Doubles consonnes : d’où viennent-elles, à quoi servent-elles ? (suite)

Faut-il deux « z » à bizarre ? Slettresurtout pas ! En revanche, ils sont nécessaires dans le nom « blizzard », qui lui ne prend qu’un « r » et un « d » final. Comment écrire confetti et graffiti ? Ces deux noms d’origine italienne ont une orthographe bien capricieuse ! Qui prend deux « c » : oculaire ou occulte ? Pour tenter d’y voir plus clair, voici le deuxième volet de notre série sur les doubles consonnes.

accueil

Accueil ne s’est pas toujours écrit avec deux « c » ! Au XIIIe siècle, l’acueil désignait une assemblée, un lieu de réunion. Par la suite, il a pris le sens actuel que l’on retrouve dans l’expression « faire bon accueil », éliminant au passage la forme « accueillance » qui était alors en usage. Outre les deux « c », la faute courante porte sur la terminaison -ueil et (non -euil).

aggraver

Les deux « g » d’aggraver étaient déjà contenus dans le verbe latin aggravare, composé du préfixe ad- (devenu ag- devant un mot commençant par « g ») et de gravis, « lourd ». Ce dernier a donné l’adjectif grave et le nom gravité. Littéralement, aggraver, c’est rendre plus grave, plus difficile à supporter.

blizzard

Au sens strict, le nom blizzard désigne un vent glacial accompagné de tempêtes de neige. Le mot, emprunté tel quel à l’anglais américain, pourrait venir de l’allemand blitz (éclair). Sous l’influence de « blizzard » on est parfois tenté de mal orthographier l’adjectif bizarre, qui prend un seul « z », deux « r » et un « e » final.

colloque

Les deux « l » de colloque étaient déjà présents dans le verbe latin colloqui composé de cum (devenu col-) et de loqui (parler) qui a donné « loquace ». Plus récent, le nom coloc ou (coloc’) est l’apocope de « colocation », composé du préfixe co- et du nom location (du latin locare, « louer »). Il n’y a donc aucune raison d’écrire « colloc » avec deux « l » !

confetti

Le nom confetti est emprunté à l’italien confetti, pluriel de confetto signifiant « bonbon ». Passé en français, il s’est éloigné de son étymologie pour devenir une « mince rondelle de papier coloré qu’on lance par poignées lors de certaines festivités ». À l’inverse de confetti, on notera que graffiti prend deux « f » et un « t ».

libellule

Le nom libellule a été attesté en 1758, sous la forme scientifique libellula, puis par Cuvier en 1798 dans sa graphie actuelle. Le double « l » est hérité du latin libella, qui signifie « niveau », par allusion au vol plané horizontal de l’insecte.

occulte

Les deux « c » d’occulte étaient déjà présents dans la racine latine occultus (caché), formée à partir du préfixe ob-, devenu oc- devant le « c » du verbe celare, qui a donné « celer ». À ne pas confondre avec oculaire, qui ne prend qu’un « c » parce qu’il vient du latin oculus (œil).

 sabbatique

Les deux « b » de sabbatique étaient déjà présents dans l’hébreu sabbat (repos), qui a donné « shabbat ». De nos jours, en France, le nom désigne un congé non rémunéré dont bénéficient les salariés sous certaines conditions. L’année sabbatique ? Elle est généralement… sympathique !

Sandrine Campese

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Bonjour Sandrine,
Pourriez-vous nous faire une rubrique sur le comment éviter les mots anglais dans le Français.
Je pense au plus simple comme week end, parking, camping. Il y en a beaucoup d’autres que les médias emploi à tour de bras sans aucun respect pour notre langue. evitons l’Anglicisme irraisonné.
grand merci.

    Bonjour Christian, je suis bien d’accord avec vous, la plupart des anglicismes ont un équivalent en bon français (Exemples : deal = accord, forwarder = transférer, staff = équipe, pour ne citer que le jargon d’entreprise). Je note votre suggestion. Merci et à bientôt.

Notre accentuation est souvent d fectueuse, car elle a t introduite tardivement, et a t pr c d e par des proc d s empiriques parfois maintenus longtemps de mani re artificielle. Par exemple, le doublement de la consonne suivante pour marquer le

Bonjour,
Une intéressante question sur le site question-orthographe.fr vient de jeter un jour surprenant sur ces questions de doublements de consonnes. Pourquoi existe-t-il encore des mots d’une même famille avec des graphies incohérentes ?
Voici une remarque du lexicographe Clédat, en 1930, à propos de la contradiction entre donation et donner, honorer et honneur, sonore et sonner : « Il reste à consacrer dans l’écriture l’unité rétablie de ces familles de mots.»
Est-ce une bonne suggestion pour les rectifications orthographiques de 2040 ?

    Bonjour Chambaron, les graphies incohérentes sont bien souvent… des oublis ! Oublis qui font le sel des amateurs de dictées… mais tout le monde ne peut pas en dire autant. Vous connaissez ma position sur ce point : je suis pour la paix des « familles », à commencer par celle de « chariot/charriot » ! Bel été, amitiés.

Bonsoir,

Je pense qu’une petite erreur s’est glissée dans le paragraphe « blizzard » : l’adjectif « bizarre » prend un seul « z » mais bien deux « r » devant le « e » final…

J’en profite pour vous remercier pour toutes ces petites règles qu’il est toujours bon de (re)voir. J’aime beaucoup votre site !

    Bonjour Aurélie, en effet, « bizarre », contrairement à « blizzard », prend un seul « z », deux « r » et un « e » final ! Merci de votre vigilance et de votre fidélité. À bientôt :-).