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« peu de choses » ou « peu de chose » ?

Souvent on écrit « c’est peu de choses » alors que ce « s » final ne se justifie pas.

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Quand « peu de chose » a simplement le sens de « peu », sans qu’il soit question de choses au sens propre, « chose » reste au singulier.

Si en revanche on peut remplacer cette expression par « plusieurs choses », il s’agit bien d’éléments qui peuvent se compter, et « choses » prend la marque du pluriel.

  • Je t’en prie, c’était peu de chose.
  • Peu de choses lui échappent !

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Bruno Dewaele - champion du monde d'orthographe Avis de l’expert – Bruno Dewaele, champion du monde d’orthographe, professeur agrégé de lettres modernes

En tout cas, c’est ainsi que… les choses devraient se passer dans le meilleur des mondes possibles que nous décrivait Pangloss ! Car un simple coup d’œil à la neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie a de quoi laisser tout chose : n’y découvre-t-on pas qu’avoir la tête près du bonnet, c’est « être prompt à la colère, se fâcher aisément pour peu de choses » ? Un authentique contresens ou je me trompe fort : si vous vous fâchez pour peu de choses, n’est-ce pas, au contraire, que vous êtes d’un calme à toute épreuve et qu’il en faut beaucoup pour que vous sortiez de vos gonds ?

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Exercices (cherchez les erreurs)

  1. Le climat du Mexique a peu de choses à voir avec celui de l’Islande.
  2. Ce sac est beau, mais pas pratique : on peut y mettre trop peu de choses.
  3. Même si c’est peu de choses, je tiens à apporter ma contribution financière.
  4. Il suffit parfois de peu de chose pour remédier à la mauvaise ambiance.
  5. Comment peux-tu penser que tu comptes pour peu de choses à mes yeux ?
  6. Il vient de partir à l’instant. À peu de choses près, vous vous croisiez.
  7. Dans ce magasin d’antiquités, j’ai trouvé peu de chose dans mes prix.
  8. Nous nous sommes qualifiés, mais cela s’est joué à très peu de chose.
  9. « On est bien peu de choses, et mon amie la rose me l’a dit ce matin. »
  10. Les fouilles ont révélé peu de choses sur la vie quotidienne de l’époque.
  11. Une chanson, c’est peu de chose, chantaient les Compagnons de la Chanson.
  12. Pour l’anniversaire de son fils, elle a cousu un costume avec peu de choses.
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Réponses

  1. Faux. Il faut écrire : Le climat du Mexique a peu de chose à voir avec celui de l’Islande.Ici, « peu de chose » peut être remplacé par « peu ». « Chose » reste donc au singulier.
  2. Phrase correcte.
  3. Faux. Il faut écrire : Même si c’est peu de chose, je tiens à apporter ma contribution financière. Il n’est pas question de choses au sens propre, l’expression reste au singulier : « peu de chose ».
  4. Phrase correcte.
  5. Faux. Il faut écrire : Comment peux-tu penser que tu comptes pour peu de chose à mes yeux ? Ici, « peu de chose » peut être remplacé par « peu ». « Chose » reste donc au singulier.
  6. Faux. Il faut écrire : Il vient de partir à l’instant. À peu de chose près, vous vous croisiez. Il n’est pas question de choses au sens propre, l’expression reste au singulier : « peu de chose ».
  7. Faux. Il faut écrire : Dans ce magasin d’antiquités, j’ai trouvé peu de choses dans mes prix. Ici, la locution pourrait être remplacée par « plusieurs choses ». « Chose » prend donc la marque du pluriel : « peu de choses ».
  8. Phrase correcte.
  9. Faux. Il faut écrire : « On est bien peu de chose, et mon amie la rose me l’a dit ce matin. » Il n’est pas question de choses au sens propre, l’expression reste au singulier : « peu de chose ».
  10. Phrase correcte.
  11. Phrase correcte.
  12. Phrase correcte.

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Auteurs Projet Voltaire :
Bruno Dewaele, champion du monde d’orthographe, professeur agrégé de lettres modernes
Marie-France Claereboutcorrectrice d’édition et formatrice
Pascal Hostachy, cofondateur du Projet Voltaire et du Certificat Voltaire
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Bonjour,
Je ne suis pas d’accord avec le fait que la phrase 11 (« Une chanson, c’est peu de choses ») soit indiquée comme correcte au pluriel. Je comprends cette phrase de cette façon : « Une chanson, ce n’est pas grand-chose » (donc « c’est peu de chose » au singulier), et non ainsi : « Une chanson, ce n’est pas beaucoup de choses », ce qui peut certes avoir du sens si l’on considère d’une façon caricaturale qu’on ne trouve dans une chanson que des mots et des accords de musique, c’est-à-dire « assez peu de choses », mais cette explication est quand même sacrément moins intuitive, et moins pertinente dans la mesure où une chanson peut être composée de « nombreuses choses » (paroles, instruments, chœurs, effets divers et j’en passe), donc infiniment complexe… et donc tout sauf « peu de choses ». Merci de votre retour.

    Bonjour Do, vous avez tout à fait raison, le titre de la chanson en question est « Une chanson, c’est peu de chose » (c’est-à-dire, « peu » tout court, et non pas « plusieurs choses »), que confirment d’ailleurs les paroles :
    « Une chanson, c’est peu de chose
    Mais quand ça se pose
    Au creux d’une oreille, ça reste là,
    Allez savoir pourquoi
    Ça n’est souvent qu’une rengaine
    Mais ça se promène sur les joies, les peines
    Allez savoir, allez donc savoir pourquoi. »
    La correction a été apportée. Bonne journée.

Soit pour « peu de ». Et avec « beaucoup de » ? Il me semble qu’on peut écrire par ex. : « [L’implicite] suggère beaucoup de chose […] » – chose au sing., oui ? non ? M’écrire si vous voulez bien. Merci.

Sur ce peu de chose, je reviens sur le commentaire de JP Véron, qui finalement, ne contredit pas B. Dewaele me semble-t-il… Car si « un peu suffit à me fâcher », n’est-ce pas qu’il y faut peu de chose, et non peu de choses… ?
Bien à vous,
Karine

Bonjour,
Doit-on écrire « se réduire à peu de chose » ou « se réduire à peu de choses » ?
J’ai essayé d’appliquer votre règle, mais ni « se réduire à peu » ni « se réduire à plusieurs choses » ne me paraissent convaincants…
Merci d’avance !

Bonjour,
Merci pour ce site excellent que je consulte régulièrement. Je venais sur cette page pour accorder mon verbe après peu. J’ai la réponse indirectement. Pourriez vous toutefois ajouter ce problème, avec exemples. Enfin, je vais oser suggérer une contradiction ou plutôt un éclaircissement à l’expert, en toute humilité (mais je vais dans le sens de l’académie donc je prends peu de risques) : si je me fâche pour peu de choses, peut être est ce que peu de choses me fâchent (votre interprétation) ou bien qu’un peu suffit à me facher (celle de ma mère quand elle parlait de mon caractère soupe au lait).
Ce qui expliquerai la question de Métallic : un rien t’énerve, ou rien ne t’énerve, plus précisément tu NE t’énerves pour rien. l’ambiguïté est levée par la bonne formulation ce qui n’est pas le cas de notre sujet
Merci.
Cordialement.
JP VERON

Phrase 8 : le match s’est joué à peu de chose.
J’aurais presque préféré le pluriel puisque un match gagné ou perdu est une conséquences de plusieurs actes : ces choses qui font perdre ou gagner 😉
Qu’en pensez-vous ?

    Bonjour Laetitia, « le match s’est joué à peu de chose » = « le match s’est joué à peu ».
    Vous ne pourriez pas dire : ce match s’est joué à plusieurs choses.
    Donc « peu de chose », avec « chose » au singulier :-).
    Bonne journée.

Bonjour,
Je pense que ce serait plus simple de dire que si on peut remplacer « choses » par « objets », alors le mot prend un S. Je pense que dans la phrase 10, on peut tout aussi bien écrire « peu de chose » même si le sens diffère.

    Bonjour, oui « objets » ou « éléments », « informations »… Dans la phrase 10, on peut dire « Les fouilles ont révélé peu d’éléments sur la vie quotidienne de l’époque ». C’est donc « choses », au pluriel, qui convient. Bon après-midi.

Bonne justification n’empêche…

Le S final ne se justifie pas… Hé bien si en fait, cela dépend des cas…

Si on désosse l’expression:

– On a « peu », qui veut dire qu’il y en a quelques (des choses) mais pas beaucoup. On a en donc plus d’une, donc pluriel.
– On a aussi « de » qui justifie pleinement l’utilisation du pluriel pour le mot complément.

=> C’est peu de choses.

Ça, c’est justifié.

Je viens de tomber sur une phrase dans la Bible: « Ne vous mettez en souci pour rien, mais en toute chose, exposez vos besoins à Dieu ».
Je suis étonné que l’on écrive pas « toutes choses ». Est-ce la même règle qui s’applique? Il ne s’agit pas vraiment de « choses ».
D’avance, merci.

    Bonsoir, « en toute chose » et « en toutes choses », les deux formes existent.
    Dans votre exemple, « en toute chose » permet d’insister sur chaque chose prise individuellement.
    À l’inverse, le pluriel insiste plutôt sur la quantité (une pluralité de choses).
    Bonne soirée.

Très bien vu le contre-sens de l’Académie ! Comme quoi la bonne orthographe, bien que parfois compliquée, apporte beaucoup de sens… Merci pour tout.