Conjugaison : ces temps compliqués à utiliser…

Disons-le tout de suite : en matière de conjugaison, le présent de l’indicatif peut déjà poser quelques soucis. Par exemple, avez-vous la certitude absolue de savoir conjuguer correctement les verbes « coudre », « attendre », « craindre », « joindre »  ou encore « valoir » ?

Et l’on ne parle pas d’autres difficultés plus classiques… Il faut se souvenir, par exemple, que l’on écrit « je peux », « tu peux » avec un « x », et « il peut », cette fois, avec un « t ». Il ne faut pas oublier par ailleurs de mettre un « s » à la fin du verbe à la deuxième personne du singulier dans la plupart des cas : « Tu manges », « Tu pars », « Tu restes », « Tu finis. »

Qu’en est-il maintenant des autres temps qui peuvent nous poser problème ? Nous en avons répertorié un certain nombre présentant des difficultés pour diverses raisons. Passons-les en revue !

Le passé simple : pas si simple !

Oh ! le joli temps que voilà… Mais en dépit de son nom, il est parfois compliqué ! Le passé simple est le temps du récit par excellence. Par convention, on l’utilise très souvent pour écrire un roman, un conte ou une fable en le combinant à un autre temps, l’imparfait. En revanche, il est beaucoup moins utilisé à l’oral (on use plus volontiers du passé composé). Le passé simple exprime une action terminée dans le passé, cette action ayant le plus souvent été brève.

Exemple : « Tout à coup Jean Valjean remit sa casquette sur son front, puis marcha rapidement, le long du lit, sans regarder l’évêque […] » (Les Misérables, Victor Hugo)

Pour le former, il faut ajouter au radical du verbe les terminaisons suivantes :

  • pour le premier groupe : -ai, -as, -a, -âmes, -âtes, -èrent ;
  • pour le deuxième groupe : -is, -is, -it, -îmes, -îtes, -irent.

Avouons-le, ce n’est déjà pas simple : « Nous marchâmes… » et « Vous mangeâtes… » ne sont guère intuitifs ! De surcroît, les verbes peuvent se trouver modifiés : c’est le cas de « manger », précédemment cité, qui prend un « e » pour respecter la prononciation. Pour la même raison, « commencer » prend un « ç » : « Je commençai. »

Mais les choses se compliquent encore avec les verbes appartenant au troisième groupe, puisque ceux-ci sont irréguliers et que leur radical peut également évoluer. « Savoir » donne « Je sus », « Tenir » donne « Je tins », etc. Du côté des auxiliaires, il faut savoir que « être » donne « je fus » et que « avoir » donne « j’eus ».

Mais courage, après tout, vous n’aurez guère l’occasion d’écrire au passé simple. Notre meilleur conseil pour maîtriser ce temps : lire des romans. Encore une fois, nombre d’entre eux sont écrits avec ce temps (même si certains auteurs préfèrent désormais utiliser le présent de l’indicatif).

Le passé composé : gare à l’accord du participe passé

 A priori, pas de quoi s’inquiéter ! Le passé composé se forme avec l’auxiliaire « être » ou « avoir » au présent de l’indicatif auquel on ajoute le participe passé du verbe. Ce temps sert à exprimer une action terminée du passé… mais, contrairement au passé simple, cette action peut avoir un lien avec le présent (un résultat, une conséquence, etc.).

Exemples :

  • « Il est allé à la piscine ce matin. »
  • « Elle a joué avec son petit frère toute la journée. »

On emploie beaucoup le passé composé à l’oral. C’est aussi un temps employé dans les écrits professionnels (courriels, comptes rendus). Le choix de l’auxiliaire ne pose généralement pas de souci, en  tout cas pour une personne dont le français est la langue maternelle… même si certains verbes donnent matière à un peu de réflexion ! Par exemple, saviez-vous que l’on pouvait dire et écrire « j’ai descendu » (quand ce verbe est transitif) et « je suis descendu » (quand il est intransitif) ?

Les difficultés sont ailleurs : elles concernent l’accord du participe passé. Celui-ci, en effet, ne s’accorde pas dans tous les cas avec le sujet. Parfois, c’est le complément d’objet direct qui intervient. Sur ce point précis, nous vous renvoyons à cet article sur le participe passé qui reprend les choses par le menu.

Le plus-que-parfait : une action antérieure à une autre action dans le passé

  • Nom de Zeus, Marty ! Nous voyageons vers le passé !
  • Euh… Vous voulez dire qu’on va voir cette action dont on parlait au passé simple, Doc ?
  • Non, Marty ! Nous allons plus loin que ça !

Ainsi pourrait-on résumer la fonction du plus-que-parfait (même si nombre de grammairiens argueront avec raison que c’est un peu plus compliqué que cela).

Ce temps se forme avec l’auxiliaire « être » ou « avoir »  conjugué à l’imparfait, et avec le participe passé du verbe. Il sert à indiquer une action ayant eu lieu avant une autre déjà située dans le passé. Très souvent, le plus-que-parfait est associé au passé simple ou à l’imparfait. On le trouve souvent dans les récits, on l’utilise moins à l’oral.

 Exemple : « Un jour que l’empereur était venu faire visite à son oncle, le digne curé, qui attendait dans l’antichambre, se trouva sur le passage de sa majesté. » (Les Misérables, Victor Hugo)

 On peut noter dans cet exemple l’utilisation des trois temps mentionnés plus haut :

  • « était venu » : le plus-que-parfait indique la présence initiale de l’empereur ;
  • « attendait » : le curé s’est trouvé ensuite dans l’antichambre (une action dont on devine qu’elle dure un peu) ;
  • « se trouva » : l’action, cette fois, est brève. Elle est postérieure à la venue de l’empereur.

Outre cela, les difficultés du plus-que-parfait ne sont pas innombrables. En fait, elles sont très similaires à celles du passé composé, puisqu’il faut également prendre garde à l’accord du participe passé.

Le passé antérieur, le futur antérieur : vous avez dit bizarre ?

 Restons, si vous le voulez bien, dans la célèbre DeLorean du Doc et de Marty McFly…

Un nouveau saut dans le temps et hop ! nous voici au niveau du passé antérieur. Celui-ci se forme avec l’auxiliaire « être » ou « avoir » conjugué au passé simple (vu plus haut) et avec le participe passé du verbe. Comme le plus-que-parfait, il sert à exprimer une action antérieure à une autre action du passé. Cependant, on l’emploie plutôt dans les propositions subordonnées quand la proposition principale est, elle, au passé simple.

Exemple : « Après que j’eus pris ma douche, je m’habillai pour sortir. »

Remontons dans la DeLorean et filons cette fois vers le futur antérieur. Il se forme en associant l’auxiliaire « être » ou « avoir » conjugué au futur simple de l’indicatif et le participe passé du verbe. Il sert à désigner une action future qui aura lieu avant une autre.

Exemple : « Je serai rentrée quand il reviendra. »

Dans les deux cas, attention encore une fois au fameux accord du participe passé !

Le conditionnel présent et le futur simple : gare aux confusions…

Ces deux temps sont parfois confondus à certaines personnes… On trouve en effet souvent « je serais » à la place de « je serai » et vice versa. Ces deux temps ne s’emploient pas de la même façon.

Le conditionnel présent peut exprimer la politesse.

Exemple : « Pourriez-vous m’aider à porter ces cartons ? »

Il sert aussi à exprimer le doute, l’incertitude.

Exemple : « La réunion débuterait dans dix minutes. »

Le conditionnel présent permet d’exprimer le résultat d’une condition formulée à l’imparfait de l’indicatif.

Exemple : « S’il faisait beau ce matin, les enfants pourraient sortir. »

Le futur simple permet d’exprimer le résultat d’une condition formulée au présent de l’indicatif.

Exemple : « S’il fait beau ce matin, les enfants pourront sortir. »

La confusion vient probablement du fait que, pour former le conditionnel présent, on utilise la forme du verbe au futur simple, à laquelle on ajoute les terminaisons de l’imparfait (-ais, -ais, -ait, -ions, -iez, -aient).

 Exemple : on écrit « vous mangerez » au futur simple et « vous mangeriez » au conditionnel présent.

Vous voyez, ce n’est pas si compliqué. Pour la prochaine étape de notre voyage à travers les temps, nous pouvons sortir de la  DeLorean. Nous restons en effet au présent. Même s’il s’agit d’un présent incertain.

Le subjonctif présent : la marque de l’incertitude.

Quittons le mode indicatif. Le subjonctif marque l’incertitude, ou bien le souhait, l’envie, l’émotion. On le trouve généralement après la conjonction « que ».

Exemples : « J’aimerais que tu ailles avec lui. »

Le subjonctif se forme généralement avec le radical de la troisième personne du pluriel de l’indicatif auquel il faut ajouter les terminaisons -e, -es, -e, -ions, -iez, -ent.

Exemples :

  • « Je veux qu’il mange davantage. »
  • « Vous souhaitez qu’il finisse son travail. »
  • « Il faut qu’il prenne ses papiers d’identité. »
  • « J’aimerais que vous partiez à l’heure. »

Mais il existe des exceptions au troisième groupe. Et là… pas de miracle : si vous ne connaissez pas la conjugaison du verbe, il faut la vérifier.

  • « Il serait bon que vous fassiez le ménage. »
  • « Je crains qu’il ne veuille pas venir. »

Nous nous permettons au passage de vous indiquer une petite subtilité : on utilise le subjonctif après « avant que », mais l’indicatif après « après que ».

Quelques mots sur la concordance des temps

Reste à évoquer la fameuse concordance des temps. Il s’agit de la relation entre le temps utilisé dans la proposition principale et celui de la proposition subordonnée.

Distinguons deux cas.

La concordance des temps avec l’indicatif

Nous sommes donc à l’indicatif. Si le verbe de la proposition principale est au présent ou au futur, trois possibilités se présentent :

  • Le verbe de la subordonnée doit être au présent si l’action est simultanée : « Il sait que je m’en occupe. »
  • Le verbe doit être à l’imparfait ou au passé composé si l’action de la subordonnée est antérieure à celle de la principale : « Il sait que je m’en suis occupé. »
  • Le verbe doit être au futur simple si, au contraire, l’action de la subordonnée est postérieure : « Il sait que je m’en occuperai. »

Si le verbe de la proposition est à un temps du passé, tout doit être « décalé » en conséquence dans la subordonnée :

  • Le verbe de la subordonnée est à l’imparfait si les actions sont simultanées : « Il savait que je m’en occupais. »
  • Il est au plus-que-parfait si l’action de la subordonnée est antérieure à celle de la principale : « Il savait que je m’en étais occupé. »
  • Il est au conditionnel présent si, au contraire, l’action de la subordonnée est postérieure à celle de la principale : « Il savait que je m’en occuperais. »

La concordance des temps avec le subjonctif

Si la proposition principale est au présent ou au futur, deux cas se présentent.

  • Le verbe de la subordonnée doit être au présent du subjonctif si les actions sont simultanées ou si l’action de la subordonnée est postérieure à celle de la principale : « Il faut que je me rende au bureau d’urgence. »
  • Le verbe de la subordonnée doit être au subjonctif passé si l’action est antérieure à celle de la principale : « Je regrette qu’il ait échoué. »

Si la proposition principale est exprimée à un temps du passé, les choses se compliquent un peu… L’usage de la langue courante veut que l’on conserve le présent ou le passé du subjonctif.

Exemples :

  • « J’indiquai mes remarques afin qu’il fasse le nécessaire. »
  • « Je regrettais qu’il n’ait pas réussi. »

Mais la langue soutenue imposerait dans ces deux cas l’utilisation de l’imparfait du subjonctif et du plus-que-parfait du subjonctif ! On trouve d’ailleurs encore ces formes dans de nombreux romans.

  • « J’indiquai mes remarques afin qu’ils fissent le nécessaire. »
  • « Je regrettais qu’il n’eût pas réussi. »

C’est un peu plus difficile, n’est-ce pas ? Mais n’est-ce pas justement un peu dans la difficulté que réside la beauté de la langue de Molière ?

Psst : si vous voulez améliorer encore votre conjugaison et faire des exercices, nous vous recommandons la lecture de cet article.

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