Noël, Léon et autres mélis-mélos de mots

N’avez-vous jamais remarqué qu’en partant de la droite vers la gauche, Noël donnait Léon ? Ce procédé, qui consiste à lire un mot ou une phrase à l’endroit comme à l’envers, en modifiant le sens, se nomme « anacyclique ». Voici quelques exemples d’anacycliques et de figures du même style : le palindrome et l’anagramme.

Outre Noël et Léon, anacycliques de saison, voici d’autres mots qui se lisent dans les deux sens :

zen et nez ;
bons et snob ;
trace et écart ;
mon et nom ;
saper et repas ;
ados et soda (Le titre de la série Soda, qui a fait connaître Kev Adams, est basé sur cet anacyclique) ;
épater et retapé.

En matière d’anacyclique, seul l’ordre des lettres est important. On ne tient pas compte des signes diacritiques (accents, trémas, cédilles), notamment dans le passage de Noël à Léon. La même règle s’applique aux palindromes et aux anagrammes.

Le palindrome

Si l’anacyclique a une signification différente selon le sens de lecture, son cousin le palindrome garde le même sens qu’on le lise de gauche à droite ou de droite à gauche.

Un art luxueux ultra-nu, telle pourrait être la définition du palindrome, laquelle constitue elle-même un palindrome !

Il existe des mots palindromes, comme radar, rotor, kayak, été, ici, tôt, ressasser, réifier… Parmi les noms propres, on peut citer Bob, Ève, Natan, Anna, Otto

Mais les palindromes les plus spectaculaires forment de véritables phrases, dont les auteurs sont parfois célèbres :

Ésope reste ici et se repose (Maître Capello) ;
La mariée ira mal, ou, dans le même esprit, À l’autel elle alla, elle le tua là ;
– L’âme sûre ruse mal ;
Élu par cette crapule (Marcel Duchamp) ;
À l’étape, épate-la.

Il arrive que des anacycliques servent à former des palindromes. Par exemple, Noël et Léon entrent dans la composition des phrases palindromes suivantes :

Noël a trop par rapport à Léon ;
Léon, émir cornu, d’un roc rime Noël.

De même, les anacycliques « mon » et « nom » deviennent un palindrome une fois réunis en « mon nom », par exemple, dans la phrase suivante : À révéler mon nom, mon nom relèvera.

L’anagramme

Par rapport à l’anacyclique et au palindrome, qui s’appuient sur une lecture linéaire, l’anagramme ouvre le champ des possibles car elle permet de mélanger les lettres à l’intérieur du mot !

Les anagrammes peuvent être des mots simples comme rage et gare, chien et niche. Ces mots peuvent avoir plus de deux déclinaisons. Ainsi, nacre, ancre, rance, carne et écran sont des anagrammes. Les anacycliques trace et écart ont pour anagramme carte.

De nombreux pseudonymes reposent sur des anagrammes. Parmi les plus connus :
Alcofribas Nasier (François Rabelais) ;
Voltaire (François-Marie Arouet) ;
Marguerite Yourcenar (Marguerite de Crayencour) ;
– Pauvre Lélian (Paul Verlaine).

De Pierre de Ronsard à Laurent Baffie, on s’est de tout temps amusé à inventer des anagrammes en prétendant révéler le sens caché du nom initial et produire un effet comique. Ainsi, André Breton a mis au jour l’anagramme de Salvador Dali : Avida Dollars.

Et vous, avez-vous déjà joué à créer votre propre anagramme ?

Amandine Cressep
(Sandrine Campese)

Crédit photo

Articles liés

Répondre à ilary Annuler la réponse

Laissez un commentaire
*


    *** BONSOIR *** Ilary, d’autreS quoi ? Anacycliques, palindromes et anagrammes ? Bien sûr, vous en trouverez facilement sur Internet :-). Bonne soirée.

Bonjour Sandrine et merci pour le rappel de ces quelques figures de style.

Personnellement j’aime beaucoup ce palindrome de Jérémie Elskens : « Tu l’as trop écrasé César ce Port-Salut. »

Au fait, anacyclique est-il le synonyme de boustrophédon (sachant que le premier n’est pas dans le Trésor de la langue française alors que le second si) ?
Jules Mac Bourzenq
(Jacques Rozenblum)

    Bonjour Jacques, merci pour ce palindrome que je ne connaissais pas. Le boustrophédon (il fallait l’inventer !) se distingue de l’anacyclique puisqu’il consiste à lire une ligne de gauche à droite, la suivante de droite à gauche, et ainsi de suite alternativement. Bon week-end :-).