Les élèves du collège Émilie du Châtelet s'entraînent avec le Projet Voltaire « La plateforme est un levier, nos élèves l'aiment beaucoup. » Alexandre Sanchez Professeur de français Collège Éducation Collège Émilie du Châtelet Comment utilisez-vous la solution avec vos élèves ? On l’a mise de façon différenciée selon les niveaux. C’est-à-dire que, par exemple, nos élèves de 4e et 3e sont plus autonomes. Donc pour eux, on leur fournit les codes, et après, ils ont plusieurs possibilités. Donc soit ils avancent à leur rythme chez eux, soit on a deux salles avec des ordinateurs et le CDI où ils peuvent venir dès qu’ils ont une heure de permanence. Et pendant ce temps-là, ils avancent sur le Projet Voltaire. Pour les élèves de 6e, on s’est rendu compte qu’ils n’avaient pas cette autonomie-là. Donc on a réuni les élèves qui avaient ce besoin-là, et dans un créneau de devoirs faits, on est en salle informatique et on fait uniquement du Projet Voltaire toutes les semaines. En même temps, ils peuvent aussi avancer chez eux, pendant une heure au CDI, etc. Mais on a ce créneau toutes les semaines qui permet vraiment d’assurer le suivi. Comment gardez-vous les élèves motivés ? Déjà, la plateforme en elle-même est un levier, puisque nos élèves, c’est quelque chose qu’ils aiment beaucoup. Ils aiment beaucoup travailler l’orthographe, c’est assez ludique. Et en même temps, c’est quelque chose qui leur permet vraiment de dédramatiser leur rapport à l’orthographe, et ça, pour nous, c’était très important. Et en fait, ils sont très demandeurs. On n’a pas assez de licences par rapport au nombre de demandes qu’on a. Ils sont demandeurs, le font vraiment. Après, on s’est dit qu’il fallait quand même pousser un petit peu plus loin les enjeux. Donc, on avait choisi de mettre en place ce qu’on a appelé la carotte et le bâton. Donc, pour le bâton, au début, on mettait en place des petites heures de colle pédagogique, avec l’accord des familles, bien sûr, pour ceux qui ne faisaient pas assez de Projet Voltaire. Mais finalement, au fur et à mesure, on s’est rendu compte qu’on n’avait pas besoin de ce levier-là et que la carotte était suffisante. La carotte, en fait, c’était quand ils ont un certain nombre d’heures, c’est-à-dire 10 heures de Projet Voltaire, ils ont fait 10 heures en autonomie, on leur met dans leur carnet de correspondance un « mérite et progrès ». Et ça, c’est quelque chose qui fonctionne très bien, même avec les 3e. Au bout d’un certain nombre d’heures, c’est-à-dire 20 heures, on a décidé de valoriser ça dans la moyenne. Pour les 4e et 3e, on est dans des moyennes de notes. Donc on leur met un 20 sur 20 avec un coefficient variable selon les enseignants. Mais on considère qu’investir 20 heures de son temps dans du travail orthographique, c’est quelque chose qu’on peut récompenser, et surtout qu’on voit vraiment les progrès. Et pour les 6e, on est sur de la notation en compétences. Donc on leur valide des compétences orthographiques quand il y a eu cet investissement. Comme ça s’adapte aux besoins de l’élève automatiquement grâce à l’algorithme, on peut voir quelles sont les compétences qui sont validées et lesquelles ne sont pas validées dans le bilan. Donc, c’est vrai que ça nous aide à ce niveau-là. On leur a fait un « mur des réussites », c’est-à-dire qu’en salle informatique, il y a une zone qu’on a délimitée sur le mur. Dès qu’ils ont l’impression d’avoir acquis une notion, sur un petit post-it, ils notent « je maîtrise cette règle » ou « j’ai réussi à faire ça », et ils collent le post-it sur le mur. Les post-it sont anonymisés, c’est-à-dire qu’ils ne mettent pas leur prénom dessus, mais le fait d’avoir collé ça et de voir que le mur se remplit au fur et à mesure, ça les motive réellement. On a un élève, la semaine dernière, il a réussi à différencier le verbe et le sujet. On peut avoir l’impression que ce n’est pas forcément grand-chose, mais pour lui, c’était quelque chose d’important, et il attendait vraiment de pouvoir coller son post-it. Ils y mettent une certaine valeur sentimentale. Qu’en pensent vos élèves ? Pour beaucoup d’élèves, il y a vraiment ce rapport qui dédramatise l’orthographe. Et ensuite, quand ils ont des exercices en classe, on a moins la peur de se tromper. Et ils vont davantage essayer, parce que sur la plateforme, on fait une erreur, ce n’est pas grave, on continue jusqu’à réussir. Et donc là, en fait, ils vont être vraiment acteurs dans les exercices. Notamment une élève qui, arrivée en sixième, avait 4 % de réussite. Le français n’était pas sa langue maternelle. Et en fait, au fur et à mesure, à force de s’accrocher, elle s’est vraiment investie dans la plateforme. Elle a fait en tout, en une année, plus de 39 heures de Projet Voltaire. Donc, c’est quand même une implication assez considérable. Et avec ces 39 heures-là, elle est passée à un niveau de maîtrise de 85 %. Et en fait, ça lui a permis de valider toutes ses compétences. Donc c’était en 6e. Cette année, elle est en 4e. En sixième, elle avait une maîtrise fragile dans presque toutes les disciplines, parce qu’on avait cet obstacle-là de la langue française. Et là, maintenant, elle est en tête de classe. Un autre élève qui s’est vraiment impliqué au niveau du temps dans la plateforme, il n’a pas obtenu de tels résultats, c’est-à-dire qu’il a atteint un niveau de maîtrise de 45 à 50 %, parce qu’il partait aussi de très loin, mais il était en situation presque de décrochage. En fait, il était au GPDS parce qu’il avait un absentéisme plus élevé. Pendant un temps, on l’a intégré en classe où il venait pour faire du Projet Voltaire, et après au fur et à mesure, finalement, il n’a pas obtenu 90 % de maîtrise orthographique, mais il est présent, il a 100 % de présence dans l’établissement dans ses cours. Donc ça a permis de le rattacher. Comment utilisez-vous le mode présentiel en classe ? Ça fonctionne très bien avec des ardoises ou des cahiers de brouillon, ils notent tous la réponse, et ça permet de réactiver les notions. Par exemple, si on a fait un travail, il y a à la fois les points d’orthographe, mais il y a aussi des points de grammaire. Ça permet de vérifier en début d’heure, pendant trois minutes, on lance le Projet Voltaire. Et en plus, comme c’est en lien avec les rapports d’apprentissage, on peut voir que les élèves du groupe sont plutôt à ce niveau, sur cette question orthographique-là, et on peut lancer cette question-là. Et donc, ça leur permet aussi de réactiver tout ce qu’ils ont fait, puisque la plateforme se base aussi sur les neurosciences. Et c’est vrai que nous, on a un Learning Lab, c’est quelque chose qui a été mis en place dans plusieurs collèges de l’Académie, et la référente en neurosciences, qui est une collègue de physique-chimie, fait des liens entre la méthode d’apprentissage du Projet Voltaire et la méthode avec laquelle eux devraient apprendre leurs leçons, avec les testings et compagnie. Que pensez-vous de l’accompagnement de votre conseiller pédagogique Projet Voltaire ? On a un suivi régulier par téléphone, par courriel, qui nous permet vraiment d’avoir toutes les informations pour bien mettre en place la plateforme. Et aussi, ce qui est bien, c’est qu’on peut faire des retours sur ce qui a fonctionné, ce qui a un peu moins fonctionné, et à chaque fois, on cherche des solutions. La plateforme évolue totalement, on va dire qu’il y a trois ans et maintenant, ça n’a plus rien à voir du tout, à chaque fois, il y a des nouveaux essais de fonctionnalités, etc. Et c’est vrai qu’on a l’impression qu’on est écoutés sur les retours qu’on fait. Notamment le nouveau déploiement nous a beaucoup aidés avec les groupes de niveaux, parce que c’est vrai que ça nous semble encore plus adapté à ce qu’on avait envisagé de mettre en place, et ça, c’était plutôt bien.