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La tendance « no filler words » : on vous explique !

Ces mots-là sont accusés de tous les maux. Tout le monde semble les détester en ce moment, en particulier sur les réseaux sociaux. Mais de quoi s’agit-il ? Des filler words, bien sûr ! Ou, en français, des mots parasites ou des mots de remplissage, ceux dont on ponctue plus ou moins volontairement nos prises de parole. Mais qu’ont-ils de spécial, et que faire pour s’en débarrasser ?

Que diable sont ces filler words que tout le monde critique en ce moment (surtout sur TikTok) ? Il s’agit de mots de remplissage : to fill, en anglais, signifie en effet « remplir ». « Euh… », « genre… », « du coup… », « bah… », « bon… » sont des mots de remplissage. On les intègre dans nos prises de parole – le plus souvent malgré nous – pour faire une transition, par facilité, ou tout simplement parce que nous sommes effrayés par quelques secondes de silence.

De nombreux mots parasites que l’on utilise au quotidien

Selon la situation, on peut donc considérer ces mots comme des tics de langage ou des mots « béquilles ». Même s’il est difficile de repérer lesquels sont le plus utilisés, certains de ces termes sont repérables facilement.

  • « Bon » : souvent utilisé pour lancer une conversation.« Bon, tu en as pensé quoi de ce film ? »
  • « Ben » : fréquemment utilisé pour signifier son hésitation ou son embarras. « Ben… Tu sais, moi, les films de kung-fu, à la base, ce n’est pas trop mon truc. »
  • « À la base », justement : une expression utilisée pour dire « à l’origine ».
  • « En gros » : très souvent utilisé pour résumer son propos. « Ce film, en gros, c’est l’histoire de deux filles qui partent en voiture pendant un week-end. »
  • « Bah » : une interjection « tout-terrain » que l’on jette entre deux phrases quand on hésite. « Moi… bah… le cinéma… Je préfère Netflix, en fait. »
  • « En fait », eh oui ! Très entendu aussi. Cette expression sert généralement à introduire une contradiction, à la manière d’un « mais ».
  • « Voilà » : souvent utilisé pour terminer une discussion. « J’aurais préféré voir le dernier Jurassic Park. Voilà. »

Il existe de nombreux autres mots de remplissage. Le journal Le Monde a noté qu’on abusait de « justement ». Sur TikTok, certains dénoncent l’usage excessif de « du coup », de « genre », de « hein », de « alors »… Une page Instagram relève par ailleurs que nous autres Français serions les champions pour utiliser plusieurs mots parasites à la suite et donne cet exemple :

— Alors, c’était comment, ton rendez-vous ?

— Bon, bah, voilà… catastrophique !

Sur les réseaux sociaux, même des personnes non francophones se penchent sur le phénomène. Bref – qui peut également être un mot de remplissage –, ce phénomène fascine ! Depuis peu, il agace aussi, apparemment.

Récemment, plusieurs créateurs de contenu ont mis leur communauté au défi de produire des vidéos sans utiliser de mots parasites. La tendance semble venir d’outre-Atlantique. L’objectif : ne pas « polluer » notre discours au moyen de ce type de mots et mettre en avant la richesse de la langue française.

S’exprimer sans mots de remplissage, est-ce compliqué ?

Certains témoignent de la difficulté de l’exercice. Ainsi, l’influenceuse Chloë Gervais souligne avant de s’y prêter : « Je n’ai pas un français parfait, je ne suis pas la personne la plus éloquente… » Elle reconnaît qu’elle se sert des mots parasites par crainte du silence et pour parler vite. Elle note enfin : « C’est quelque chose que j’aimerais éliminer de mon vocabulaire. »Tout simplement parce que« quelqu’un qui s’exprime correctement, c’est plus agréable ».

L’influenceur Just Riadh, qui a lui aussi essayé de parler une minute sans ajouter de mots parasites, insiste sur l’importance « d’utiliser la langue française comme il se doit ».Et de s’interroger : pourquoi ces mots, « alors qu’on a un langage riche et varié » ?

S’agit-il d’un problème de vocabulaire ? L’influenceur précise comme sa consœur qu’il craint le silence et « a toujours besoin de parler ». Révélateur d’une réalité plus complexe ? C’est possible.

En premier lieu, notons que certains de ces mots sont des marques d’identification sociale, comme le constate le journal Slate.

Dans ce cadre, le mot ne sert pas seulement à se faire comprendre, il permet aussi de s’intégrer à une communauté en s’appropriant ses codes. Cela semble être le cas de « du coup ». Il paraît difficile de gommer ce mot de notre vocabulaire… et ce, même si l’Académie française et les dictionnaires de référence déconseillent cet usage. Chloë Gervais et Just Riadh évoquent d’ailleurs ce point chacun à leur façon dans leurs vidéos.

La première ne veut pas se passer des mots parasites dans toutes les situations. Le second dit éprouver une forme de « claustrophobie » durant l’exercice. Signe, peut-être, qu’il n’est pas possible de se débarrasser de ces mots… en tout cas, pas de tous. Ils sont, d’une certaine manière, des miroirs de nous-mêmes et de la société au sein de laquelle nous évoluons.

En second lieu, rappelons-nous que les mots de remplissage ne résultent pas seulement d’un manque de vocabulaire (même s’il est évidemment très utile de connaître le sens des mots, des synonymes, etc.).

Ils sont plutôt le symptôme d’un manque d’aisance à l’oral. Prendre la parole devant un auditoire – fût-ce par écrans interposés – n’a rien de facile. La crainte que l’on peut éprouver face à un public peut faire bégayer et nous pousser à « meubler » à tout prix le silence. Un exposé, une conférence, une intervention en réunion, un entretien d’embauche… et le stress fait surgir les mots parasites. Certaines études indiquent par ailleurs que les femmes utiliseraient plus de mots de remplissage, pour éviter qu’on leur coupe la parole à chaque silence.

Que faire pour se débarrasser des filler words ?

Il n’en reste pas moins qu’il est préférable de s’en débarrasser, ou à tout le moins de ne pas les laisser apparaître dès lors qu’on est amené à prendre la parole devant un auditoire.

Pour cela, tout commence par un travail de repérage de ces mots parasites. Le plus simple est sans doute de s’enregistrer ou de demander de l’aide à des proches. Une fois l’identification faite, il devient possible de travailler à leur suppression. Pour cela, deux choses nous semblent fondamentales.

La première : accepter les silences. Quel que soit le contexte, on peut accepter de laisser passer quelques secondes durant lesquelles on ne parle pas. Nul ne vous en tiendra rigueur, surtout si la suite de votre propos est claire.

La seconde : adapter votre rythme de parole. Efforcez-vous de ne pas parler trop vite. De cette manière, la tentation de « combler » un « blanc » est moins forte.

Il existe d’autres techniques pour prendre la parole en public de manière optimale, nous les avons répertoriées ici. Nous donnons également des conseils sur la façon d’améliorer son éloquence. Suivez-les, entraînez-vous, et les mots de remplissage ne seront bientôt plus qu’un mauvais souvenir. En tout cas, dans les moments qui comptent vraiment !

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