L’origine de ces fameuses expressions : « À tire-larigot »

cloche egliseNombre de nos expressions trouvent leur origine dans l’argot des siècles passés. C’est le cas de cette étrange locution « à tire-larigot », qui s’écrit bien en deux mots, avec un tiret. Bien qu’elle soit souvent associée à l’action de boire, elle est aujourd’hui utilisée plus largement pour parler de grande quantité. Ainsi, on boit à tire-larigot comme les immeubles poussent à tire-larigot dans le quartier d’affaires parisien de La Défense.

Dans le français populaire du XVe siècle, « tirer » signifierait faire sortir un liquide pour le boire d’un coup sec. Voilà qui justifie l’association de cette expression avec la boisson. Mais que signifie « larigot » ? Il s’agit en fait d’une petite flûte, composante spécifique d’un orgue français. Dans le jargon populaire « flûter » signifie aussi boire. Mais l’origine et le pourquoi de l’association de « tire » et « larigot » ne sont pas très clairs.

Une version indique que cette expression vient de l’image du joueur de flûte assis, qui ressemble à une personne en train de boire. Une autre fait le lien entre le bruit fait par l’alcool tiré de son contenant et le son d’une flûte. Et d’après le Larousse du XXe siècle, cette expression fait référence à la cloche appelée « la Rigaud », présente dans la cathédrale de Rouen.

Cette cloche, très lourde à tirer, nécessiterait un gros effort physique, qui obligerait les sonneurs de cloches à boire beaucoup après avoir « tiré la cloche de la Rigaud ». Enfin, selon une origine paillarde, le larigot serait un refrain de chanson populaire qui invite les convives à lever leur verre.

Si le larigot est une flûte d’orgue, son utilisation déviée dans cette expression est bien moins noble, on le voit. L’imaginaire populaire l’a transformée en une référence de « pochards ». Mais d’ailleurs, d’où vient ce nom ?

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Dans un orgue ancien les registres sont appelés par l’instrumentiste en tirant une tige portant la référence de l’instrument choisi ( flûte, trompette, bourdon etc…).le larigot est un régistre trés aigu qu’en principe on n’utilise que dans le grand-jeu (tutti, ad libitum) Dans le langage populaire cela peut évoquer : la pleine puissance, la grande quantité . Ceci est une opinion qui peut être sujette à toute remise en question.

Bonjour
Passionné d’histoire lyonnaise , je vous donne la version officielle .
La famille Rigaud etait une grande famille bourgeoise a Lyon .
Le fils nommé par l’archevêque de Lyon , évêque de Rouen , remercia l’archevêché par le don
d’une cloche installée dans la cathédrale St Jean . Pour remercier les futurs tireurs de cette cloche , il acquit une parcelle de vigne dans le Beaujolais dont le produit était aux seuls benefices des tireurs , d’ou l’expression : boire à tire la rigaud .
Je pense logiquement qu’il fit don d’une cloche ( postérieurement ) a la cathédrale de Rouen dont il était l’évêque .

Bonjour
Pour apporter plus de précisions sur l’origine de cette expression qui je pense vient à l’origine de la Cathédrale de Rouen
Car tire la rigaut est en faite une des 10 cloches du plenum, et si l’on en croit les historiens, on donnait beaucoup à boire aux clochards (SDF) pour sonner la rigaut non de la cloche

L’explication de la cloche de Rouen me paraît la plus plausible. Mais ces mots qui sont presque de « l’argot  » (il ne manque qu’un i!) gardent un certain mystère qui fait le charme de notre belle langue française !

Boire a tire Larigot ( ou Larigaud )
Suivant Borel ,  » larigaude » est un vieux mot qui signifie  » gosier » , en sorte que  » boire à tire-larigaud  » veut dire , boire à plein gosier .
d’après Fleury de Bellingen , le larigot est une petite flûte d’ivoire , semblable à un siflet d’enfant , qui rend un son très haut , et parce que ceux qui en jouent soufflent de toutes leur force et tirent à perdre haleine , quand nous buvons à long traits et que nous levons le coude et haussons le menton avec le verre , comme ceux qui flûtent avec un larigot , pour boire j’usqu’a la dernière goutte , nous appelons cela  » boire à tire -larigot  »
Enfin , voici une troisième étymologie , Eudes Rigaud , archevêque de Rouen , ayant donné une grosse cloche à son église , cette cloche fut nommée  » la qrigaude » , et comme elle était fort fifficile à mettre en branle ,les sonneurs , après avoir eu beaucoup de peine , allaient boire d’autant .On dit même que l’archevêque avait lègué une somme d’argent spécialement destiné à cet usage ; de là le proverbe,  » boire à tire la Rigaude  »

Copie du Dictionnaire national ou dictionnaire universel de la langue Française par M.Bescherelle aïné
edition Garnier Frères de 1862

Bien à vous ,
Jacques FOUCHER

Avant de lire vos savantes contributions et explications sur l’origine de l’expression « tire-larigot » je pensais que « larigot » ou » l’arrigot » (orthographe? : je n’ai jamais vu ce mot écrit) était un cordage ou plus précisément une drisse (vocabulaire ancien de marine à voiles). Cette croyance me venait du refrain d’une chanson à hisser « la Margot » apprise phonétiquement :
Ho hisse et ho
tire l’arrigot (?)
hourra pour la Margot
Est ce qu’un savant linguiste à creusé cette piste ?

Dans le Refrain du Mistingo on retrouve l’expression ( un adverbe selon le Nouveau vocabulaire français de 1844) répétée plusieurs fois..
Ce Mistingo, très populaire en fin de banquet et dans ma famille, du côté paternel, camouflerait des allusions polissonnes aux dires d’un vieil ami, décodeur quasi #professionnel # du répertoire des chansons traditionnelles ( à boire,etc.)

    Avec la chanson de marin d’un autre contributeur, voilà la chanson de troupier !
    Le texte (dans lequel j’ai eu du mal à localiser une allusion polissonne) est du célèbre Bach qui a laissé à la postérité « La Madelon », « L’ami Bidasse » ou « La caissière du grand café ».
    Du tourlourou pur jus !

L’explication donnée pour « tirer » : « faire sortir un liquide pour le boire d’un coup sec » me paraît farfelue. Nul besoin de boire le vin d’un coup sec après l’avoir tiré, même si le proverbe dit : « quand le vin est tiré, il faut le boire ». Après avoir tiré le vin, on peut le mettre en bouteille et le conserver longtemps. « Tirer le vin d’une barrique » est une action bien connue des vignerons. A quand remonte l’expression ? du temps de Rabelais ou du père Noé ?

Quand à « Larigot », le petit dictionnaire Larousse – édition 1909 -, indique bien qu’il s’agit d’une sorte de flute ancienne.

Enfin, l’expression « boire à tire-larigot » n’est qu’un exemple. « A tire-larigot » se retrouve dans de nombreux autres exemples : jouer à tire-larigot, pianoter à tire-larigot, siffler à tire-larigot, danser à tire-larigot, …

Le TLF est bien documenté sur la question du larigot: il confirme la version « flûte » ou « flageolet », avec maints exemples des XVe et XVIe siècles (dont Rabelais).
On pourra noter le pontage culinaire avec le fameux « harigot » à la base du « haricot de mouton » ou même avec l' »aligot » forézien, voire son vin de Bourgogne aligoté.
Ce n’est pas la fin des harigolos, mais bienheureux qui saura se dépatouiller de ce mélange de légumineuses qui flageolent à tout expliquer!

    D’après mes recherches, le mot tire larigot se retrouve dans une chanson de Christine de Pisan. Or elle aurait vécu avant la construction de la tour de beurre edifiee par Eudes Rigaud. Donc ça ne collerait pas.