Sommaire Environnement : ça devient technique ! C’était déjà le cas l’année dernière, les mots de l’environnement ont une place de choix dans les nouvelles éditions des deux dictionnaires. On remarque qu’ils sont de plus en plus techniques et difficilement compréhensibles sans leur définition. Chez le Petit Robert : – surcyclage : francisation de l’anglais upcycling, réemploi de matériaux ou d’objets usagés pour la fabrication de nouveaux produits de plus grande valeur. On parle aussi de « recyclage valorisant ». – géo-ingénierie : ou « géoingénierie », ensemble des techniques utilisées pour modifier artificiellement le climat sur la Terre, comme l’ensemencement des nuages. – ensemencement des nuages : introduction de particules chimiques dans les nuages pour accélérer la formation de précipitations. L’expression a également fait son entrée cette année dans le Petit Larousse. Chez le Petit Larousse : – larmes de sirène : petites billes de plastique entrant dans la fabrication des objets plastiques et rejetées dans les océans où elles polluent durablement les écosystèmes marins. Variante : « larmes de mer ». – orage supercellulaire : orage caractérisé par un puissant courant ascendant vertical souvent accompagné d’événements violents (grosse grêle, tornades). – feux zombies : incendies de forêts boréales qui s’étouffent en surface mais qui se poursuivent sous terre. Variante : « incendies zombies ». – micromobilité : ensemble des moyens de déplacement individuels respectueux de l’environnement, légers, compacts et facilement transportables, fonctionnant généralement avec une motorisation électrique (trottinettes et vélos pliables, monoroues, par exemple). Dans le même esprit, notons le « vélorue » chez le Petit Robert, « voiespécialement aménagée pour favoriser la circulation des cyclistes en agglomération », qui fait écho au « véloroute » du Petit Larousse, « itinéraire balisé proposé aux cyclistes, reliant plusieurs villes ou régions et privilégiant l’usage des pistes cyclables ». Découvrez notre module Expression orale et écrite. Nouvelles technologies : la star, c’est l’IA ! Plus les années passent, plus l’intelligence artificielle devient incontournable. Cela devait bien finir par se ressentir dans le dictionnaire ! Chez le Petit Robert : – apprentissage profond : francisation de l’anglais deep learning, technique d’intelligence artificielle qui apprend aux ordinateurs à traiter des données en s’inspirant du cerveau humain, et repose donc sur le modèle des réseaux de neurones. – hallucination : si ce nom existe déjà, le voici enrichi d’un sens nouveau : « réponse fausse ou trompeuse produite par une intelligence artificielle générative, avec une apparence de vérité. » – hypertrucage : francisation de l’anglais deepfake, procédé de manipulation audiovisuelle reposant sur l’intelligence artificielle et permettant la création d’images, de vidéos ou d’audios truqués très réalistes. Cocorico ! C’est le francais « hypertrucage » et non l’anglais « deepfake » qui est employé dans la version française de la loi européenne sur l’intelligence artificielle de 2024. Notons l’orthographe avec un « c », alors que « trucage » peut aussi s’écrire « truquage ». Chez le Petit Larousse : – haptique : se dit d’une technologie qui reproduit en temps réel la sensation du toucher dans un environnement virtuel, à l’aide d’accessoires tels que des gants, une combinaison, une manette de commande, un pédalier, etc. – prompt : anglicisme, instruction envoyée à un algorithme d’intelligence artificielle spécialisé dans la génération de contenu (textes, images, sons, etc.). Exemple : « Écris un poème de huit vers sur l’amour. » À noter que le Petit Robert va plus loin en intégrant le verbe prompter : « adresser un prompt (à une intelligence artificielle générative). » On peut aussi l’utiliser sans complément : « Comment prompter efficacement ? ». Santé : quels nouveaux enjeux ? Fini, les nouveaux mots liés à la crise du Covid-19, en nombre dans les précédentes éditions. En 2026, Robert intègre – notamment – le nom d’une nouvelle maladie et d’un traitement et Larousse oriente les préoccupations en matière de santé vers les femmes. Chez le Petit Robert : – mpox : nom féminin qui se prononce (/èm-pox/) en français, maladie infectieuse et contagieuse d’origine virale, forme atténuée de la variole. C’est l’équivalent « politiquement correct » de la « variole du singe » (monkeypox en anglais). En effet, la mpox a d’abord été découverte chez les singes. C’est donc une zoonose, une maladie infectieuse des animaux vertébrés transmissible à l’être humain, comme la rage. – neurodiversité : diversité des fonctionnements neurologiques que l’on trouve chez l’être humain. La neurodiversité comprend donc les neurotypiques (qui présentent un fonctionnement neurologique considéré comme normal) et les neuroatypiques (dont le fonctionnement neurologique diffère de la norme). – prep : la prep estletraitement antirétroviral pris par une personne séronégative pour prévenir le risque de contamination par le VIH. Exemple : « être sous prep. » Chez le Petit Larousse : – périménopause : période qui précède et suit immédiatement la ménopause. Ce nom a également fait son entrée dans le Petit Robert. – précarité menstruelle : cette expression regroupe les difficultés de nombreuses femmes et jeunes filles, en raison de leurs faibles revenus, à se procurer des protections hygiéniques, des antidouleurs ou encore des sous-vêtements de rechange pendant leurs menstruations. – personne de confiance : en matière de santé, toute personne de l’entourage (parent, proche, médecin traitant) en qui le patient a confiance et qui accepte de jouer ce rôle. Découvrez notre dossier pour ne plus faire de fautes. Une société encore plus sensible Aux côtés de mots décrivant des phobies, des dérives et des agressions, les deux dictionnaires intègrent des termes positifs comme « ikigai » ou « bien-vieillir »… jusqu’à devenir « supercentenaire » ? Chez le Petit Robert : – microagression : acte ou propos d’apparence banale, généralement dénué de malveillance, mais perçu comme discriminant par la personne visée. Il peut s’agir d’une remarque liée à l’apparence physique, à l’origine ethnique… – chemsex : cet anglicisme désigne l’usage de drogues lors de rapports sexuels, dans le but de les intensifier et de les prolonger. Équivalent français : « sexualité sous drogues (SSD). » – soumission chimique : fait d’administrer à une personne, à son insu ou sous la menace, des substances psychoactives (GHB…) en vue d’exercer des violences à son encontre. On parle de « viol sous ou par soumission chimique ». – bien-vieillir : aux côtés du « bien-dormir » et du « bien-manger », voici le « bien-vieillir » dont l’objectif est de « vieillir dans de bonnes conditions ». Chez le Petit Larousse : – aplaventrisme : nom formé sur l’expression « à plat ventre », qui désigne une attitude de soumission devant quelqu’un, un groupe, un pays, etc., pour en tirer profit ou éviter un conflit. – autophobie : phobie spécifique d’isolement, crainte morbide et exagérée d’être seul, abandonné ou isolé. – ikigai : mot japonais, à rapprocher des notions de « joie de vivre », de « raison d’être ». L’ikigai est perçu comme une raison de se lever le matin et serait un des secrets de longévité des Japonais ! – supercentenaire : ou super-centenaire, personne ayant atteint ou dépassé l’âge de 110 ans. Sport : des pratiques intenses et inclusives Si Le Robert fait la part belle aux pratiques « tout terrain », Larousse privilégie les sports paralympiques, mieux connus par le grand public depuis les Jeux de 2024. Chez le Petit Robert : – gravel : cet anglicisme désigne un vélo conçu pour une utilisation sportive sur différents types de voies (routes goudronnées, chemins accidentés…). On écrit « des vélos gravels » ou « gravel » (invariable), « un(e) cycliste gravel » ou « un(e) graveliste ». – muay-thaï : ou « muay thaï », sport de combat où deux adversaires munis de gants se portent des coups de poing, de pied, de coude et de genou. La différence avec la boxe thaïe ? Si celle-ci est un sport de combat, le muay-thaï est plutôt un art martial, qui revêt une dimension spirituelle. – skicross : ou « ski-cross », course de ski sur parcours accidenté (bosses, tremplins, virages relevés…). Chez le petit Larousse : – parasport : ensemble des sports pratiqués par les personnes en situation de handicap. Plus spécifiques, « paralympique » a trait aux sports qui sont inscrits au programme des Jeux paralympiques ; « handisport » désigne la Fédération française handisport, tout comme « sport adapté » désignant une Fédération française du sport adapté (FFSA) et les nombreuses disciplines qu’elle propose. – cécifoot : sport inspiré du football opposant deux équipes composées de joueurs déficients visuels. Lors des Jeux de 2024, l’équipe de France masculine de cécifoot a été sacrée championne paralympique, en remportant la finale face à l’Argentine. – boccia : sorte de pétanque pratiquée par des personnes en fauteuil roulant. En 2024, la Française Aurélie Aubert a été sacrée championne paralympique de boccia. – padel : sport apparenté au tennis qui consiste, pour quatre joueurs munis de raquettes, à envoyer une balle au-dessus d’un filet dans les limites d’un court de 20 mètres sur 10 mètres encadré de vitres et de grillages. À ne pas confondre avec le paddle, sport consistant à se tenir debout sur une planche et à se déplacer sur l’eau en ramant avec une pagaie. Côté noms propres, notons l’arrivée des champions olympiques Léon Marchand (natation) et Simone Biles (gymnastique). Art et culture : plus d’ouverture et de conscience La culture asiatique, l’art inclusif et le mélange des genres sont à l’honneur cette année ! Sans oublier la prise de conscience du bien-être des acteurs culturels (comédiens, lecteurs). Chez le Petit Robert : – kamishibaï : encore un mot japonais ! De kami, « papier » et shibaï, « théâtre », art japonais consistant à conter une histoire en faisant défiler des planches illustrées dans un théâtre portatif. – drag : art consistant à interpréter un personnage (souvent du sexe opposé) à l’apparence recherchée et exubérante, en jouant sur les stéréotypes de genre. Et « drag-queen », alors ? C’est un artiste de drag qui interprète un personnage féminin. Pour un personnage masculin, on dit « drag-king ». Chez le Petit Larousse : – coordinateur d’intimité : personne chargée, durant la préparation et le tournage d’une œuvre audiovisuelle, du bien-être et du respect du consentement des actrices et des acteurs durant les scènes dites de proximité corporelle (scènes de nu, de sexe, particulièrement). – dramédie : voici un mot-valise intéressant ! Composé de « drame » et de « comédie », la dramédie est un film ou une série mêlant les genres du drame et de la comédie. – glamping : autre mot-valise, formé sur les mots anglais glamour et camping, désignant un type de camping haut de gamme alliant confort, originalité et respect de l’environnement. Exemple : dormir dans une yourte. – k-drama : abréviation de l’anglais Korean drama, « drame coréen » ; ensemble des séries télévisées produites en Corée du Sud, dont le succès dépasse largement les frontières de ce pays. – lecteur sensible : calque de l’anglais sensitivity reader ; personne chargée par un éditeur de repérer dans un texte, avant sa publication, tout contenu susceptible d’être perçu comme offensant, inapproprié ou inexact. L’équivalent français « démineur éditorial » est recommandé. Une gastronomie inventive et cosmopolite Le Petit Robert et surtout le Petit Larousse intègrent quantité de nouveaux plats et pratiques culinaires venus de l’étranger, pour le plus grand plaisir de nos papilles ! Chez le Petit Robert : – zaatar : emprunté à l’arabe za‘tar, « thym » ; mélange d’épices et d’herbes séchées, généralement composé de zaatar, de graines de sésame torréfiées, de sumac et de sel, populaire dans la cuisine du Moyen-Orient. – chakchouka : préparation culinaire de légumes (tomates, piments, oignons…) et d’œufs cuits à l’huile, originaire du Maghreb. Notons que le Petit Robert ne propose qu’une orthographe, alors que le nom se rencontre couramment sous les formes tchektchouka, tchoukchouka, tchouchkaka ou tchoutchouka. Chez le Petit Larousse : – banh bao : mot vietnamien signifiant « pain farci » ; petit pain rond légèrement sucré cuit à la vapeur et garni d’œufs durs, de viande et/ou de légumes, généralement servi au début du repas. – onigiri : sandwich de riz japonais, généralement entouré d’une algue nori et fourré, par exemple, d’umeboshi (petite prune séchée très salée), de thon ou de saumon. – skyr : produit laitier riche en protéines (spécialité islandaise). Ce terme était déjà présent dans le Petit Robert. – umami : mot japonais signifiant « savoureux » ; cinquième saveur fondamentale, les quatre autres étant le sucré, le salé, l’acide et l’amer. L’umami aurait un goût de « bouillon » ou de « viande ». Ce terme était déjà présent dans le Petit Robert. Régionalismes : Marseille à l’honneur ! Les habitants de la cité phocéenne ont de quoi se réjouir : le Petit Robert accueille pas moins de trois « mots marseillais » dans sa nouvelle édition ! Chez le Petit Robert : – gâté : câlin. Exemple : « Viens faire un gâté » (= Viens faire un câlin). C’est aussi un terme d’affection (hypocoristique) que l’on emploie pour s’adresser à une personne que l’on aime d’amour ou d’amitié. Il équivaut alors à « mon chéri », « ma chérie ». « Gâté » ne s’emploie pas seulement dans le Sud-Est de la France, mais aussi en Belgique, dans les Ardennes et dans l’océan Indien ! – tanquer (se) : se planter, s’enfoncer : « La voiture s’est tanquée dans le fossé » ; au figuré « échouer » : « se tanquer à un examen » ou encore « se tenir (en un lieu) » : « être tanqué à la plage. » – tarpin : « tarpin de » : « beaucoup de, plein de ». Exemple : « Il y avait tarpin de monde. » Il signifie aussi « beaucoup, très. » Exemple : « C’est tarpin bien. » Chez le Petit Larousse : – ombrée : nom occitan qui désigne le versant d’une vallée de montagne exposé à l’ombre. Il a pour contraire « soulane », « versant ensoleillé d’une montagne, dans les Pyrénées ». Ces noms régionaux ont pour équivalents « généraux » « ubac » (versant d’une montagne exposé au nord) et « adret » (versant exposé au soleil, en montagne). Francophonie : encore plus de mots et d’expressions ! Pour notre plus grand plaisir, les mots de la francophonie sont très bien représentés, surtout chez Larousse. Certains, comme « pelleteur de nuages », « champignonneur » ou « spépieux » ne demandent qu’à être employés en France ! Chez le Petit Robert : – benzine (Liban) : en français du Liban, ce mot (qui en Suisse signifie « essence ») s’enrichit ici d’un autre sens : « pédale d’accélérateur » !Dès lors, peut-on dire que l’on appuie sur le benzine ? – pelleteur de nuages (Québec) : personne qui perd son temps à échafauder des projets irréalisables. Variante : « pelleteux de nuages. » Au féminin, « pelleteuse de nuages ». – encommissionner (Belgique) : soumettre (une question, un problème) à l’examen d’une commission (souvent pour retarder une échéance, gagner du temps). – carac (Suisse) : tartelette garnie d’une ganache au chocolat et recouverte d’un glaçage de couleur verte surmonté d’une pastille de chocolat. Au pluriel : « des caracs. » Chez le Petit Larousse : – (s’)astruquer (Belgique) : avaler de travers ; s’étouffer en mangeant. Exemple : « Ne mange pas si vite, tu vas (t’)astruquer ! » – champignonneur (Suisse) : cueilleur de champignons, personne qui aime aller à la cueillette des champignons. – karakou (Algérie) : costume traditionnel. – honorable (Afrique centrale) : titre honorifique donné aux personnes occupant ou, parfois, ayant occupé certaines fonctions officielles (ministres, lieutenants-gouverneurs, députés, juges, etc.). – liboké (Congo) : préparation à base de poisson ou de viande emballée dans des feuilles de bananier et cuite au charbon de bois. – spépieux ou spépieuse (Belgique) : le verbe spépier signifiant « décortiquer un os de steak ou une carcasse de poulet pour en retirer la moindre parcelle de viande », au sens figuré « spépieux » qualifie une personne extrêmement méticuleuse, pointilleuse, tatillonne (un peu casse-bonbon !). Expressions du quotidien et parler « d’jeuns » Si les expressions suivantes sont à éviter, car familières, elles témoignent de la vivacité et de la créativité de la langue quotidienne utilisée par la jeune génération… et au-delà ! Chez Le Petit Robert : – dinguerie : quelque chose d’incroyable, en bonne ou en mauvaise part (une vidéo qui fait le buzz sur les réseaux est une dinguerie, une mésaventure est aussi une dinguerie). – chill : cet adjectif invariable, tiré de l’anglais, signifie « calme, tranquille » (« des soirées chill ») ou « décontracté » (« un gars très chill », « une tenue chill »). Quant au verbe dérivé « chiller », il signifie « prendre du bon temps à ne rien faire ». Exemple : « chiller devant une série. » Notons que l’affiche publicitaire signalant les trois spots de baignade dans la Seine, durant l’été 2025, a pour slogan « Se baigner, chiller, recommencer ! ». – c’est carré : cette expression familière signifie « c’est parfait ; d’accord ». – pister : « comprendre », familièrement. « T’as pisté la blague ? », « J’avais pas pisté ! ». Chez le Petit Larousse : – bader : de l’anglais bad, « mauvais », verbe familier signifiant « être démoralisé, triste, abattu ; déprimer ». Exemple : « Ce film me fait bader. » Autre sens : « être inquiet, angoissé, stressé ; s’inquiéter, s’angoisser ». Exemple : « Il a badé pour ses examens. » – capé : de l’anglais capped, « sélectionné », lui-même formé sur cap, casquette (remise aux sportifs recevant leur sélection). Se dit d’un professionnel expérimenté (« C’est un présentateur très capé ») ou d’un poste qualifié (« Il n’a pas hésité à postuler un emploi trop capé pour lui »). – gros : camarade de classe, ami. Exemple : « Salut, gros ! Ça va ? » L’origine du mot est incertaine. Sandrine Campese Sources : Les nouveaux mots du Petit Robert 2026 Les nouveaux mots du Petit Larousse illustré 2026