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Fautes d’orthographe en entreprise : faisons le point

Faute d'orthographe en entreprise

Le sujet des fautes d’orthographe en entreprise fait couler beaucoup d’encre, réelle ou virtuelle. D’abord, parce que les employeurs s’inquiètent de plus en plus de la maîtrise du français – ou plutôt du manque de maîtrise… – par leurs collaborateurs et leurs candidats. Ensuite, parce que de nombreuses personnes souhaitant intégrer une entreprise ou obtenir une promotion en interne doivent faire face à leurs propres lacunes en matière d’expression et sont conscientes de la nécessité de progresser. Enfin, parce que les entreprises ne sont pas toujours bien armées pour faire face à la situation et offrir des solutions à leurs salariés.

Au-delà des points de vue parfois « clichés » et des idées reçues, quelle est la réalité constatée sur le terrain et quelles sont les solutions ?

Sommaire

Malaise dans les entreprises face à la mauvaise maîtrise du français

Partons d’un point qui ne fait pas débat : les entreprises sont nombreuses à afficher leur mécontentement concernant l’orthographe de leurs salariés. C’est le résultat d’une enquête Ipsos réalisée pour le Projet Voltaire et publiée en octobre 2021.

Selon ce sondage, 76 % des employeurs disent être quotidiennement en butte aux lacunes en expression écrite et/ou orale de leurs équipes.

Par ailleurs, ils sont 93 % à considérer que ces lacunes ont un impact important sur leur crédibilité vis-à-vis de l’externe, qu’il s’agisse des fournisseurs… ou des clients. Enfin, 92 % d’entre eux pensent que cela dégrade la réputation de l’entreprise.

La situation ne va pas en s’améliorant : en effet, même à l’ère de l’image, de l’intelligence artificielle et de la vidéo, on écrit de plus en plus dans le monde du travail. Selon une étude menée en 2010 par Frédéric Moatty et Françoise Rouard, l’écrit a tendance à s’intensifier dans les organisations, et près d’un tiers des salariés passeraient à présent au moins un quart de leur journée à écrire. Immanquablement, les fautes sont de plus en plus visibles.

En entreprise, des fautes d’orthographe à tous les niveaux

Et où les trouve-t-on, ces fautes ? La réponse est… un peu partout, et d’abord dans les CV et les lettres de motivation des candidats. C’est un frein à l’embauche selon Welcome to the jungle, qui cite une étude du cabinet de recrutement Robert Half® : « un tiers des recruteur·euse·s écartent directement une candidature à partir de deux fautes d’orthographe ».

Cela n’empêche pas de retrouver des fautes dans les diverses communications de l’entreprise. Elles sont présentes dans les courriels (y compris ceux que l’on adresse à des clients), dans les notes de synthèse… et jusque sur certaines publicités : en témoigne une campagne hasardeuse de l’Olympique Lyonnais en juin 2023. Les correcteurs d’orthographe ne permettent pas de se sortir de toutes les situations.

De manière générale, toujours selon le site Welcome to the jungle, l’orthographe des uns et des autres est désormais scrutée avec attention, en particulier si le poste nécessite des compétences rédactionnelles.

Une tendance confirmée par le sondage Ipsos évoqué plus haut : un grand nombre de recruteurs accordent désormais plus d’importance au français qu’à l’anglais.

Les employeurs ne sont pas exempts de tout reproche, loin de là. Selon une étude menée par l’agence d’intérim en ligne Qapa, 58 % des annonces d’emploi comporteraient au moins trois fautes. Il semblerait donc que les erreurs d’orthographe et d’expression se glissent partout et n’épargnent aucun niveau de l’entreprise.

Les fautes les plus communes

Quelles fautes fait-on le plus ?

Il est difficile, bien sûr, de faire des généralités sur ce point. Il semble cependant qu’on accorde ou qu’on conjugue mal, qu’on oublie l’invariabilité de certains mots, qu’on confonde certains homophones (« a » et « à », « hors » et « or », « est » et « et », etc.) et qu’on ponctue mal.

En 2022, le ministère de l’Éducation nationale a fait passer une dictée à des élèves de CM2. Les fautes les plus fréquentes portaient sur l’accord entre le sujet et le verbe, l’accord de l’adjectif, l’orthographe de certains mots (« peut-être », « aussitôt ») et celui l’adverbe « certainement ».

On peut raisonnablement penser que ce sont ces types de fautes qui, plus tard, réapparaissent dans la communication professionnelle.

Le coût des fautes d’orthographe

Si des incertitudes demeurent sur les causes, il est certain en revanche que les fautes d’orthographe ont un coût bien réel pour les structures concernées par le problème. Ce coût est difficile à chiffrer, mais dès lors que la réputation, la crédibilité et l’image de l’entreprise sont entachées, on risque de perdre des clients. De surcroît, des courriels remplis de fautes et mal rédigés peuvent conduire à une mauvaise compréhension des missions et affecter les performances financières de l’entreprise.

Qu’on le veuille ou non, les capacités d’expression écrite et orale constituent de véritables marqueurs sociaux.

Celui ou celle qui s’exprime mal peut passer, selon le cas, pour un « tire-au-flanc », une personne peu respectueuse de son interlocuteur, indigne de confiance ou peu regardante sur la rigueur exigée à certains postes. Qu’on le veuille ou non, on est jugé sur son orthographe.

Les solutions pour améliorer la maîtrise du français des employés

Reste qu’aucune situation n’est irrémédiable. Et peut-être faut-il commencer par se décharger de l’anxiété générée par l’orthographe. Bernard Cerquiglini, linguiste et professeur, évoque à cet égard la relation presque « religieuse » que nous entretenons avec notre langue. Il rappelle que ce qu’on appelle “erreur” en mathématiques devient très souvent une “faute” dès lors que l’on parle de maîtrise du français. Cette pression sociale vient de loin et affecte les individus au point de leur faire éprouver une culpabilité qu’ils n’éprouvent pas – ou beaucoup moins – quand il s’agit d’autres matières.

Welcome to the jungle suggère malicieusement aux employeurs de « lâcher du lest » sur le sujet, et met en avant le risque de passer à côté de talents à trop considérer les fautes dans un CV. C’est également la position du Projet Voltaire, qui a créé dans ce cadre l’outil Positionnement. Celui-ci permet de tester le niveau de français des candidats qui frappent à la porte de l’entreprise (ou des salariés qui souhaitent évoluer) en fonction des besoins des postes à pourvoir.

Je découvre l’outil Positionnement

De manière générale, les employeurs ont tout intérêt à affronter le problème de l’orthographe en interne.

Ne pas nier les difficultés

Ne surtout pas cacher la poussière sous le tapis et affronter la réalité : tel doit être le premier commandement du changement. Dans toute entreprise concernée, le premier réflexe doit consister à évoquer les difficultés rencontrées par les salariés – et parfois la direction – en matière de maîtrise de l’orthographe.

Cela ne signifie pas « mettre la pression » sur les collaborateurs, bien au contraire ! Souvenons-nous que les personnes qui font des fautes souffrent déjà de la situation. De surcroît, tout le monde – ou presque – fait des erreurs, et la langue française est d’une richesse telle que même les meilleurs trouvent très souvent le moyen de s’améliorer. Un accompagnement dans la douceur et la bienveillance constitue la seule solution. L’entreprise ne doit pas hésiter à sensibiliser sur le sujet et à affirmer que, quand on améliore son niveau en orthographe, tout le monde est gagnant. Former l’ensemble des collaborateurs a un effet déculpabilisant pour les personnes ayant un niveau bas.

Déployer des formations

De nombreuses formations existent pour améliorer son niveau en orthographe et en expression. Celles que proposent le Projet Voltaire ont l’avantage d’être basées sur la technologie de l’Ancrage Mémoriel®, qui permet de mémoriser durablement des informations et de conserver ses acquis. Les progrès sont visibles très rapidement : il suffit de 10 minutes d’entraînement par jour pour améliorer son niveau, là où les formations en présentiel mobilisant les salariés pendant des journées entières sont souvent peu efficaces.

Mais la meilleure des formations ne suffit pas si l’entreprise ne s’y implique pas. Il est indispensable que la direction suive de manière individualisée la formation et les progrès de chacun (ce que permet la solution du Projet Voltaire), et qu’elle propose des événements permettant d’entretenir la motivation générale : jeux et quiz sur la langue française, jeu d’évasion autour de l’orthographe

Je découvre les formations du Projet Voltaire pour les entreprises

Proposer une certification

Enfin, pourquoi ne pas proposer aux salariés une certification au terme de leur formation ? Encore une fois, tout le monde en sort gagnant : l’entreprise peut se targuer de travailler avec des personnes formées à l’orthographe et les salariés disposent d’une preuve de leur maîtrise de la langue française, qu’ils pourront au besoin utiliser dans la suite de leur carrière professionnelle pour valoriser leur CV ou pour obtenir une promotion en interne.

En conclusion, s’il est indéniable que nous faisons des fautes, et même parfois beaucoup (trop…), il est indéniable également que cela doit donner lieu à une dédramatisation et à une réelle prise en compte du problème par les entreprises. Des solutions existent, et tout le monde a intérêt à avancer dans le même sens : une bonne maîtrise du français favorise l’efficacité professionnelle, mais développe également la capacité de chacun à exercer ses droits et ses devoirs de citoyen.

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