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Aphélie, hélium, tournesol… Des mots gorgés de soleil !

Ah, le soleil… on aimerait l’avoir toute l’année, mais ce n’est pas toujours possible. En attendant, on peut le trouver sans bouger de chez soi, simplement en observant les mots ! Si, chez certains, le mot « soleil », sous sa forme latine sol, solis, apparaît assez clairement, d’autres, qui tirent leur racine de la version grecque hêlios, nécessitent d’être décortiqués. Alors que l’été bat encore son plein, nous vous proposons de (re)découvrir ces mots liés à l’astre de feu !

– aphélie
Avant de faire connaissance avec l’aphélie, il faut parler de l’apogée, dont on connaît surtout le sens figuré : le point le plus élevé, le plus haut degré (être à l’apogée de sa carrière).

En astronomie, l’apogée est le point de l’orbite d’un astre le plus éloigné de la Terre. On reconnaît dans ce mot, d’origine grecque, le préfixe apo- (loin de) et surtout le nom (la Terre) que l’on retrouve dans… géographie !

Et le point de l’orbite d’un astre le plus éloigné du Soleil ? C’est l’aphélie, où le même préfixe est couplé à hêlios (Soleil). Facile !

Les noms apogée et aphélie sont masculins. Astuce pour « apogée » : l’associer mentalement à Apollon, dieu grec de la beauté masculine : « l’apogée d’Apollon ».

– éphélide
Ce nom ressemble au précédent, mais cette fois-ci, il n’est pas question d’astronomie ! « Éphélide » est le nom savant de la tache de rousseur.

Devant hêlios se trouve le préfixe epi-, signifiant « à cause de ». C’est bien à cause du soleil (ou grâce au soleil, pour les amateurs de ces petites taches cutanées) que se forment les éphélides.

Comme le précise Le Grand Robert, les éphélides apparaissent pendant l’enfance ou l’adolescence, en général chez les blonds ou les roux, et sont plus accentuées après l’exposition au soleil.

Contrairement aux apparences, le prénom Ophélie ne porte pas l’hêlios en lui ! Il vient néanmoins du grec ôpheleia qui désigne celle qui sauve, qui est utile, qui est un remède.

– héliotrope
C’est le mot français où la racine grecque hêlios, le « soleil » donc, apparaît le plus clairement. Quant à « trope », il vient du verbe trepein, « tourner ». Ce qui est héliotrope « se tourne vers le soleil ». Il désigne ou qualifie généralement une plante, mais rien n’interdit de l’employer plaisamment pour toute chose ou toute personne irrésistiblement attirée par le soleil. Peut-être vous ?

Profitons-en pour rappeler que le trope est le nom savant de la figure de style. Il s’agit bien d’une façon particulière de « tourner » sa phrase en « détournant » un mot ou une expression de son sens propre !

Si, en revanche, vous n’aimez pas le soleil, vous êtes « solifuge » du latin sol, solis, le « soleil » toujours, et fugere, « fuir ». Certes, le terme a une acception précise : les solifuges sont de grands arachnides velus. Mais rien ne vous empêche, ici aussi, d’élargir plaisamment le sens d’un mot si bien formé.

– hélium
Aviez-vous fait le rapprochement avec le soleil, lorsque vous évoquiez ce gaz, qui permet de gonfler des ballons et, par légère inhalation, d’obtenir sa plus belle voix de dessin animé ? Et pourtant, c’est bien de notre hêlios que ce nom latin tire son origine !

Mais quel lien entre les deux ? L’existence de cet élément a été établie par l’observation du Soleil. Plus exactement, il a été découvert dans la chromosphère solaire (la couche moyenne de l’atmosphère). Le terme a d’abord été employé en anglais avant de passer en français.

– insolation
Tout le monde connaît et craint l’insolation, du latin insolatio, « exposition au soleil », où l’on reconnaît notre sol. Pourtant, au sens strict, l’insolation n’a rien de redoutable. Ce nom désigne l’action d’exposer à la chaleur et à la lumière solaire quelqu’un ou quelque chose. Par exemple, une plaque photographique ou des individus dans le cadre d’une thérapie par le soleil, laquelle se nomme, vous l’aurez deviné… héliothérapie !

De cette acception neutre a été tiré le verbe insoler, d’usage rare, signifiant « exposer à la lumière du soleil ». Ainsi peut-on dire que des baigneurs sont insolés, que des affiches sont insolées (et décolorées à force de l’être !).

– parasol
Le nom parasol vient de l’italien parasole, lui-même composé de para– + sole (soleil). Le préfixe para-, également issu de l’italien parare (« parer » en français), signifie « protéger, garantir contre quelque chose ». Comme son nom l’indique, le parasol protège du soleil !

Ce para– italien se retrouve dans différents noms comme parapluie, parachute, paravent, parapet (où il est question ici de la poitrine, petto en italien, et non du gaz intestinal…). À ne pas confondre avec le para– grec signifiant « contraire à », « à côté de » et qui a formé paranoïa, paradoxe, parapharmacie, paranormal

Pour en savoir plus : https://www.projet-voltaire.fr/culture-generale/parasol-noms-composes-du-prefixe-para/

– tournesol
Le nom tournesol est issu de l’italien tornasole ou de l’espagnol tornasol. L’étymologie nous offre d’emblée le sens : « qui se tourne vers le soleil ». En effet, la fleur de cette plante, le tournesol, a la propriété de se tourner vers le soleil. Tournesol est, en quelque sorte, la variante courante du savant héliotrope, que nous avons vu plus haut.

Anciennement, on employait girasol, de même sens, pour désigner le tournesol. Le mot vient de l’italien girasole, de girare, « tourner ». On retrouve cette racine dans « giratoire ». Aujourd’hui, le girasol désigne une chicorée sauvage ou une variété d’opale.

– solstice
Dans « solstice », on reconnaît le latin sol, bien sûr, mais quid de « stice » ? Il vient du verbe stare, « s’arrêter ». En effet, pendant le solstice, le Soleil semble être stationnaire pendant quelques jours.

Rappelons que le solstice d’hiver a lieu le 21 ou le 22 décembre et le solstice d’été le 21 ou le 22 juin. Ce sont, respectivement, le jour le plus court et le jour le plus long de l’année !

Sandrine Campese
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À défaut d’Ophélie, un autre prénom doit tout au soleil : Hélène la Grecque (hêlê, éclat du soleil), celle de la guerre de Troie, qui était bien hellène, sans rapport étymologique.