative de soudure est écartée car elle gênerait la prononciation. Par exemple, l’adjectif « extra-utérin » (hors de l’utérus) ne serait pas compris sur la forme « extrautérin », la syllabe au donnant le son [o] en français.

Sandrine Campese

Crédit photo

Articles liés

Répondre à CHRISTELLE Annuler la réponse

Laissez un commentaire
*


Merci, très utile, les gens font tellement de fautes aujourd’hui, ils mettent entre autre des majuscules partout !! Au secours ! Donc, extrafinancier est correct ? Merci 🙂

En 1990, l’Académie n’a fait que prolonger les modifications déjà entreprises depuis… 1835.
Il serait plus simple de se mettre en tête que « tous » les préfixes sont soudés, à l’exception compréhensible de ceux présentant une difficulté de lecture comme vous le soulignez si bien.
Cela concerne les préfixes que vous analysez, mais aussi entre-, infra-, ultra-, intra-, auto- pour ne mentionner que ceux expressément cités par l’Académie dans les règles A1, A2 et A3 des rectifications.
Pour une fois que nos immortels nous font la vie un peu plus douce, ne boudons pas notre plaisir…