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Billevesées, calembredaines, fariboles… Comment nommer des paroles sans intérêt ?

Les mots suivants ont plusieurs points communs : ils sont d’un registre littéraire, parfois vieilli, sont péjoratifs, désignent tous des paroles sans intérêt (avec de légères nuances), et leur étymologie est souvent obscure. Enfin, de genre féminin, ils s’emploient principalement au pluriel. Nous vous invitons à les (re)découvrir, et pourquoi pas à leur donner un second souffle en les intégrant à votre vocabulaire. Croyez-nous, ils ne passeront pas inaperçus...

1- BALIVERNE

Des balivernes, ce sont des propos sans intérêt, sans vérité, futiles, souvent erronés.

D’où vient le nom « baliverne » ? En usage depuis le XVsiècle, il serait, selon l’Académie française, issu du verbe « baliverner », qui signifie « dire des balivernes » et dont l’origine est plutôt obscure. Le Larousse tente tout de même d’éclairer cette dernière : « peut-être de baller, “danser”, et verner, “tourner sur soi-même” ».

On le retrouve notamment dans les tournures « débiter des balivernes », « écouter des balivernes », et dans l’expression « trêve de balivernes ! » (sous-entendu : « passons aux choses sérieuses ! »).

Notons que la frontière entre la parole et l’acte est ténue : la baliverne est aussi une occupation frivole, puérile ou stupide, d’où « s’amuser à des balivernes ».

2- BILLEVESÉE

Des billevesées (les deux « l » se prononcent sans mouillure) sont des paroles vides de sens, des propos frivoles ou ridicules.

Les billevesées se présentent généralement en nombre (« une foule de billevesées »). Comme « balivernes », « billevesées » est souvent accompagné du verbe « débiter » : « débiter des billevesées ».

Étymologiquement, « billevesée », aussi en usage depuis le XVsiècle, serait composé de vesé signifiant « ventru », « gonflé », « soufflé » (de veze, « cornemuse ») et d’un premier élément d’origine peu claire. D’après le Larousse, il s’agirait de beille, « boyau ».

Comme on dit « trêve de balivernes ! », on dit « trêve de billevesées ! ». Par extension, une billevesée est une idée creuse. Exemple : « Il n’a en tête que des billevesées. »

3- CALEMBREDAINE

Les calembredaines sont des histoires absurdes, des plaisanteries futiles et sans portée, des paroles cocasses, extravagantes.Il n’est pas rare, par exemple, d’entendre des calembredaines en réponse à des propos sérieux…

S’agissant de l’origine de « calembredaine », l’Académie française avance que le mot, apparu au XVIIIsiècle, est peut-être un dérivé du radical de « bredouiller » avec un préfixe péjoratif. Selon le Larousse, il pourrait venir du suisse dialectal calembourdaine, lui-même formé sur bourde, « parole en l’air ». Il se rapprocherait alors du nom « calembour ».

4- FADAISE

Les fadaises sont des propos plats, des paroles insignifiantes, des plaisanteries niaises.

Le nom vient de l’ancien provençal fadeza signifiant « sottise », lui-même dérivé de fat, « niais, sot », du latin fatuus, « insensé ».

À la différence de « fada », de même origine, « fadaise » n’est plus perçu comme « régional », il est plutôt considéré comme un dérivé de « fade », d’où l’évolution de sens de « chose absurde » à « chose insignifiante ».

Les fadaises sont donc des futilités. Comme « balivernes » et « billevesées », il s’emploie souvent avec le verbe « débiter » : « débiter des fadaises ». Autres exemples de tournures : « ne dire que des fadaises », « fadaises que tout cela ! ».

5- FARIBOLE

Dire ou raconter des fariboles, c’est livrer des propos vains, frivoles, légers, improbables… Autrement dit, qu’on ne peut pas prendre au sérieux !

C’est à François Rabelais, grand faiseur de mots, que l’on doit le nom faribole. Ce dernier est attesté en 1532 dans Pantagruel. Il s’écrivait alors « faribolle ».

Sa formation n’en demeure pas moins incertaine, d’après l’Académie française ; pour Le Robert historique, il pourrait venir du moyen français falibourde, fallebourde, « sottise », lequel serait composé de bourde, « mensonge » (comme « calembredaine »), et du radical de faillir au sens de « mentir ».

Exemples : « Vous nous contez des fariboles », « Tout cela n’est que faribole ! ».

Par extension, des fariboles sont des choses vaines et sans valeur.

6- SORNETTE

Des sornettes, ce sont des propos en l’air, dépourvus de sens ou peu crédibles, des affirmations sans fondement. Comme les fariboles, on ne saurait prendre les sornettes au sérieux !

Le nom sornette, apparu au XVsiècle, est le diminutif de sorne, en moyen français, soit « plaisanterie, moquerie ». En effet, l’ancien verbe sorner signifiait « se moquer de quelqu’un ». Tous ces mots sont issus de l’ancien provençal sorn, « sombre, obscur ».

On « raconte », on « débite » des sornettes. Exemples : « Il ne dit que des sornettes », « Quelles sornettes nous contez-vous là ? ».

7- SOTTISE

C’est certainement le nom dont l’étymologie est la plus limpide : « sottise », apparu au XIIIsiècle, est dérivé de « sot, sotte ».

Au sens premier, la sottise est un acte ou un propos idiot, qui témoigne d’un manque d’intelligence, de finesse.

On l’emploie plus facilement à propos d’enfants que d’adultes. « Dire des sottises », c’est dire des bêtises, des âneries, ou encore commettre une maladresse.

8- STUPIDITÉ

Certes, la stupidité est le caractère d’une personne, d’une chose stupide, mais c’est aussi une parole ou une action stupide : « ne dire que des stupidités » (on pourrait dire aussi « des âneries »).

Dans Un fil à la patte, voici comment l’auteur Georges Feydeau emploie le mot en ce sens :

MADAME DUVERGER, prenant le journal. Mais pardon, Monsieur, quʼest-ce que vous voulez que ça me fasse que mademoiselle je ne sais pas comment chante, quʼon lui a fait du pied, du pied, du pied, du pied de cochon, truffé ?

BOUZIN. Comment ?…

MADAME DUVERGER. Ça doit être quelque stupidité !

Voici, en guise de conclusion, encore d’autres synonymes de ces termes :

  • Ceux qui signifient « parole ou chose insignifiante » : bagatelle, babiole, bricole, broutille, futilité, vétille
  • Ceux qui signifient « bêtise » (et qui désignent aussi les actes) : absurdité, ânerie, balourdise, bêtise, bourde, crétinerie, enfantillage, ineptie, niaiserie, puérilité

Sandrine Campese

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