Sommaire 1- D’où viens-tu, « on » ? Avant de devenir un pronom personnel dit « indéfini », « on » a été un nom commun. Et pas n’importe lequel : « on » (qui s’est d’abord orthographié om, puis hom) est issu du nominatif latin homo. À l’origine, donc, il désignait l’homme en général. Mais à force de représenter un individu aussi indéterminé, il a fini par se transformer en pronom indéfini. Quant à l’accusatif hominem, il a donné le nom commun « homme » que nous utilisons aujourd’hui. Cette même racine existe dans d’autres langues, comme l’allemand, où man (on) s’est détaché de mann (homme). 2- Doit-on écrire « on » ou « l’on » ? Comme les autres noms, « on » a d’abord été précédé de l’article défini : le hom, puis l’on en ancien français. Quand « on » s’est mué en pronom, l’article « l’ » est devenu facultatif. Il n’est plus qu’une consonne dite « euphonique », permettant d’éviter des sonorités peu agréables à l’oreille, à savoir : – le hiatus (suite de deux sons vocaliques), c’est-à-dire après « et », « ou », « où », « qui », « si » : « J’aime les pays où l’on a besoin d’ombre » (Stendhal). – le son [con], après « que » et ses composés « lorsque », « puisque », « quoique » : « Il y a certaines choses que l’on cache pour les montrer » (Montaigne). L’article est plus fréquent encore si le mot qui suit commence lui-même par le son [con] : « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement… » (Boileau). À l’inverse, on n’ajoutera pas de « l’ » quand « on » est suivi d’un mot commençant lui-même par un « l ». « Si on lit ce billet jusqu’au bout… » (et non « si l’on lit »). Ici, le hiatus est préférable à l’allitération (répétition d’une même consonne). 3- Doit-on accorder le participe passé employé avec « on » ? Ce qui est très perturbant, chez ce « on », c’est qu’il correspond à la troisième personne du singulier, alors que, la plupart du temps, il désigne un collectif. Étymologiquement, nous l’avons vu, « on » est masculin singulier. Le participe passé du verbe dont il est sujet s’accorde donc au masculin singulier. Ainsi, le talk-show de Laurent Ruquier diffusé tous les samedis soir sur France 2 s’intitule On n’est pas couché. Dans ce cas, « on » a une valeur englobante, il ne désigne personne en particulier. Mais depuis le XVIIe siècle, l’attribut peut s’accorder en genre et en nombre avec la ou les personnes que « on » représente, dès lors qu’elles sont identifiables. Si des petites filles se réjouissent d’être ensemble, elles pourront s’exclamer « On est contentes ! » ; l’accord se faisant au féminin pluriel. Cela dit, si l’une et l’autre de ces formes vous gênent, rien ne vous empêche de remplacer « on » par « nous », ou de conserver les deux, pour plus d’emphase. Par exemple, un des livres de l’économiste Jacques Généreux, préfacé par Jean-Luc Mélenchon, a pour titre : Nous, on peut ! 4- À part « nous », qui peut-on désigner par « on » ? Si « on » désigne souvent un ensemble de personnes, identifiées ou non, il peut également s’utiliser comme figure de style dans le discours direct, régulant la distance entre le locuteur et autrui. Tantôt intimidant, « Alors, on fait moins le malin ? », tantôt infantilisant, « On va faire un gros dodo ! », et même fraternisant, « On est, on est, on est les champions ! », « on » sait jouer avec nos émotions. Employé dans des expressions toutes faites, « on » est au sommet de l’abstraction et permet toutes les interprétations. Il est possible de craindre le « qu’en-dira-t-on » ou les « on-dit », comme de s’en moquer ! En un mot, « on », c’est la liberté ! La liberté d’être personne et tout le monde à la fois, de se ressembler pour mieux se rassembler. Ce n’est pas un hasard s’il est la star de nombreuses chansons populaires auxquelles plusieurs générations s’identifient : On ira tous au paradis (Michel Polnareff), On dirait le Sud (Nino Ferrer), On va s’aimer (Gilbert Montagné), On se retrouvera (Francis Lalanne), On s’attache (Christophe Maé), Alors on danse (Stromae)… Mais pour ceux que cette liberté d’accord ou de sens agace, ce petit pronom restera le trublion de nos conjugaisons. Que voulez-vous, « on » ne peut pas plaire à tout le monde… Découvrez nos solutions en orthographe et en expression. Lisez également nos dossiers Voltaire : améliorer sa grammaire ; améliorer sa conjugaison. Sandrine Campese Publié par Sandrine